Septième Continent

Septième Continent

Plaque de déchets du Pacifique nord


La plaque de déchets du Pacifique nord est une zone du grand vortex du Pacifique Nord, aussi connue sous le nom de « soupe plastique » ou de « Septième Continent » ou encore de « Grande zone d’ordures du Pacifique ».

C'est l'océanographe américain Charles Moore qui a découvert cette « Grande zone d'ordures du Pacifique » également nommée « Vortex d'ordures ». Étant donné que la mer de déchets est translucide et se situe juste sous la surface de l’eau, elle n’est pas détectable sur les photographies prises par des satellites. Elle est seulement visible du pont des bateaux[1].

Sommaire

Description

Le centre du Grand vortex du Pacifique Nord est situé dans une latitude entre la cellule de Ferrel et la cellule de Hadley (voir Circulation méridionale). Il s'agit d'une zone relativement calme de l'Océan pacifique, vers laquelle le mouvement de rotation du vortex amène les déchets flottants. Ces déchets s'accumulent en bancs. Jusqu'à une époque récente, ces débris de nature organique subissaient une biodégradation. Les activités humaines y amènent désormais des débris en matières non biodégradables, comme des polymères et des débris de bateaux. Les matériaux plastiques y sont photodégradés en pièces et particules de plus en plus petits, mais les molécules individuelles ne sont que très lentement métabolisées par les êtres vivants[2]. La photodégradation des matériaux plastiques conduit à la production de déchets polluants, nocifs au milieu marin.

Le caractère presque indestructible des matériaux plastiques de la plaque de déchets est discuté dans Homo disparitus de Alan Weisman.

Effets sur l'écosystème

Sur des mesures effectuées en 2001 et en 2007, la masse de particules plastiques était six fois supérieure à la masse de zooplancton[3][4].

Les plastiques ont une durée de vie moyenne qui dépasse les cinq cents ans. Au fil du temps, ils se désagrègent sans que leur structure moléculaire change d’un iota. C’est ainsi qu’apparaissent des quantités colossales d’une sorte de sable de plastique qui, pour les animaux, a toutes les apparences de la nourriture. Ces plastiques, impossibles à digérer et difficiles à éliminer, s’accumulent ainsi dans les estomacs des poissons, méduses et des oiseaux marins. Par ailleurs, ces grains de plastique agissent comme des éponges, fixant de nombreuses toxines dans des proportions plusieurs millions de fois supérieures à la normale, comme le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane, un pesticide) ou les PCB (polychlorobiphényles), des produits extrêmement toxiques. Les effets en cascade peuvent s’étendre via la chaîne alimentaire et toucher l’homme. Greenpeace estime qu'à l'échelle de la Terre, environ 1 million d'oiseaux et 100 000 mammifères marins meurent chaque année de l'ingestion de plastiques. Au total, plus de 267 espèces marines seraient affectées par cet amas colossal de déchets.

Caractéristiques physiques

L'océanographe Charles Moore a mesuré la concentration de débris dans la plaque de déchets du Pacifique. Il a rapporté une concentration de 334 000 déchets par km² (variant de 32 000 à 1 million de pièces par km²).[5] et une masse moyenne de 5,1 kg/km². La collecte a été effectuée à l'aide d'un chalut équipé d'une ouverture rectangulaire de 90 cm sur 15 cm disposé à la surface. Une récolte d'échantillon à 10 m de profondeur rapportait moins de la moitié de la quantité, essentiellement du fil de pêche[6].

L'estimation de la taille de la plaque de déchets dépend de la source, entre 700 000 km2[7] et 20 000 000 km2[8]. L'océanographe Marcus Eriksen estime que la plaque de déchets du Pacifique nord est en réalité constituée de deux zones interconnectées. Il affirme également que la plaque de déchets commence à 500 milles nautiques de la côte de Californie et s'étend jusqu'aux abords de la côte japonaise[9].

Sources des débris

Les plastiques constituent 90% des déchets flottant sur les océans. Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement mentionnait en juin 2006 qu'on trouve en moyenne 46 000 morceaux de plastique par 2,5 km² d'océan sur une profondeur d'environ 30 mètres. En certains endroits, la quantité de plastique est six fois supérieure à celle du plancton qui est le premier maillon essentiel (puisqu'au début de la chaîne alimentaire) à la vie dans les océans. Selon Greenpeace, sur les 100 millions de tonnes de plastique produits chaque année, près de 10% finissent dans les océans. Et 70% des plastiques qui s'aventurent en mer coule et le reste flotte naviguant au gré des courants...

Moore estime que 80% des déchets proviennent de sources terrestres, le reste provenant de bateaux. Il indique que les débris provenant de la côte orientale de l'Asie dérivent jusqu'à la plaque de déchets en moins d'un an, et ceux provenant de la côte occidentale de l'Amérique dérivent en cinq ans[7].

Sources exceptionnelles

Occasionnellement, des changements dans les courants marins amènent des débris flottants de cargos dans les courants tournants autour du vortex du Pacifique, conduisant à l'échouage de ces déchets sur les plages adjacentes, selon un ordre prévisible.

Un de ces évènements resté célèbres est la perte d'environ 80 000 chaussures et bottes de la marque Nike du navire Hansa Carrier en 1990. les courants marins ont réparti ces chaussures sur les côtes de la Colombie britannique, de Washington, de l'Oregon et de Hawaï pendant les trois années qui ont suivi.

Trajet des jouets en plastique relâchés par un cargo dans la plaque de déchets.

En 1992, une autre perte de cargo a concerné entre 29 000 et 30 000 canards en plastique jaune, tortues bleues et grenouilles vertes de la marque « Friendly Floatees ». En 1994, une perte a concerné du matériel de hockey. Ces évènements constituent un moyen d'étude des courants à l'échelle globale. Plusieurs institutions ont demandé aux populations de rapporter l'échouage de ces objets, afin de mesurer les mouvements des eaux de surface résultant des courants de profondeur[10],[11].

Notes et références

  1. Jables, « De Hawaï au Japon, l’océan poubelle », dans Contre Info, 7 février 2008 [texte intégral (page consultée le 30 août 2009)] 
  2. Santa Barbara News-Press: "Great Pacific Garbage Patch."
  3. Natural History: Across the Pacific Ocean, plastics, plastics, everywhere.
  4. http://www.naturavox.fr/article.php3?id_article=3555
  5. http://www.greenpeace.org/raw/content/international/press/reports/plastic_ocean_report.pdf
  6. (en) Charles Moore, S. Morre, M. Leecaster et S. Weisberg, « A Comparison of Plastic and Plankton in the North Pacific Central Gyre », dans Marine Pollution Bulletin, vol. 42, no 12, 4 décembre 2001, p. 1297-1300 [lien DOI (page consultée le 10 octobre 2008)] 
  7. a  et b Garbage Mass Is Growing in the Pacific
  8. (en) Justin Berton, « Continent-size toxic stew of plastic trash fouling swath of Pacific Ocean », dans San Francisco Chronicle, San Francisco, 19 octobre 2007, p. W-8 [texte intégral (page consultée le 22 octobre 2007)] 
  9. (en) Xavier La Canna, « Floating rubbish dump 'bigger than US' », dans News.com.au, Australie, 4 février 2008 [texte intégral (page consultée le 26 février 2008)] 
  10. The Times: "Plastic duck armada is heading for Britain after 15-year global voyage."
  11. The Daily-Mail: "Thousands of rubber ducks to land on British shores after 15 year journey."

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Oliver J. Dameron, Michael Parke, Mark A. Albins and Russell Brainard (Avril 2007). Marine debris accumulation in the Northwestern Hawaiian Islands: An examination of rates and processes, Marine Pollution Bulletin 54 (4), 423-433.
  • Floating plastic in the Kuroshio Current area, western North Pacific Ocean par Rei Yamashita and Atsushi Tanimura. Marine Pollution Bulletin, volume 54, no 4, pages 485-488 (2007).
  • Movement and accumulation of floating marine debris simulated by surface currents derived from satellite data par Masahisa Kubota, Katsumi Takayama et Noriyuki Horii. School of Marine Science and Technology, Tokai University (2000) document.
  • Pelagic plastics and other seaborne persistent synthetic debris par M. R. Gregory et P. G. Ryan. Marine Debris: Sources, Impacts, Solutions; pages 49–66. J. M. Coe and D. B. Rogers (1997).
  • A comparison of plastic and plankton in the North Pacific Central Gyre par Charles J. Moore, Shelly L. Moore, Molly K. Leecaster and Stephen B. Weisberg.
  • Density of plastic particles found in zooplankton trawls from coastal waters of California to the North Pacific Central Gyre par Charles J. Moore, Gwen L. Lattin et Ann F. Zellers.
  • The quantitative distribution and characteristics of neuston plastic in the North Pacific Ocean, 1984-1988 par R. H. Day, D. G. Shaw et S. E. Ignell (1990).
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