Teofilo Folengo

Teofilo Folengo

Teofilo Folengo (ou Folengi) (Mantoue, 1491- Bassano 1544), fut un poète burlesque et un écrivain italien du XVIe siècle plus connu sous le nom de Merlin Coccaïe, Merlino Coccajo, nom qui veut dire tout simplement Merlinus Coquus, Merlin le cuisinier[1].

Sommaire

Biographie

Né dans un faubourg de Mantoue, d'une famille noble, Teofilo Folengo entra à 16 ans dans l'ordre des Bénédictins[2], quitta son couvent à vingt ans pour courir le monde avec une femme qu'il avait séduite, se fit arrêter par les autorités pontificales, resta en prison longtemps, et courut l'Italie en mendiant son pain, en récitant des vers et chantant des airs populaires.

Les biographes n'ont pas cherché cette vie bizarre là où elle est : dans le poème de Folengo qui, sous le nom de Baldus, y raconte ses aventures nomades, mais surtout dans un petit livre rare publié par son frère Jean Folengo, Traité de Morale et de Théologie, rédigé en dialogues, et qui montre les deux frères sous leur nom véritable, consolant leurs mutuels ennuis par la double confession, l'un de ses combats contre les passions, l'autre de ses erreurs amoureuses.

Réclamé par son frère le philosophe, Merlin Coccaïe entra dans le même couvent en 1526 et tâcha de suivre l'exemple de ce Caton, qui n'oubliait ni sermons ni lettres, ni livres imprimés, pour remettre l'enfant prodigue dans la voie du salut. Le moine défroqué avait trop souffert sur les grandes routes et dans les mains des sbires pour ne pas préférer l'ennui du couvent à la vie poétique des gueux. Mais le souvenir du passé lui plaisait encore par quelque côté, et, tout en professant de son repentir et de son retour à une vie plus honnête, il se consola de ce qu'il perdait en jetant les souvenirs de son expérience dans une épopée bouffone.

Il y mourut en 1544.

Style

Teofilo Folengo est le créateur du genre macaronique[2] : il publia à Venise en 1517, sous le pseudonyme de Merlino Coccaio, Baldus, un recueil de dix-sept livres de Macaronicae, où il mêle le latin, l'italien et le patois mantouan. Cette œuvre qui raconte les aventures du géant Fracasse et du fourbe Cingar, a probablement servi de source d'inspiration à François Rabelais.

On a aussi retenu de lui l'Orlandino ou l'Enfance de Uolani, et des poésies dévotes.

Il est paru à Paris en 1606 une Histoire macaronique de Merlin Coccaie, traduction de ses poésies burlesques.

Il ne l'écrivit pas même en latin, langue des savants, ni en italien, langue des cours, mais en latin de cuisine, mêlé de patois toscan, de gros mots populaires et d'élégances romaines, et qui a fait école.

Ainsi furent rédigées en argot, moitié allégoriquement, moitié sérieusement, les aventures du moine Folengo. Ce poème, aussi énorme que le Pantagruel, aussi confus et tout aussi gastronomique, s'appelle la Macaronée de Merlin Coccaïe, ou, si l'on veut, « plat de macaroni offert au public par le cuisinier Merlin. »

À la tête des premières éditions de cette œuvre grotesque, une estampe, dont l'allégorie est toute rabelaisienne, montre l'auteur couronné de lauriers, assis près d'une table du XVIe siècle, entre deux femmes complaisantes, Tognina, qui lui verse à boire, et Zanitonella, armée d'une fourchette à deux pointes, au bout de laquelle est suspendu le délicieux macaroni. Merlin Coccaïe ouvre une bouche énorme pour recevoir cette manne céleste, et sa main avide s'étend vers la table pour y chercher le plat qui la contient. Le sens du grossier et triple symbole est facile à déchiffrer. Ce plat de macaroni de Merlin manque d'invention et de poésie, mais on y trouve une fluidité de veine qui ne tarit pas, une facétie inexorablement bouffone, un gros rire sans bornes, en un mot toutes les colossales fantaisies de Rabelais, ébauchées légèrement, mais reconnaissables et jaillissant d'un pinceau vif et hardi. Il ne leur manque que le sérieux et le but. Cette raillerie perpétuelle sans philosophie et sans fond, ces éclats de rire presque idiots sur les choses, les hommes et les temps, ces descriptions sans fin des rues, des routes, des villes, des marchés d'Italie, des cardinaux eux-mêmes et de leurs consistoires, sont évidemment les prototypes de l'œuvre rabelaisienne.

Le procédé de Folengo est souvent celui de Rabelais : l'énumération devenue comique par son exagération même. Le catalogue des objets vendus au marché occupe cent vers macaroniques :

Stringas, cordones, bursellos, cingula, guantos,
Taschellas, scufias, scufiottos, cultra, guainas,
Carneros, fibias, calamos, calamaria, cordas,
Pectina, specchiettos, zamporguas atque sonaios, etc.[3].

Merlin Coccaïe a donné à Rabelais l'exemple de cette érudition encyclopédique, qui accumule, au sein d'un roman fantastique, les détails les plus curieux sur l'état des sciences et des arts au XVIe siècle. Ainsi les historiens de la musique trouveraient dans la « vingtième assiette de macaroni » des particularités très importantes sur la musique italienne du XVIe siècle, sur Josquin, sur ses rivaux, sur la chapelle Sixtine :

Vosque Leoninae cantorum squadra capellae !
O Josquine, Deo gratissime, nascère mundo, etc.[4].

Mais notre moine italien a grand soin de s'arrêter au point juste où la philosophie commence. Il ne se permet que la facétie. C'est l'ivresse du parasite et son babil innocent. Toutes ses macaroniques folies, réhabilitation de la gourmandise et de l'ivresse, ne portent pas coup, ne vont pas loin, et n'exposent le moine à aucun danger.

Œuvre

  • Opus macaronicum (les macaronées), publiées en 1520

Note

Rabelais va s'inspirer de sa vie dans le quart livre, pour les personnages de Panurge et Dindenault le marchand de moutons et la scène de la tempête.

Sources

Notes et références

  1. Dictionnaire français illustré de Larive et Fleury, Larive & Fleury 1888-1889
  2. a et b Revue des Deux Mondes, tome 29, 1842
  3. Macaron, V.
  4. Ed. 1521, p. 196.

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