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Sémiologie graphique
La sémiologie graphique est un champ particulier de la sémiologie ou sémiotique, et plus particulièrement de la sémiotique visuelle, et a été étudiée notamment par Jacques Bertin, qui considère que
« la perception visuelle dispose de trois variables sensibles : la variation des taches et les deux dimensions du plan, et ceci, hors du temps. Les systèmes destinés à l’œil sont d’abord spatiaux et atemporels. D’où leur propriété essentielle : dans un instant de perception, les systèmes linéaires ne nous communiquent qu’un seul son ou signe, tandis que les systèmes spatiaux, dont la graphique, nous communiquent dans le même instant les relations des trois variables. Utiliser au mieux cette puissance considérable de la vision dans le cadre d’un raisonnement logique, tel est l’objet de la graphique, niveau monosémique de la perception spatiale. »— Bertin, 1999, p.7 Comme le suggère la citation précédente, la communication graphique se fonde sur des règles différentes de la communication linguistique : la première transmet plusieurs informations en même temps, alors que la seconde trouve sa pertinence dans la succession et la linéarité de la langue. Cette caractéristique de la graphique implique, selon M. Béguin et D. Pumain, que
« cette efficacité de la transmission visuelle n’est bien réalisée cependant que si le message a été préalablement codé en respectant un certain nombre de règles assez strictes de la communication par les moyens graphiques. On appelle sémiologie graphique l’ensemble des règles qui permettent l’utilisation d’un système graphique de signes pour la transmission d’une information. »— Béguin et Pumain, 2003, p.40
Extraits de "Sémiologie graphique" de Jacques Bertin.
Sommaire
Petite histoire et évolution de la graphique
- Les plus anciennes représentations graphiques découvertes sont des cartes géographiques gravées dans l'argile, et qui datent vraisemblablement du IIIème millénaire av.JC.
Les images graphiques ont d'abord été conçues, et se conçoivent utilement encore, comme des reproductions de la nature visible.
- Il a fallu attendre le 16ème siècle pour entrevoir à Oxford et le 18ème pour découvrir avec Charles de Fourcroy (p.202) que les deux dimensions de la feuille de papier pouvait utilement représenter "autre chose que l'espace visible".
C'était, en réalité, passer de la simple représentation à "un système de signes" complet, indépendant et possédant ses lois propres, c'est-à-dire sa sémiologie
- Et avec la fin du 20ème siècle, ce système de signes franchit une nouvelle et fondamentale étape, sous la pression de l'information moderne et grâce à la pensée informatique.
- La différence que l'on perçoit maintenant entre la représentation graphique d'hier, mal dissociée de l'image figurative et la graphique de demain: cest la disparition de la fixité congénitale de l'image. (p.8).
- La graphique est devenue par sa maniabilité, un instrument de traitement de l'information. Son étude commence par l'analyse de l'information à transcrire.
La Graphique peut faire découvrir les relations d'ensemble. Contrairement au graphisme, la Graphique n'est pas un art. C'est un système de signes, rigoureux et simple, que chacun peut apprendre à utiliser et qui permet de mieux comprendre. Il permet donc de mieux décider. La Graphique utilise les propriétés du plan pour faire apparaître les relations de ressemblance, d'ordre ou de proportionnalité entre des ensembles donnés.
La sémiologie graphique est le moyen visuel de résoudre un problème logique. Elle n'est pas un automatisme et participe à toutes les étapes de la réflexion, jusqu'à la communication.
- La Graphique désigne le système de signes.
- Un graphique désigne toute construction faite dans un système, que ce soit un diagramme, un réseau ou une carte.
Définition de la Graphique
Image rationnelle, la graphique se distingue à la fois de l'image figurative et de la mathématique. Les significations que l'homme attribue aux signes peuvent être monosémiques, polysémique ou pansémiques.
- Un système est monosémique quand la connaissance de la signification de chaque signe précède l'observation de l'assemblage des signes.
- Un système est polysémique quand la signification succède à l'observation et se déduit de l'assemblage des signes.la signification est personnalisée et devientdiscutable.
Devant l'image figurative et polysémique (car assortie dun certain coefficient d'ambigüité), le processus de perception se traduit par la question:"tel élément, tel assemblage d'éléments, que signifie-t-il?", et la perception consiste à coder l'image. Le travail de lecture se situe entre le signe et sa signification.
- Le tableau non-figuratif, c'est-à-dire l'image qui ne signifie plus rien de précis pour signifier le tout, définit la pansémie , forme extrême de polysémie.
La Graphique utilise le système monosémique, chaque élément est définie à l'avance. La perception consiste à définir les relations qui s'établissent dans l'image ou entre les images, ou entre image et nature. Le travail de lecture se situe entre les significations.
Qu'est ce, en réalité, employer un système monosémique ? C'est consacrer à la réflexion, un moment pendant lequel on cherche à réduire au maximum la confusion, pendant lequel, dans un certain domaine et durant un certain temps,tous les participants s'accordent sur certaines signifiactions, exprimées par un certains signes et conviennent de ne plus en discuter. Sur ce point, graphique et mathématique sont semblables et construisent le moment rationnel.
Mais graphique et mathématique se différencient en fonction de fonction de la structure perceptive qui les caractérise. Chez l'homme, 2 systèmes de perception : L'Oeil et l'Oreille
- La perception sonore ne dispose que de deux variables sensibles: La variation des sons et le temps.
Les systèmes destinés à l'oreille sont linéaires et temporels.
- La perception visuelle dispose de 3 variables sensibles:
La variation des taches et les deux dimensions du plan. Les systèmes destinés à l'œil sont d'abord spatiaux et atemporels.
D'où leur propriété essentielle: dans un instant de perception, les systèmes linéaires ne nous communiquent qu'un seul son ou signe, tandis que les systèmes spatiaux, dont la grahique, nous communiquent dans le même temps les relations entre 3 variables.
Utiliser au mieux cette puissance considérable de la vision, dans le cadre d'un raisonnement logique, tel est l'objet de la graphique, niveau monosémique de la perception spatiale.
On sait que comprendre, c'est réduire la multitude des données qui nous assaillissent au petit nombre d'information que nous sommes susceptibles de prendre en compte autour d'un problème donné. Et la psychologie démontre que ce nombre tourne autour de 3 et ne dépasse jamais 7. Le traitement des données recherche les méthodes les moins discutables pour parvenir à cette réduction indispensable.
UN graphique ne doit pas seulement montrer les feuilles de l'arbre. Il doit aussi montrer les branches et l'arbre tout entier. L'oeil peut alors aller du détail à l'ensemble et découvrir à la fois la structure générale et ses exceptions.
La sémiologie graphique est une discipline qui s'occupe :- de la transcription, dans le système graphique d'un signe, d'un ensemble de données ;
- du traitement de ces données afin de faire apparaître l'information d'ensemble recherchée;
- de la construction d'images les mieux adaptées à communiquer cette information.
Au sein de la géographie, la sémiologie graphique a trouvé un champ d’application privilégié dans les processus d’élaboration d’un des outils fondamentaux de la géographie : la carte et, par extension, à l’ensemble des techniques qui permettent sa production (SIG et télédétection)et le Design de l'information.Image
Image vient du latin : imago, utilisé dans le sens de « portrait, simulacre, apparence, ombre, qui prend la place de... ». Suetone utilise imago pour désigner les « visions des rêves ».
Le mot grec eikonicós (qui reproduit les traits, qui représente), est à l'origine d'icône.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
[1]Jacques Bertin vue par Larousse.
[2] Les progrès de la sémiologie graphique.
Bibliographie
- Bertin Jacques, Sémiologie graphique, Paris, Mouton/Gauthier-Villars, 1967.
- Bertin Jacques, La Graphique et le traitement graphique de l’information, Paris, Flammarion, 1975.
- Bertin Jacques, Sémiologie graphique. Les diagrammes, les réseaux, les cartes, Paris, École Des Hautes Études En Sciences Sociales, 1999.
- Béguin Michelle, Pumain Denise, La représentation des données géographiques, Statistique et cartographie, Paris, Armand Colin, 2003.
Notes et références
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