Système éducatif au Japon

Système éducatif au Japon
Salle de classe d'un collège japonais

Le système éducatif au Japon est caractérisé par une sélection importante des élèves avec des concours et la cohabitation de systèmes publics et privés. Il est géré par le Ministère japonais de l'Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie, tout en ayant une organisation très décentralisée puisque les collectivités locales assurent la gestion matérielle, humaine (effectifs, inscriptions, services aux élèves et aux professeurs) et pédagogique (inspection, application des programmes) des établissements, les préfectures s'occupant plus particulièrement des lycées publics, des écoles spécialisées et des établissements privés, et les communes de l'enseignement primaire (maternelles et élémentaires) et secondaire de premier cycle (les collèges) public.

Sommaire

Histoire

Le système éducatif au Japon contemporain fut créé ex nihilo dès le début de l'ère Meiji en s'inspirant du modèle anglo-saxon. Dès cette époque, il est déconnecté des instances aristocratiques et religieuses pour être considéré comme un instrument au service de l'État ; le nouveau régime a en effet besoin à la fois de main-d'œuvre qualifiée, d'un vaste corps de techniciens et d'une élite dirigeante issue des universités impériales.

« En moins de deux générations, l'ancienne stratification sociale fondée sur l'hérédité des statuts individuels, fit place à une stratification largement commandée par le niveau d'éducation. Mais entre éducation et endoctrinement, la frontière est souvent ténue, nous pouvons le constater également pour ce qui est de l'histoire du système éducatif français (patriotisme, révisionnisme). Au lieu d'apprendre à penser, l'école indiquait aux jeunes ce qu'il fallait penser. Elle formait des sujets dociles acquis à l'orthodoxie officielle. L'effort machinal de mémorisation nécessaire pour maîtriser le système d'écriture, contribuait en outre à développer la passivité d'esprit. Le Japon a le triste privilège d'avoir été le premier pays au monde à utiliser les techniques totalitaires de conditionnement mental et à transformer l'école en instrument du Pouvoir. »

— Edwin O. Reischauer, Histoire du Japon et des Japonais, tome 1, Editions du Seuil, Collection Points Histoire, 1973, 251 p. (ISBN 978-2-02-000675-0)

De 2003 à 2007, selon l'OCDE, le Japon a été chaque année l'un des deux pays parmi ses membres qui ont le moins investi dans l'éducation par rapport à son PIB[1].

Études primaires et secondaires

Écolières japonaises

L'âge de l'élève, déterminant l'année de début de scolarisation, est déterminé par rapport à la date du 1er avril. Il est à noter cependant, que l'année scolaire, contrairement aux systèmes occidentaux, est alignée sur l'année calendrier, et est donc interrompue par les vacances d'été. Les élèves suivent successivement trois cours: l'école primaire (小学校, shōgakkō?) qui dure six ans (élèves de 6 à 11 ans), le collège (中学校, chūgakkō?) qui dure trois ans (12-15 ans) et le lycée (高校, kōkō?) qui dure également trois ans (16-18 ans). Presque toutes les écoles publiques sont mixtes. Le port de l'uniforme est encore obligatoire dans une bonne partie des lycées et dans certaines écoles, mais cette pratique tend à diminuer, surtout dans les établissements publics.

L'année scolaire comprend 210 jours d'éducation, auxquels nombre d'écoles ajoutent une trentaine de jours d'activité sportive, de festival ou d'éducation hors cursus (voyage scolaire). Il y a cinq jours et demi de classe par semaine.

Il n'y a pas d'orientation avant l'entrée en université.

Le système universitaire étant très élitiste, les écoliers travaillent dur depuis l'école maternelle jusqu'à l'entrée en université. Beaucoup d'écoles maternelles recrutent même sur concours, les questions étant bien sûr adaptées à l'âge des enfants (concernant les formes, les couleurs et des connaissances simples sur la nature). De plus, les cours du soir (, juku?) sont presque une règle pour les lycéens.

Le lycée se termine non pas par un examen mais par le test du Centre national des admissions à l'université (大学入学者選抜大学入試センター試験, Daigaku Nyūgakusha Senbatsu Daigaku Nyūshi Sentā Shiken?), ou plus communément appelé Test Sentā (センター試験, Sentā Shiken?) ou tout simplement Sentā (センター?), un concours national géré par une institution administrative indépendante rattachée au ministère de l'Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie et qui sert de base aux universités, publiques ou privées, pour le recrutement de leurs étudiants. Une année est découpée en trois parties, en accord avec les saisons. De durées variables à travers le Japon, la décomposition classique est à peu près : du 1er avril à mi-juillet, de début septembre à fin décembre et de début janvier à début mars.

Les écoliers japonais choisissent de faire les concours de tel ou tel lycée ou université selon leur souhait et leur niveau. Juste avant l'entrée en université, c’est-à-dire lors des 11e et 12e années d'étude (tranche d'âge : 16-18), les lycéens de filière générale choisissent d'orienter leur cursus vers les sciences humaines (littérature, histoire) ou les sciences (physique, mathématiques).

A Tōkyō, une directive d'octobre 2003 oblige les enseignants et leurs élèves à chanter le Kimigayo (hymne national) debout face au drapeau (Hinomaru).

Par ailleurs le système de notation au Japon est surtout axé sur les questionnaires à choix multiples (QCM) et beaucoup moins sur les contrôles.

Le port de l'uniforme est obligatoire dans la plupart des établissements secondaires, et parfois dans les écoles primaires : gakuran pour les garçons, sailor fuku pour les filles. Les établissements prévoient également des tenues spécifiques pour les activités sportives : tee-shirt blanc et short de couleur sombre en été (appelé bloomer pour les filles), survêtement en hiver. Certaines jeunes japonaises ajoutent des loose socks (sortes de grandes chaussettes très larges et longues, souvent blanches) à leur uniforme. Les accessoires peuvent également être uniformisés : c'est le cas du randoseru, un sac à dos utilisé par la plupart des écoliers.

Études supérieures

Université Keiō

Il y a deux types d'écoles d'enseignement supérieur : les écoles spécialisées (専門学校, senmongakkō?) et les universités (大学, daigaku?). Tandis que les écoles spécialisées fournissent une formation efficace en deux ans, les universités ont une vocation plus généraliste, et le premier diplôme ne s'obtient qu'au bout de quatre ans. La grande majorité des étudiants choisissent l'université. Pour presque tous les étudiants, il est nécessaire de passer un an, voire deux, en classe préparatoire privée avant de réussir le concours d'entrée en université. Cependant, ce n'est pas obligatoire, et certains étudiants parviennent à entrer en université dès la sortie du lycée.

Il est souvent dit des universités japonaises qu'il est difficile d'y entrer, mais facile d'en sortir diplômé. Après avoir réussi le concours, le rythme est nettement moins soutenu qu'au lycée ou qu'en classe préparatoire. La recherche d'emploi en fin d'études se fait traditionnellement de façon groupée.

Il existe trois niveaux à l'université :

  • la licence (学士, gakushi, en quatre ans?) ;
  • le master (修士, shūshi?, anciennement maîtrise, en deux ans) ;
  • le doctorat (博士, hakase/hakushi, en trois ans?).

Il existe trois types d'universités : les universités nationales (国立, kokuritsu?), les universités privées (私立, shiritsu?) et les universités publiques (公立, kōritsu?).

Les universités nationales

Ce sont généralement les universités les plus prestigieuses. À un haut niveau, l'accent y est mis sur les connaissances fondamentales. Les plus célèbres sont :

Les universités privées

Ce sont les plus nombreuses, et il en existe de tous les niveaux. Cependant, les plus prestigieuses rivalisent avec les plus grandes universités nationales. La majorité des politiciens japonais sont issus des plus grandes universités privées[réf. souhaitée], au rang desquelles :

Les universités publiques

Bien que les universités nationales soient publiques, lorsqu'on parle d'universités publiques elles sont généralement exclues. Elles ont une réputation supérieure à la moyenne des universités privées. Il s'agit d'universités gérées par une instance locale. Deux d'entre elles sont :

  • l'université métropolitaine de Tōkyō (東京都立大学, Tōkyō Toritsu Daigaku?) ou simplement Toritsu, célèbre en particulier pour sa faculté d'architecture ;
  • l'université de la ville de Yokohama (横浜市立大学, Yokohama Shiritsu Daigaku?), référence nationale en matière de médecine.

Élitisme

Comme exprimé précédemment, le système japonais est plutôt élitiste. Il faut toujours tenter d'aller dans la meilleure école, pour avoir le maximum de chances d'entrer dans le meilleur collège, puis lycée, puis université et entrer dans la meilleure société. Cela a deux conséquences principales.

La première est la prolifération des cours du soir, qui ont la double fonction de tenter d'augmenter le niveau scolaire et de rassurer les parents sur le fait qu'ils font ce qu'il faut pour leurs enfants. Ces classes sont très répandues dans les grandes villes.

La seconde est d'ordre financier. Les parents doivent en effet choisir une école pour leurs enfants. Ils vont généralement viser deux ou trois écoles, une qu'ils souhaiteraient obtenir mais pour laquelle l'enfant n'est pas sûr d'obtenir le concours, une de niveau plus faible et finalement, optionnellement, une faible. Mais nombre d'écoles moyennes voyant tous leurs meilleurs éléments potentiels partir avant la rentrée car ayant réussi à intégrer une école plus prestigieuse ont adopté un principe simple : elles choisissent des dates de confirmation d'inscription situées avant la publication des résultats des écoles prestigieuses. Ainsi, les parents sont obligés d'inscrire leurs enfants dans cette école, même s'ils espèrent ne pas avoir à les y envoyer. Si l'enfant réussit à intégrer mieux, il pourra se désinscrire de cette école, mais tout ou partie des frais engagés (assez élevés) resteront acquis par cette école, qui bénéficie donc de moyens substantiels comparativement à ses effectifs. Cela représente un sacrifice financier important pour les familles qui, tous les trois, quatre ans, doivent donc payer deux années scolaires pour assurer le meilleur avenir possible à leur enfant.

Il a été relevé l'omniprésence donnée au sens de la hiérarchie. À partir du collège chacun étant défini comme senpai (aîné) ou kohai (cadet) qui doit respect et déférence à son ancien[2], tout comme le fait que l'étudiant japonais apprendrait moins à questionner le monde qui l'entoure qu'à obéir, même si un règlement parait stupide, et à se fondre dans une communauté plus large[2].

Dérives

Le système éducatif japonais a été dénoncé pour ses dérives comme l'épuisement des étudiants japonais, aboutissant au pire des cas au gakurekibyō ou au hikikomori[2]. Certains cas d'inceste mère-fils, provenant des kyoiku mama (mère éducatrices au foyer), ont été signalés, celles-ci visaient à décharger les garçons de leur pulsions sexuelles distrayant leur scolarité. Plusieurs feuilletons et un film ont même été réalisés sur la base de ces témoignages[2]. Il a été relevé que les écoliers japonais apprennent moins à penser qu'à mémoriser, ce qui constituerait une explication de leur bon résultats en mathématiques[2]. Il a été relevé que si le système éducatif japonais a su remplir sa tâche au cours du siècle précédent, permettant l'émergence d'une société industrielle dotée d'une force de travail technique conséquente, il ne serait pas des mieux préparés pour un ère de l'information où la créativité serait la composante principale recherchée, au détriment d'un modèle basé sur le concept de l'otarie savante[2].

En 2009, 138 enseignants ont été mis en cause par leur administration pour avoir eu des contacts sexuels avec des mineurs, contre 97 en 1999[3]. Dans 40 % des cas, les mineurs concernés étaient des élèves de l'école où travaille l'enseignant[3]. Il s'agissait de relations sexuelles dans 21 % des cas, et d'attouchements dans 36 %, consentis ou non[3].

Notes et références

  1. Benjamin Gauducheau, « Le Japon est toujours le pays de l'OCDE qui investit le moins dans l'éducation », Aujourd'hui le Japon, le 8 septembre 2010
  2. a, b, c, d, e et f Nicholas D. Kristof, « L'enfer des écoliers japonais », Courrier international no255, 21 au 27 septembre 1995
  3. a, b et c (en) Sex abuse by teachers up 40% since 1999, Yomiuri Shimbun, le 22 février 2011

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • Claude Levi Alvares et Manabu Sato, Enseignants et écoles au Japon, Maison Neuve et Larose, Paris, 2007
  • Claude Lévi Alvares, Le collège, un compromis de logiques multiples in Annales de la Société franco-japonaise de recherches sur l'éducation, Saint-Etienne 1998 (b), pages 81-104

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Système éducatif au Japon de Wikipédia en français (auteurs)

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