- Tagma
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Les Tagmata (pluriel de Tagma, qui signifie « régiment » en grec) sont des unités constituant l'armée permanente de l'Empire byzantin (par opposition aux thèmes, unités populaires et territoriales, mobilisables pour la défense des provinces) à partir du milieu du VIIIe siècle. Il semblerait qu'ils aient étés crées par Constantin V, qui souhaitait disposer d'une armée professionnelle (notamment pour mener des raids et offensives par delà les frontières de l'Empire, ce que les thèmes ne pouvaient pas faire) et fidèle (les stratèges dirigeant les thèmes les plus proches de Constantinople ayant tenté à plusieurs reprises de prendre la ville pour se faire couronner Empereur).
Sommaire
Recrutement
Le recrutement s'opère sur la base du volontariat ; toutefois, la rémunération est bien meilleure que celle des thèmes, et les candidats affluent. Les origines sociales des soldats des Tagmata sont variées, allant du fils de paysan au fils d'aristocrate. Cependant, ni les esclaves, ni les condamnés, ni les ecclésiastiques ne peuvent postuler. L'âge minimum est de 18 ans, et l'âge maximum de 42 ans (ce qui signifie un service de 24 ans pour ceux qui s'engage tôt et survivent à tous leurs combats).
Il est à noter la présence d'un nombre croissant de Tagmata composés de mercenaires étrangers, principalement francs ou turcs, à partir du Xe siècle. Dans ce cas, tout le Tagma est composé de la même ethnie, et le chef du Tagma appartient au même peuple.
Organisation
Les tagmata descendent des régiments assurant la garde palatine et urbaine de Constantinople : scholes palatines de Constantin Ier, garde urbaine de la veille... On considère d'ordinaire qu'il y avait quatre tagmata "historique" auxquels s'ajoutaient des régiments créés par les empereurs au gré des circonstances. Ces quatre corps étaient, par ordre d'ancienneté et de prestige, les scholes, les excubites, la veille ou arithmos et enfin les hicanates. Ils étaient commandés par un officier général portant à l'origine le titre de comte, puis de domestique, voire de drongaire pour la veille, les comtes n'étant plus que des officiers moyens à la tête des bandes, division du tagma regroupant deux centuries ou kentarchia.
En raison de son rôle fondamental dans de nombreuses usurpations et de l'usage croissant des corps palatins pour assurer des missions offensives auxquels les themata étaient inaptes, le domestique des scholes devint peu à peu le plus haut commandant militaire de l'empire après l'empereur lui-même.
Pour des raisons mal expliquées, ces tagamata historiques disparaissent des sources au tournant de l'an mil. Le chef de l'armée byzantine perd ainsi son titre de domestikos tōn scholōn au profit de celui de megas domestikos, grand domestique. Ils sont remplacés par des tagmata nouveaux, à l'existence parfois éphémère, comme les Satrapoi, les Stratēlatai, ou encore les Athanatoi, les immortels, créés par Jean Tzimiskès. On voit également une tendance croissante à recruter des tagmata à l'étranger, comme les Maniakalatai de l'Arménien Georges Maniakès ou encore la ou la fameuse Garde varangienne. Ce sont en fait de simples divisions d'une armée devenue entièrement professionnelle. De fait, avec les Comnènes, le terme tagma ne désigne plus qu'un régiment, sans aucune référence à la division orginelle tagma/thema.
Effectifs
Les effectifs précis des Tagmata ne sont pas connus avec certitude, mais les estimations les plus probables avancent l'idée d'unités composés de 30 Banda (sous division du Tagma ) de 50 hommes, soit 1500 hommes au total pour chaque Tagma.
Il semblerait toutefois que ce nombre soit légèrement plus faible pour les Tagmata de mercenaires, et ce pour des raisons politiques. La taille d'un Tagma de mercenaire étranger varierait entre 500 et 1000 hommes.
La Garde Varègue constitue une exception notable, puisque ses effectifs varient selon la période entre 4000 et 6000 hommes.
Rémunération
La solde des soldats des Tagmata est à l'origine versée en numéraire (c'est-à-dire en monnaie), mais à partir du XIIe siècle, la pratique de la pronoia (cession par l'État byzantin d'une terre en l'échange du service militaire) s'impose de plus en plus, sans toutefois remplacer totalement l'ancien mode de paiement.
Il n'est par ailleurs pas rare que ces soldats soient autorisés, après une conquête, à se partager une partie du butin, voire plus exceptionnellement à prendre pour esclaves personnels certains des combattants ennemis faits prisonniers. Cette pratique reste d'ordinaire rare en raison du peu d'actions offensives menées par l'Empire, mais elle atteint cependant une telle amplitude avec les conquêtes du Xe siècle que le prix des esclaves sur le marché de Constantinople diminue considérablement !
Une dernière forme de rémunération, symbolique celle là, concerne les officiers, qui peuvent recevoir des dignités des mains de l'Empereur ; ainsi, les stratèges victorieux sont parfois nommés patrices ou magistres.
La place des Tagmata dans la société byzantine
La position des soldats servant dans les Tagmata est enviée : ils sont biens payés, et surtout, ils sont au contact permanent de l'Empereur, qui cherche à les fidéliser en les couvrant d'honneur. De plus, avec la déliquescence des thèmes à partir du début du XIe siècle, les Tagmata sont vus par la population byzantine comme les seuls défenseurs de l'Empire, ce qui renforce encore leur popularité. Par ailleurs, leurs armes sont payés par l'État byzantin, à l'inverse des soldats servant dans les thèmes. L'accessibilité de ce corps est donc réelle, y compris pour la paysannerie la plus pauvre.
Le seul "inconvénient" de ce corps réside dans son usage stratégique : corps offensif aux ordres de l'Empereur, ses soldats ont bien plus souvent à combattre que ceux des thèmes ; il en résulte une mortalité plus importante.
Malgré cela, les Tagmata apparaissent dès leur création comme un moyen efficace d'ascension sociale.
Voir aussi
Bibliographie
Tous les ouvrages de Jean-Claude Cheynet.
Liens internes
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