Sylvie Kinigi

Sylvie Kinigi
Sylvie Kinigi
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Mandats
Présidente de la République du Burundi
(par interim)
27 octobre 19935 février 1994
Prédécesseur François Ngeze
Successeur Cyprien Ntaryamira
15e Premier ministre du Burundi
10 juillet 19937 février 1994
Président Melchior Ndadaye
François Ngeze
Elle même
Cyprien Ntaryamira
Prédécesseur Adrien Sibomana
Successeur Anatole Kanyenkiko
Biographie
Date de naissance 1952
Nationalité burundaise
Parti politique UPRONA
Diplômé de Université du Burundi

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Présidents de la République du Burundi

Sylvie Kinigi née en 1952 à Mugoyi au Burundi fut premier Ministre de Burundi du 10 juillet 1993 au 7 février 1994. Elle reste l'unique femme à avoir accédé à ces fonctions au Burundi. Elle fut également de facto, chef de l'État du Burundi du 27 octobre 1993 au 5 février 1994

Sommaire

Jeunesse

Kinigi est membre de la tribu ethnique des Tutsi. Elle surmonta l'hostilité traditionnelle entre les deux ethnies en épousant un membre de la tribu Hutu — les relations ont toujours été traditionnellement pauvres entre Tutsis et Hutus. Son mari hutu, avec qui elle eut 5 enfants, mourra en 1993.

Kinigi est diplômée de l'Université du Burundi, après avoir étudié le management économique, et travailla pour le service public du Burundi jusqu'en 1991.

Elle devint alors conseiller senior au bureau du premier Ministre, traitant de la politique économique , en charge des réformes économiques.

Kinigi eut la tâche très difficile d'avoir à faire face au déficit budgétaire en effectuant des coupes claires dans les fonds de l'armée dominée par les Tutsi qui pendant longtemps ont eu un traitement préférentiel.

Une part clé de son poste 1992 et 1993 fut de marchander des aides avec les donateurs de l'Ouest afin d'entraîner des changements économiques au Burundi. En effet, ce pays, qui fut une colonie allemande à partir du 6 juin 1903 puis sous mandat belge après la conférence de Versailles en 1919, a une économie lourdement dépendante des exportations de café et de thé.

Kinigi considéra ce poste comme très important pour elle et pour le pays. La façon dont elle gérait ces réformes économiques influencerait sur la vie de millions de pauvres Burundiens.

Premier ministre

Après un premier soulèvement en août 1988 qui causa la mort de 20 000 personnes, le président Buyoya, militaire, du parti de l'Union pour le progrès national UPRONA, chef du gouvernement de type militaire chargea une commission de trouver une solution pour mettre fin à la violence du pays.

En 1992, cette commission de médiation rédigea une nouvelle constitution, approuvée par le Président Pierre Buyoya qui était Tutsi. Le nouveau texte prévoyait la mise en place d'un gouvernement non ethnique, avec un Président et un Parlement.

Au début de l’année 1993, l’ancien Président Pierre Buyoya affirmait haut et fort qu’il fallait organiser des élections à tout prix. Les résultats des élections furent imputés aux hutu «  qui auraient voté "ethnique" ».

Quand Melchior Ndadaye du parti du Front pour la démocratie du Burundi; FRODEBU , lui-même Hutu, fut élu Président du Burundi en juin 1993 avec 66% des voix, il nomma Kinigi comme premier Ministre. Cela faisait partie de sa stratégie de construire une unité entre les deux principales ethnies du Burundi — Ndadaye était un Hutu qui souhaitait diminuer l'hostilité des Tutsi de son administration en nommant une Tutsi comme premier Ministre. La nomination de Sylvie Kinigi a suivi de moins d'un mois celle de Agathe Uwilingiyimana comme premier Ministre dans le Rwanda voisin.

Les choses étaient rendues compliquées par le fait que Kinigi était membre du Parti politique (parti de l'Union pour le progrès national) dominé par les Tutsi du précédent Président Pierre Buyoya, l'ancien officier militaire que M. Ndadaye avait battu aux élections de juin 1993 (BBC Summary of Foreign Broadcasts,1993b). Beaucoup ont spéculé sur le fait que le Président sortant Buyoya avait explicitement demandé que le nouveau Président Ndadaye nomme Kinigi au poste de premier ministre.

Kinigi quant à elle, a considéré que cette réconciliation entre les deux groupes ethniques était sa plus haute priorité dans sa fonction de premier ministre afin de pouvoir construire un plan de développement économique au Burundi.

Tentative de coup d'État en 1993

Le 21 octobre 1993, des parachutistes envahissent le palais national, capturent et tuent le Président Ndadaye et six de ses ministres. Les auteurs du coup d'État imposent le couvre-feu, coupent les lignes téléphoniques, prennent le contrôle de la radio de l'État et ferment l'aéroport international de Bujumbura. Par la suite, au moins 600 000 Hutus s'enfuirent vers le Rwanda voisin. Ce coup d'État apparut largement dans l'opinion comme étant l'œuvre de l'armée.

Ce putsch marqua le début de la guerre civile, avec l'extension d'une violence ethnique à la quasi-totalité du territoire national.

Comme les violences continuaient, il fut demandé au Premier Ministre Mme Kinigi,qui avait trouvé refuge, elle ainsi que certains de ses ministres à l'Ambassade de France dans la capitale, de former un nouveau gouvernement pour restaurer l'ordre après l'épisode des batailles ethniques.

Bien que les ministres encore à l'ambassade, se montrèrent méfiants sur les véritables intentions de l'armée, le 26 octobre Kinigi s'adressa aux habitants du pays via la radio de l'État pour leur demander de la part des responsables de l'armée et du coup d'État de retourner chez eux dans leur maison. Kinigi fit aussi des vœux pour que ces responsables soient sévèrement punis. (Lorch, 1993).

Chef d'État de facto

Mais le premier ministre se trouvait elle-même chargée de la nation après ce coup d'État militaire raté.

Le 1er novembre, onze jours après ce coup d'État et l'assassinat du Président Ndadaye, le premier ministre Kinigi trouva à nouveau refuge à l'Ambassade de France pour parler aux chefs survivants dans les différentes provinces et les représentants des loyaux et des rebelles des factions Tutsi dominées par l'armée (United Press International, 1993).

Elle rejeta l'amnistie générale pour les leaders du coup d'État, en demandant qu'il y ait un jugement pour ce coup d'État. Par la suite, le premier ministre fit le voeu de mettre en place une commission spéciale pour préparer une nouvelle élection présidentielle. Elle déclara aussi qu'elle souhaitait avoir des renseignements sur les conditions du coup d'État du 21 octobre qui s'effondra ensuite. D'après la constitution Burundaise, le chef du Parlement devait assumer l'intérim en cas de mort du président. Cependant, il fut également tué dans la tentative de coup d'État, laissant Kinigi de facto en charge du gouvernement du Burundi (Watson, 1993).

Les efforts de Sylvie Kinigi pour sauver le gouvernement eurent un effet quand deux précédents présidents Tutsi, Pierre Buyoya and Jean Baptiste Bagaza, tous deux hommes forts militaires, se rallièrent derrière le gouvernement de Kinigi (Reuters, 1993). Un semblant d'ordre fut restauré, et les plans furent établis pour une nouvelle élection présidentielle.

Malheureusement, les violences ethniques continuèrent dans le pays, et Kinigi de facto à la tête du gouvernement ne put faire grand chose pour endiguer cette vague de violence, qui causa près de 100 000 victimes, selon une estimation, un nombre significatif pour une nation de 6 millions d'habitants (Press, 1993).

Un nouveau président du Burundi Cyprien Ntaryamira du FRODEBU arriva au pouvoir pendant tout juste deux mois, du 5 février au 6 avril 1994 pour périr de mort violente dans l'attentat contre l'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana. Un gouvernement de coalition fut institué avec Sylvestre Ntibantunganya comme président intermédiaire mais qui fut incapable de ramener la paix. Le major Buyoya reprit le pouvoir par un coup d'État le 25 juillet 1996.

de la guerre à la paix, le spectre de 1993

L'accord de paix d'Arusha fut signé par le gouvernement, alors dominé par les Tutsis et les partis politiques Hutus et Tutsis. Mais les principaux mouvements rebelles hutus refusèrent de le parapher et ne le reconnurent pas.

L'accord d'Arusha ne put mettre un terme à la guerre civile qui ensanglanta le pays pendant une décennie. Depuis 1993, les combats entre l'armée, dominée par les Tutsis, et divers mouvements rebelles hutus, ont fait quelque 300.000 morts, essentiellement des civils, selon les Nations unies.

Les Tutsis, descendants de pasteurs nomades qui forment environ 15% de la population, dominent traditionnellement le pouvoir au Burundi, généralement par le biais de putsches de jeunes officiers tutsis. Aujourd'hui, la majorité hutue reste traumatisée par le précédent tragique de 1993 lorsque le premier président hutu démocratiquement élu depuis l'indépendance de cette ancienne colonie belge en 1962, Melchior Ndadaye, fut assassiné par des extrémistes tutsis quatre mois après son arrivée au pouvoir.

Le Burundi reste un pays de 6,5 millions d'habitants de l'Afrique des Grands lacs qui tarde à émerger de cette terrible guerre civile qui a fait quelque 300.000 morts depuis 1993.

Période post-guerre

Après avoir été remplacée dans son rôle de premier ministre, Sylvie Kinigi travailla pour la Banque Centrale du Burundi, un poste qui lui convenait parfaitement du fait de sa formation économique et de sa capacité à gérer la crise, talents qu'elle a développé de façon évidente quand elle devint de facto chef de l'État après le meurtre du Président Ndadaye.

En tant que civile, Kinigi donna son opinion personnelle sur les problèmes du Burundi (Griffiths, 1994). Spécifiquement, l'ancien premier ministre est convaincue que la démocratie est venue trop vite au Burundi, et que les tensions ethniques ne pouvaient permettre un gouvernement démocratique multi-partis.

Ayant survécu à ce violent coup d'État et à cette terrible guerre, Madame Kinigi devint ainsi chef de file et porte-parole pour la paix et la réconciliation. Elle travaille actuellement comme Conseillère politique Senior et coordonnatrice de Programmes auprès du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la région des Grands lacs en Afrique.

Dernièrement, Sylvie Kinigi s’est impliquée dans la planification et la préparation du Pacte de sécurité, stabilité et développement qui comprend des programmes d’action, des projets et des protocoles, et qui a été ratifié par les dirigeants de 11 pays de la région des Grands lacs le 15 décembre 2006, à Nairobi.

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