- Aurelie Ghika
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Aurélie Ghika
Aurélie Soubiran, princesse Ghika, est une femme de lettres française née à Caen (Calvados) le 27 mars 1820, morte à Lectoure (Gers) le 21 février 1904.
Sommaire
Biographie
« Demi-mondaine »
Son père, Paul Émile Soubiran, originaire de Lectoure (Gers), fils d’un orfèvre, est une sorte d’aventurier qui a exercé beaucoup de métiers et s’est attribué des personnalités différentes : cuisinier, évêque, général. Fuyant quelques déboires sur place, bien que la population considère avec bienveillance ses exploits, il va s’installer à Vire, en Normandie, où il se marie, et il a trois enfants, un garçon et deux filles, dont la cadette est Aurélie de Soubiran, avec une particule qu'elle conservera. La fille aînée serait partie vivre à Paris une vie de courtisane, et serait morte de ses excès. Le frère lèguera à Aurélie, en 1849, le domaine de Cassagnau, près de Lectoure. Aurélie doit avoir reçu une excellente éducation, car elle est férue de littérature et fréquente les hommes de lettres et les artistes. Elle écrit elle-même (elle commence à publier en 1841). La rumeur prétend qu’elle tiendrait un salon de jeux. Il demeure difficile, entre les jugements peu flatteurs des uns, et les commentaires plutôt élogieux des autres, sur sa culture et son talent d'écrivain, de faire la part des choses. Fréquentant le salon littéraire de Gavarni en 1841, elle y rencontre, entre autres, Alexandre Dumas, Alphonse Karr, Henri Monnier, Léon Gozlan... Au cours d'une des soirées, Honoré de Balzac lit les lignes de sa main et lui prédit qu'elle règnerait un jour. « Sur la Revue des Deux-Mondes ? dit Aurélie en riant — Non, sur un peuple ».
Princesse
Elle épouse le 23 novembre 1849 le prince Grigore Ghika, hospodar de Valachie, né en 1813. Grigore a eu deux enfants, Gheorghe (1837-1888) et Lucia Ruxandra (1838-1899)[1] avec Alexandra Coressi, avec qui il n'était pas légalement marié. Les Ghyka, ou Ghika, ou Ghica, constituent l’une des plus grandes familles princières d’Europe, régnant sur la Moldavie et la Valachie pendant deux siècles, depuis 1659 (jusqu'en 1678 sous le nom de Ghica, ensuite alliés à d'autres familles) jusqu’en 1859 où les deux principautés fusionnent pour former le « vieux royaume » de Roumanie. C’est un mariage d’amour, qui s’annonce très heureux. Aurélie suit son époux en Roumanie. Pendant dix années, « les plus heureuses de sa vie », elle s'intéresse au pays, à son histoire, à sa politique. Elle écrit plusieurs ouvrages sur le sujet et devient une ambassadrice de ce pays. Du reste beaucoup d'écrivains et de poètes roumains sont connus en France pour assurer la renommée de leur pays. Gérard de Nerval, avant d'être reçu en Roumanie, en 1844-1845, et bien avant d'écrire son Aurélia, a déjà lu des quantités d'ouvrages, et ceux d'Aurélie en font partie[2].
Le hospodar Grigore a de bonnes chances de monter sur le trône des principautés réunies de la Valachie et de la Moldavie, et la prédiction de Balzac est donc près de se réaliser. Le couple va s'installer pour un temps à Paris, au 5 de la rue Tronchet. Le 23 septembre 1859, ils sont en voiture sur les Champs-Élysées, le prince conduisant lui-même la victoria. Aurélie descend pour « faire les boutiques » et alors que le prince va repartir, les chevaux s’emballent et Ghika, éjecté de la voiture, heurte de la tête le bord du trottoir et meurt sur le coup. C'est un drame pour Aurélie.
Le prince avait laissé un testament en faveur d’Aurélie, qui revient en Roumanie, comme dame de compagnie de la princesse Elena Cuza. Elle fréquente toujours les cercles littéraires, est très proche de son cousin par alliance, l'écrivain, diplomate et deux fois premier ministre Ion Ghica, du poète Vasile Alecsandri, et du prince régnant, Alexandru Ioan Cuza. Mais le gouvernement roumain, et peut-être la famille Ghyka, n'entendent pas laisser la jeune veuve profiter des biens de Grigore. Elle accepte de transiger pour une rente annuelle de 25 000 francs.
Retraite
Elle se retire à Lectoure. L’arrivée de cette dame au titre pourtant prestigieux suscite un intérêt mitigé parmi la bonne société locale, qui n’a sans doute pas oublié les frasques de Paul Soubiran, et qui ne voit en elle qu'une sorte de demi-mondaine parvenue. Alors que chaque maîtresse de maison a son « jour » pour recevoir ses amies avec thé et petits fours, à l’entrée de la princesse Ghika, les tasses et les assiettes disparaissent sous les fauteuils et les grandes robes à volants[3]. Accueillant son ami, le poète Clovis Hugues, elle répond à son lyrique « Salut, ville dix fois guerrière ! Nid d'aigles, berceau de géants », adressé à la ville de Lectoure, par un dédaigneux « Nid d'oies ! »
Pourtant, avec le temps et l'évolution de la société bourgeoise, Aurélie Ghika montre qu’elle sait recevoir avec tout le luxe et la distinction requis, et bientôt tout le monde se presse chez elle, conquis, sinon par sa littérature, du moins par l'écriture exquise et originale de ses billets d'invitation, et par la qualité de sa cuisinière. Cependant, elle ne cesse pas de communiquer avec ses amis roumains, les écrivains, et d'écrire elle-même. Si son œuvre est passée inaperçue pendant longtemps, et surtout dans son pays natal, elle est maintenant reconnue en Roumanie.
Elle s'éteint le 21 février 1904 et est enterrée à Lectoure.
Notes et références
- ↑ http://www.ghyka.com/Branches/Grigore_IV.pdf
- ↑ Paris, 1844-1855: l'âme roumaine
- ↑ Deux siècles d'histoire de Lectoure (1780-1980), Syndicat d'initiative, Lectoure, 1981.
Œuvres
- Nos étrennes, Toulouse, 1841
- Virginie, Paris, 1845
- Marguerite et Jeanne, Paris, 1848
- Le petit livre des femmes, Paris, 1848
- La Valachie moderne, Paris, Comptoir des imprimeurs-unis, 1850 (réf BNF M-26716)
- Lettres d’un penseur des bords du Danube, Paris, comptoir des imprimeurs, 1852
- Denkerbriefe von wallachischen Donauufer, 1854
- La Valachie devant l'Europe, Paris, 1858 (réf BNF J-18547)
- La duchesse de Cerni, Paris, J. Hetzel, 1866
- Madame Malborough ou la fidélité conjugale, caprice sentimental poétisé par l'ange des Songes, Lectoure, 1877
- Le carême à Saint-Gervais de Lectoure, Lectoure, 1877
- Le Prince Napoléon, Lectoure, 1891 (réf BNF Microfiche 8-LN27-39989)
- Les pensées de la solitude, Paris, 1891
- À mes compatriotes, Lectoure, 1896
- Orgueil patriotique, Lectoure, 1896
- Démètre Ghika, Lectoure, 1897
- Le roi Milan, Lectoure, 1901
- Le roi Charles de Roumanie, Lectoure, 1901
Sources
- Deux siècles d'histoire de Lectoure (1780-1980), Syndicat d'initiative, Lectoure, 1981.
- Henri Sales, « Études préliminaires sur la Princesse Ghica », Bulletin de la Société archéologique du Gers, 3e trimestre 1967.
- Louis Puech, Un aventurier gascon, Paul Émile Soubiran, Lectoure, Auch, 1907
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- Généalogie de la famille Ghika
- Bio-bibliographie (en anglais) : [1]
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