- Syndrome de Diogène
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Le syndrome de Diogène est un syndrome décrit par Clark en 1975[1] pour caractériser un trouble du comportement de la personne âgée conduisant à des conditions de vie négligées, voire insalubres.
Ce syndrome associe entre autres :
- Une négligence parfois extrême de l'hygiène corporelle et domestique[2],[3],[4],[5] ;
- Une accumulation d'objets hétéroclites nommée également syllogomanie[6],[7] : ;
- Un déni de son état, associé en conséquence à une absence de toute honte ;
- Un isolement social selon les critères habituellement admis dans sa culture ;
- Un refus d'aide concernant cet état, celle-ci étant vécue comme intrusive ;
- Une personnalité pré-morbide : soupçonneuse, astucieuse, distante, tendant à déformer la réalité (là encore selon les critères culturels en cours).
La première étude de ce modèle de conduite date de 1966. Le nom syndrome de Diogène adopté en 1975 fait référence à Diogène de Sinope, philosophe grec du IVe siècle av. J.‑C., chef de file des cyniques et disciple d'Antisthène, qui avait adopté et suivi jusqu'au bout un idéal de privation (ascèse) et d'indépendance par rapport aux nécessités matérielles.
Sommaire
Historique
En 1966, deux psychiatres anglais, Mac Millan et Shaw, publient une étude[8] sur 72 personnes âgées vivant dans des conditions d’hygiène personnelles et domestiques inquiétantes. Ils avaient constaté chez ces patients un effondrement de leur norme de propreté personnelle et d'environnement et avaient appelé ce tableau « syndrome de décompensation sénile ».
Les symptômes
La personne présentant ce syndrome choisit un isolement social aussi grand qu'il lui est possible ; elle en arrive à vivre presque recluse chez elle, n'ayant dès lors plus autant de raisons d'entretenir son logement et se désintéressant en même temps, à un degré plus ou moins grand, de son hygiène personnelle. Howard Hughes dans les dernières années de sa vie en constitue une illustration.
Se pensant à tort ou à raison en risque de pauvreté extrême, ce qui lui est suggéré par la vie peu gratifiante où elle s'installe, elle essaie d'économiser le plus possible pour parer à l'avenir, et accumule parfois des sommes importantes sans avoir réellement conscience de leur valeur. Accumuler aussi chez elle de grandes quantités de déchets ou du moins d'objets sans utilité immédiate l'amène à vivre dans des situations insalubres : d'abord simple encombrement, puis impossibilité d'entretenir ou même de faire entretenir son logement en raison même de cet encombrement devenu obstacle.
Les patients
On trouve souvent un tel comportement chez des personnes d'âge avancé souffrant de solitude après la mort d'un conjoint ou d'un parent très proche. Ce comportement peut être encouragé par une fragilité financière perçue, justifiée ou non (Howard Hughes était un des hommes les plus riches du monde). La solitude, subie ou voulue, semble le facteur de déclenchement principal. Le syndrome touche également quelques personnes jeunes.
Étiopathogénie
La prévalence des maladies neuropsychiques entre 30 % à 80 % chez les personnes souffrant du syndrome de Diogène selon différentes études[9], mais presque 100% chez les jeunes sujets[10].
Traitement
Le traitement doit commencer par la détection des cas de risque, puis l'admission dans un hôpital spécialisé ou une unité de gériatrie, avec étude des troubles médicaux. On prend ensuite des mesures adaptées de protection sociale pour éviter la rechute du patient dans ses conditions de vie antérieures. Dans quelques cas, il convient de traiter aussi une éventuelle pathologie psychiatrique associée (dépression, délire chronique). S'il n'est pas possible d'assurer la vie en commun ou de placer le patient dans une institution sociale, il faut lui assurer un suivi régulier, des visites à domicile, et un travail coordonné de services sanitaires (médecin, infirmière) et sociaux (travailleur social).
Notes et références
- (en) A. Clark, G. D. Mankikar et I. Gray, Diogenes syndrome. A clinical study of gross neglect in old age, The Lancet, 1975 Feb 15; 1 (7903):366-8.
- 16696752. Pavlou MP, Lachs MS. J Am Geriatr Soc. 2006 May;54(5):831-42. Could self-neglect in older adults be a geriatric syndrome? PMID:
- 17111646. Dick C. Kans Nurse. 2006 Oct;81(9):12-3. Self-neglect: Diogenes syndrome and dementia. PMID:
- 11430258. Reyes-Ortiz CA. Compr Ther. 2001 Summer;27(2):117-21. Diogenes syndrome: the self-neglect elderly. PMID:
- 1949120. Robben PB. Tijdschr Gerontol Geriatr. 1991 Oct;22(5):167-71. Self-neglect in the elderly--the homeless and the Diogenes syndrome. PMID:
- 10389361. Rosenthal M, Stelian J, Wagner J, Berkman P. Isr J Psychiatry Relat Sci. 1999;36(1):29-34. Diogenes syndrome and hoarding in the elderly: case reports. PMID:
- 17370226 Koeck A, Bouckaert F, Peuskens J. Tijdschr Psychiatr. 2007;49(3):195-9. Hoarding as the core symptom of the Diogenes Syndrome. A case study. PMID:
- 5919035. Macmillan D, Shaw P. Br Med J. 1966 Oct 29;2(5521):1032-7. Senile breakdown in standards of personal and environmental cleanliness. PMID:
- « Le syndrome de Diogène, une approche transnosographique » C. Hanon
- «Community study of people who live in squalor » HALLYDAY G
Liens externes
- Un collectionnisme singulier : Le syndrome de Diogène, V. Léon et al., sur http://www.med.univ-angers.fr. Contient une étude de cas sur la question et donne une bibliographie de 21 livres ou articles.
Catégorie :- Pathologie en psychiatrie de la sénescence
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