Ta'abbata Charrane

Ta'abbata Charrane

Ta’abat̩t̩a Šarran

Ta’abat̩t̩a Šarran (en arabe : تأبط شرًّا) est le surnom d’un poète-brigand arabe légendaire qui aurait vécu dans l’antéislam. Son vrai nom serait T̠ābit b. Ǧābir b. Sufyān ou T̠ābit b. ʿAmsal[1].


Sommaire

Origine du surnom

Plusieurs explications de l'origine de ce surnom ("il a pris le mal sous son bras") sont avancées, notamment dans le Livre des chansons d'Abū al-Faraǧ al-Is̩fahānī. Selon l'une d'elles, ce mal qu'il porte sous le bras serait son épée. Selon une autre, il aurait combattu une goule et l'aurait décapitée puis serait parti avec sa tête sous le bras.


Autres anecdotes légendaires

Epoque probable de mise en circulation

D'autres anecdotes fabuleuses sont relatées au sujet de Ta’abat̩t̩a šarran. Il aurait couru tellement vite qu'il pouvait lancer à pied des attaques contre les caravanes.

Ces anecdotes semblent avoir commencé à circuler au VIIIème ap. J.-C.[2] Plusieurs compilateurs, tels Muh̩ammad b. H̩abīb et ʿAbd al-Qādir al-Baġdādī, font état d'histoires extraordinaires concernant le poète, qu'ils se refusent à rapporter.

Sa mort d'après la légende

D'après la légende, Ta’abat̩t̩a Šarran est l'un des rares poètes-brigands arabes qui n'ait pas été rejeté par sa tribu. Les raids qu'il menait visaient principalement les tribus de Baǧīla, Hud̠ayl et Azd. Les Hud̠ayl revendiquent d'ailleurs son assassinat[3]. Il serait mort le coeur percé de flèches par un enfant de cette tribu. Son corps aurait ensuite été jeté dans la caverne d’al-Rah̠mān[4].

Œuvre poétique

Deux chaînes de savants ont transmis la poésie attribuée à Ta’abat̩t̩a Šarran[5] :

  • La première part d’Abū ʿAmr al-Šaybānī, puis Ibn H̩abīb pour arriver à al-Sukkarī.
  • Le seconde part d’al-Mufad̩d̩al al-D̩abbī[6] pour abrriver à Ibn al-Aʿrābī.

Cette poésie est composée de 238 vers répartis en 32 fragments, marqués par les caractéristiques habituelles de la poésie des poètes-brigands : individualisme, faible emploi du pronom de première personne du pluriel et de références au clan et à la tribu[7] .

Sa qas̩īda la plus célèbre Yā ʿīdu (يا عِيدُ) (rime en qāf) ouvre l'anthologie rassemblée par le philologue al-Mufad̩d̩al al-D̩abbī, al-Mufad̩d̩aliyyāt.

Un autre poème Ta’abat̩t̩a Šarran, rimant en lām, a été traduit en allemand et mise en vers par Goethe en 1819[8], à partir de la traduction latine de Freytag.

Notes et références

  1. al-Šiʿr wa-l-šuʿarā’’, p. 61
  2. Albert Arazi, Ta’abat̩t̩a Sharran, EI2
  3. al-Šiʿr wa-l-šuʿarā’, p. 61
  4. Muh̩ammad b. H̩abīb, Asmā’ al-muġtālīn fi-l-ǧāhiliyya wa-l-islām p. 215
  5. Albert Arazi, Ta’abat̩t̩a Sharran, EI2
  6. Le célèbre recueil d'al-Mufad̩d̩al al, les Mufad̩d̩aliyyāt, commence d'ailleurs par un poème de Ta’abat̩t̩a Šarran.
  7. Albert Arazi, Ta’abat̩t̩a Sharran, EI2
  8. Goethes Werke, ii, Gedichte und Epen, Hamburg 1952, 130-3


Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • ʿAbd Allāh b. Muslim b. Qutayba, al-Šiʿr wa-l-šuʿarā’, édition en ligne alwaraq.net (inscription obligatoire gratuite)
  • Albert Arazi, Ta’abat̩t̩a Sharran in Encyclopaedia of Islam CD-Rom Edition, 2004, Brill, Leyde
  • Muh̩ammad b. H̩abīb, Asmā’ al-muġtālīn fi-l-ǧāhiliyya wa-l-islām in Nawādir al-Mah̠t̩ūt̩āt, vi, Le Caire, 1973, p. 215-7
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