Seigneurie de Turbessel

Seigneurie de Turbessel

Comté d'Édesse

Localisation du comté d'Édesse

Le comté d'Édesse est lun des premiers États latins dOrient, le plus avancé dans le monde islamique. Cest aussi le premier à être reconquis par les musulmans, une cinquantaine dannées après sa création.

Sommaire

Étendue géographique

La Citadelle d'Édesse, aujourd'hui

Initialement limité aux environs dÉdesse (aujourd'hui Şanlıurfa en Turquie), il sest accru jusqu'à couvrir un territoire de part et dautre du cours supérieur de lEuphrate et sur les régions de Mélitène (Malatya), de la Commagène (autour de Samosate et de Marach), du Chabakhtan (autour de Turbessel) et de lOsrohène (autour d'Édesse). Sa capitale était Édesse, et ses principales villes sont Turbessel, Revendel, Aintab (Gaziantep), Dülük (Doliché près de Gaziantep), Marach (Kahramanmaraş), Bira (Birecik (en)), Tell-Muzen, Gargar et Malatya.

Le comté dÉdesse est bordé au nord par le sultanat de Roum et les Danichmendides, à lest par la région de Diyarbakır, au sud par lémirat de Mossoul, la Djazirah et lémirat dAlep et à louest par la principauté dAntioche et la Petite-Arménie.

Population

Aux alentours de lan 1000, la région est peuplée de syriens, de religion chrétienne jacobite. Au cours du XIe siècle, la dépossession des princes dArménie de leurs principautés en échange de domaines dans lempire byzantin, puis la pression seldjoukide sur lArménie, incite la population à quitter la Grande Arménie et à sinstaller en Cilicie. Une forte communauté arménienne sinstalle à Édesse. Pendant la période de Philaretos Brakhamios, un certain nombre de nobles arméniens prennent possessions de places fortes dans la partie ouest du futur comté dÉdesse : Bira, Malatya, … Lélément latin de la population est resté marginal, même si elle compose la plus grande partie des dirigeants du comté.

Du point de vue religieux, trois patriarches coexistaient, le plus souvent en bonne entente, à Édesse : le latin, le jacobite et larménien.

Histoire

Édesse avant larrivée des Francs

Le comté dÉdesse nest pas réellement une création de la première croisade. En 1050, la ville était encore byzantine, puis un Arménien du nom de Philaretos Brakhamios sen empara en 1077. Il était alors à la tête dune principauté qui sétendait dAntioche à Édesse. Sa puissance et sa situation géographique gênaient les Turcs seldjoukides, qui lui prirent rapidement la majeure partie de ses terres, ne lui laissant que les alentours de Marach[1]. Édesse est prise en 1087 par les Seljoukides, après une campagne qui débuta en 1086[2], et le sultan seldjoukide Malik Shah Ier confie la ville à lémir turc Buzan († 1094). À la mort de Malik Shah (1092), son frère Tutuş tente dattaquer ses neveux pour semparer du sultanat, et oblige Buzan et Aq Sunqur al-Hajib, gouverneur dAlep, à laccompagner dans son expédition, mais, au moment de la bataille décisive, les deux gouverneurs abandonnent Tutuş. Ce dernier est alors obligé de faire retraite, mais attaque Alep en représailles et tue en 1094 Aq-Sonqor, ainsi que Buzan venu le secourir[3].

Entrée de Baudouin de Boulogne à Édesse (tableau de J. Robert-Fleury, 1840)

En 1095, un ancien lieutenant de Philaretos, Thoros, élimine la garnison seldjoukide de la citadelle dÉdesse et se rend maître de la ville. Il résiste aux attaques seldjoukides, mais, devant la pression sans cesse croissante doit demander de laide aux Croisés qui viennent de mettre le siège devant Antioche (1098). Baudouin de Boulogne, le frère de Godefroy de Bouillon répond à lappel et vient avec quelques chevaliers, et prend possession en route des cités de Turbessel et de Ravendel, dont les populations arméniennes se sont soulevés contre les Turcs à leur approche. Il simpose petit à petit dans le gouvernement de la ville, menaçant d'abandonner la ville et rejoindre les Croisés pour obliger Thoros à ladopter comme successeur. Thoros trouve peu après la mort au cours dune émeute (9 mars 1098), peut-être avec la complicité de Baudouin qui devint alors comte dÉdesse[4].

Baudouin Ier de Boulogne

À son avènement, le comté dÉdesse se réduit à la ville et à ses alentours, ainsi que des cités de Turbessel et de Ravendel. Les Ortoqides tiennent les environs de Saruj et de Mardin, les Danichmendides dominent le nord jusqu'à Samosate et les Byzantins tiennent la région de Marach, au bord de la Cilicie, qui leur a été remise par les Francs en 1097. Quelques cités, comme Bira et Malatya, sont tenues par des chefs arméniens[5].

Les deux premiers objectifs de Baudouin Ier sont de se concilier la population arménienne, afin quelle sache que leur protection est toujours assurée malgré la prise de pouvoir, et daugmenter le territoire du comté. Pour le premier objectif, il épouse une noble arménienne, stratégie qui est reprise par la suite par ses deux successeurs. Pour le second, il commence par occuper le territoire situé entre Édesse et lEuphrate, en prenant Saruj à Balak lOrthoqide et Samosate au turc Ibn-Ghazi Balduk, probablement un cadet danishmendide[6]. Puis Baudouin de Boulogne apprend la mort de son frère Godefroy de Bouillon, confie le comté à son cousin Baudouin du Bourg et se rend à Jérusalem pour y être couronné roi[7].

Baudouin II du Bourg

Expansion du comté d'Édesse, de 1098 à 1131.

Baudouin II continue la politique de son prédécesseur. Il noue une alliance avec Gavril, seigneur de Malatya, qui a besoin de sa protection face aux Danishmendides, et épouse sa fille Morfia [8].

Les Byzantins possesseurs de Marach depuis 1097, y avaient nommé un gouverneur arménien, Thatoul, mais les Francs guignaient cette place. Cest dabord Bohémond de Tarente, prince dAntioche qui tente de prendre la place en 1100 avant dêtre appelé au secours de Malatya et capturé par les Turcs. Puis Josselin de Courtenay, seigneur de Turbessel, sempare en 1104 de la ville qui devient un fief du comté[9].

La même année, les Francs dAntioche et dÉdesse organisent une opération concertée contre Harran, dans le but douvrir la route qui permettrait de prendre Mossoul, puis Bagdad. Mais des querelles entre les chefs francs retardent lopération et permettent aux chefs musulmans dorganiser la défense de la ville, puis larrivée dune armée de secours qui défait les Francs le 7 mai 1104. Baudouin II et Josselin de Courtenay sont capturés, Tancrède assure la défense dÉdesse assiégée tandis que Bohémond de Tarente se rend en grande hâte pour chercher une armée de secours. Pendant la captivité de Baudouin II, le comté est administré par Tancrède qui, devant également assurer la régence de la principauté dAntioche, le confie à Richard de Salerne, qui en profite pour rançonner les habitants dÉdesse[10],[11].

Baudouin II et Josselin de Courtenay sont libéré en 1108, et reviennent à Édesse dont ils reprennent le contrôle, mais les exactions de Tancrède et de Roger de Salerne, pendant leur captivité, ainsi que le peu dempressement à négocier leur libération, qui a fini par aboutir sans leur aide, suscitent leur colère, et ils se trouvent contre la principauté dAntioche. Allié à Jâwali Saqâwâ, atabeg de Mossoul, il envahit la principauté dAntioche, mais est repoussé par Tancrède, allié à Ridwan sultan dAlep. Tancrède nose cependant pas le poursuivre, craignant larrivée dune armée de secours conduite par Jawali. Les arméniens, craignant de tomber à nouveau sous la coupe des Normands à la suite de la victoire de Tancrède, envisagent un instant de sémanciper de la domination latine, avant de voir revenir Baudouin II[12].

Mais les musulmans commencent à sorganiser en contre croisade et la ville dÉdesse est leur première cible. Mawdûd ibn Altûntâsh, le nouvel atabeg de Mossoul, assiège Édesse une première fois en 1110 et ravage la campagne aux alentours. Le roi Baudouin Ier de Jérusalem mène une armée de secours qui force la levée du siège, mais les campagnes à lest de lEuphrate, jugées trop exposées aux razzias turques, sont évacuées. Mawdud tente une nouvelle incursion en avril 1112 et, après avoir tenté de prendre Édesse, assiège Saruj. Josselin de Courtenay, qui défend la ville, fait une sortie qui prend les Turcs par surprise et pille leur camp. Les Turcs reviennent alors à leur projet de siège dÉdesse, mais Josselin a rejoint la ville pour aider Baudouin. Il parvient à y déjouer le complot de quelques arméniens qui se disposaient à livrer la ville aux Turcs[13],[14].

La partie du comté dÉdesse sur la rive orientale de lEuphrate est constitué de quelques villes imprenables entourées de campagnes dépeuplées et razziés par les Turcs, alors que de la rive occidentale, autour de Turbessel est en pleine prospérité. En 1113, Baudouin, ruiné par les invasions turques, sempare de Turbessel au détriment de son seigneur Josselin de Courtenay, qui se retire dans le royaume de Jérusalem le roi Baudouin lui confie la principauté de Galilée. Profitant de la présence de Baudouin à Turbessel, des arméniens tentent à nouveau de livrer la ville à Mawdud, mais le complot est découvert et Baudouin ordonne le 11 mai 1113 que tous les arméniens soient expulsés de la ville dÉdesse. En février 1114, une grâce leur permet de revenir dans la ville. Un seigneur arménien de Kaisun, entre le comté et la Cilicie, Vasil Dgha, accepte dêtre inféodé aux Turcs et Baudouin décide de le soumettre, pour éviter dêtre pris en tenaille. Vasil Dgha tente de demander secours auprès de Thoros, seigneur des montagnes ciliciennes, mais ce dernier livre Vasil à Baudouin, qui sempare de Kaisun et de Raban. Puis Baudouin élimine les derniers seigneurs arméniens de Bira et de Gargar, quil remplace par des seigneurs francs. Grousset explique qu'à partir de cette date, l'existence d'une seigneurie purement franque voisine d'une principauté purement arménienne (La Petite Arménie) vont diminuer les risques d'interférences dans leur politique intérieure et renforcer la collaboration franco-arménienne[15],[16].

Josselin Ier de Courtenay

Le roi Baudouin Ierde Jérusalem meurt le 2 avril 1118 au moment Baudouin du Bourg quitte Édesse pour faire ses dévotions à Jérusalem. Il y arrive le jour des obsèques du roi et, avec laide dArnoul de Roeux, patriarche de Jérusalem, et de Josselin de Courtenay avec qui il sest réconcilié, incite les barons de la Haute Cour du Royaume à voir sa candidature dun œil favorable, au détriment des droits dEustache III de Boulogne, le frère du défunt roi. Baudouin est élu et sacré roi de Jérusalem le 14 avril 1118[17]. En retour, Baudouin, qui avait confié temporairement le comté dÉdesse à un de ses cousin, Galéran du Puiset, linféode définitivement à Josselin Ier de Courtenay à la fin du mois daoût 1119[18],[16].

Mais il est capturé en 1122 par Balak, ainsi que le roi Baudouin II qui sest porté à son secours. La régence du comté est assurée par Geoffroy le moine, seigneur de Marach. Par fidélité, une vingtaine de soldats arméniens se rendent à Kharpout, ils sont détenus et tentent un coup de force qui réussit à libérer Josselin, mais échoue pour Baudouin II. Josselin se venge ensuite en ravageant les alentours dAlep, qui appartiennent à Balak, puis il participe à la coalition franco syrienne contre Aq Sonqor Bursuqî, atabeg de Mossoul en 1124. Puis des incursions lui permettent de progresser vers lest et détendre le comté dÉdesse jusquau cours du Tigre vers Mardin et Amida. En 1131, alors quil assiège le château de Tell-Arran, devenu un repaire de brigands, pour le détruire, il est pris dans un éboulement dune sape et grièvement blessé. Il apprend peut après que Ghazi Gumuchtegin, émir danishmendide, envahit louest de ses états et constatant que son fils Josselin refuse de sy rendre, estimant manquer de troupes, se rend en litière pour faire face à larmée de Ghazi. Ce dernier préfère se retirer, tant Josselin avait fait preuve de sens militaire par le passé, et Josselin meurt à Doulouk, laissant le comté à son fils qui sétait montré timoré[19].

Josselin II et la chute du comté

Fin et chute du comté d'Édesse, de 1131 à 1150.

Josselin II de Courtenay, le nouveau comte, va rapidement montrer quil na pas lenvergure de son père. Il commence par soutenir les prétentions de la princesse Alix dAntioche contre Foulques dAnjou, roi de Jérusalem, mais le roi reprend facilement les choses en main. En 1138, il participe avec Raymond de Poitiers à la croisade franco-byzantine contre Alep et participe au siège de Shaizar, mais les Francs ne soutiennent que mollement les actions byzantines, si bien que lempereur Jean II Comnène finit par abandonner lentreprise, ruinant les espoirs de faire dAlep un nouvel état latin. Vers 1141-1143, Josselin conclut une alliance avec les Orthoqides, également menacé par Zengi. Cette alliance aurait pu être de taille à vaincre Zengi, mais les Orthoqides, se rendant compte du caractère brouillon de Josselin, préfèrent y mettre fin et se rapprocher de Zengi. Josselin est alors isolé, car il sest brouillé avec Raymonde de Poitiers, prince dAntioche Zengi décide alors denvoyer une armée qui prend Édesse le 23 décembre 1144, puis Saruj en février 1145. Il assiège Bira en mars 1145, mais ne parvient pas à prendre la ville[20].

Zengi est assassiné le 15 septembre 1146 et Josselin II en profite pour reprendre Édesse le 27 octobre 1146. Mais Nur ad-Din le fils de Zengi, assiège de nouveau la ville, d Josselin senfuit le 2 novembre 1146. Édesse est reprise peu après et sa population chrétienne, quelle soit syriaque ou arménienne, est massacrée[21].

Josselin II se replie sur Turbessel. La prise dÉdesse a suscité une seconde croisade en Europe et larrivée de cette croisade fournit un répit aux restes du comté dÉdesse, réduits à la rive ouest de lEuphrate. Mais les croisés, au lieu de chercher à combattre Zengi et à reprendre Édesse, se tournent contre Damas, pourtant des alliés des Francs. Quand ils repartent vers lEurope, en 1149, Nur ad-Din reprend loffensive. Le 29 juin 1149, il bat les Francs dAntioche à Maarratha et tue Raymond de Poitiers[22].

Pendant quil sempare dune partie de la principauté dAntioche, Josselin sadonne à la luxure et aux plaisirs et fait persécuter les chrétiens syriaques, au lieu de chercher à assurer la défense du comté. Mas`ûd Ier, sultan seldjoukide de Qonya en profite pour prendre Marash et assiéger Turbessel, mais lintervention du roi Baudouin III de Jérusalem loblige à battre retraite. Qâra Arslan, émir orthoqide de Kharpout, sempare de Gargar en 1150. Josselin est capturé le 4 mai 1150 alors quil se rend à Antioche et emprisonné à Alep, il meurt en 1159. Sa femme Béatrice tente de défendre Turbessel au nom de son fils Josselin III mais, dépassée, obtient laccord du roi Baudouin III pour vendre ses possessions (c'est-à-dire Turbessel, Doulouk, Rawadan et Aintab et leurs environs) aux Byzantins en août 1150[23]. Ces derniers sont incapables de défendre leur nouvelles possessions et Turbessel est prise par Nur ad-Din le 12 juillet 1151[24].

Organisation féodale

Les comtes dÉdesse

Article détaillé : Liste des comtes d'Édesse.

Bien que cet état soit létat latin lOrient le plus éloigné du royaume de Jérusalem, les liens familiaux entre les comtes dÉdesse et les rois de Jérusalem ont particulièrement resserré les liens féodaux entre les deux états, mettant le comté dÉdesse sous la suzeraineté effective du roi de Jérusalem.

Baudouin de Boulogne, le premier comte, ne lest pas resté longtemps. En 1100, il prend à Jérusalem la succession de son frère Godefroy de Bouillon, devient le roi Baudouin Ier et confie le comté à un de ses cousins, Baudouin du Bourg, qui lavait accompagné à Édesse. Lorsque Baudouin Ier meurt, les barons du royaume lui choisissent comme successeur Baudouin du Bourg, qui est couronné sous le nom de Baudouin II. Après avoir confié la régence du comté à un de ses cousins, Galéran du Puiset, il finit par inféoder Édesse à un autre cousin, Josselin de Courtenay. Cest ainsi que les comtes dÉdesse tenaient leur fief directement de la main du roi de Jérusalem, contrairement à la principauté dAntioche et au comté de Tripoli, la succession sest très rapidement faite sur le mode de lhéritage filiatif, même si, lors de labsence dun seigneur majeur, le roi de Jérusalem était régent de droit de ces principautés.

Les principaux fiefs

Le comte dÉdesse avait plusieurs vassaux, le plus souvent des seigneurs arméniens qui sétaient mis sous la protection franque afin de résister à la pression musulmane. Par la suite, ces fiefs étaient passés directement aux mains de nobles francs.

La seigneurie de Bira

Dès 1099, Baudouin de Boulogne se rend maître de Bira (Birecik (en)), ou qui est un point stratégique, car la ville lui assure un point de passage sur l'Euphrate et donc des communications avec la principauté d'Antioche. Dans un premier temps, il laisse la ville à un chef arménien du nom d'Abelgh'arib[25] de la famille des Pahlavouni[26]. Mais à partir de 1115, le comte Baudouin du Bourg cherche à éliminer la noblesse arménienne à la suite de plusieurs complots, assiège Bira en 1117 et prend la ville. Abelgh'arib se retire à la cour de Thoros II, prince d'Arménie, et Baudouin donne le fief à son cousin Galéran du Puiset, qui épouse la fille d'Abelgh'arib[27]. Après la prise d'Édesse, Zengi tente de prendre Bira, mais doit lever le siège à cause d'une émeute à Mossoul. Bira est cédé en 1150 avec le reste du comté d'Édesse aux Byzantins, qui la perdent en 1151[28].

seigneurs de Bira

La seigneurie de Marach

Vingt cinq ans avant la venue des croisades, Marach est confiée à Philaretos Brakhamios par Romain IV Diogène, empereur byzantin. À la suite de la bataille de Manzikert, en 1071, Philaretos profite de son isolement de l'empire pour se tailler une principauté en Cilicie et autour d'Édesse et Antioche, mais ses possessions sont prises par les Turcs et seul Mar'ash reste en son pouvoir[29]. Il meurt entre 1086 et 1092, mais Mar'ash reste arménienne, et quand les Croisés l'atteignent le 13 octobre 1097, ils la rendent aux Byzantins, qui y nomment gouverneur un arménien du nom de Thatoul[30].

Bohémond de Tarente, prince d'Antioche tente de prendre la ville en l'assiégeant en 1100, mais il lève le siège pour secourir Gabriel de Malatya et est capturé peu après par les Turcs[31]. En 1104, ce sont les Francs d'Édesse, conduit par Josselin de Courtenay, alors seigneur de Turbessel, qui assiègent et prennent la ville. Mar'ash devient alors une seigneurie franque, donnée à plusieurs seigneurs successifs, dont tous ne sont pas connus. Parmi eux, il y a Geoffroy le moine, régent du comté d'Édesse en 1122 pendant la captivité de Josselin de Courtenay. Le dernier seigneur, Renaud, est tué en même temps que Raymond de Poitiers lors de la bataille d'Inab, le 28 juin 1149. Josselin II réunit alors la seigneurie au comté, mais néglige de lui attribuer une garnison suffisante et Mas'ûd Ier s'empare de la ville le 11 septembre 1149[32].

seigneurs de Marach
  • 1097-1104 : Thatoul, gouverneur arménien pour Byzance
  • 1104-1108 : Roger de Salerne († 1119), ensuite régent d'Antioche[33].
  • avant 1119-1124 : Geoffroy le Moine († 1124)
  • avant 1136-1146 : Baudouin de Marach (tué à Édesse en novembre 1146)
  • 1146-1149 : Renaud († 1149), marié à Agnès de Courtenay

La seigneurie de Mélitène

La ville de Malatya est tenue par l'arménien Gabriel, qui l'a reçu de Philaretos Brakhamios. Menacé par les Danismendides, il demande successivement l'aide et la protection de Bohémond de Tarente, prince d'Antioche (en 1100), puis de Baudouin du Bourg, comte d'Édesse, en 1101, en offrant à ce dernier la main de sa fille Morfia. Mais la population syriaque de Malatya se révolte et livre la ville à Danichmend, qui fait tuer Gabriel.

seigneur de Malatya

La seigneurie de Turbessel

Turbessel est l'une des premières possessions de Baudouin de Boulogne, car la population arménienne de la ville se révolte au début de lannée 1098 contre sa garnison, lors de son passage en direction dÉdesse. En mars 1098, Baudouin de Boulogne est comte dÉdesse, et il reçoit en aout son frère Godefroy de Bouillon qui a quitté Antioche en raison de la peste qui y sévit. Baudouin lui donne en fief Ravendel et Turbessel, mais ce dernier les lui rend en novembre, quand la croisade repart en direction de Jérusalem. En 1101, le comte Baudouin du Bourg accueille à Édesse un de ses cousins, Josselin de Courtenay et lui donne Turbessel en fief. Josselin seconde Baudouin dans ses entreprises contre les musulmans, mais les incursion turques qui pillent les campagnes à lest de lEuphrate entre 1110 et 1113 appauvrissent le domaine comtal de Baudouin. Au contraire, la seigneurie de Turbessel, à louest de lEuphrate est en pleine prospérité, protégée par le fleuve. La mésentente sinstalle entre les deux seigneurs francs, et Baudouin finit par confisquer la seigneurie, qui est ensuite rattachée au domaine comtal et devient lune des résidences des comtes dÉdesse. Après la prise d'Édesse, en 1144, Turbessel devient la capitale du comté, avant d'être cédée aux Byzantins en 1150, puis prise par Nur ad-Din en 1151[34].

seigneurs de Turbessel 

Notes et références

  1. Grousset 1934, p. 50-4
  2. Jean-Claude Cheynet (dir.), Le monde byzantin, vol. II : L'Empire byzantin (641-1204), coll. « Nouvelle ClioL'histoire et ses problèmes », Presses universitaires de France, Paris, 2006 (ISBN 978-2-13-052007-8), p. 433.
  3. Grousset 1934, p. 54-61 et 118-121
  4. Grousset 1934, p. 120-4
  5. Grousset 1935, p. 818-9.
  6. Grousset 1935, p. 820-1.
  7. Grousset 1934, p. 259-263.
  8. Grousset 1935, p. 819-820.
  9. Grousset 1934, p. 442-3.
  10. Grousset 1934, p. 445-457.
  11. Grousset 1935, p. 822-3.
  12. Grousset 1934, p. 473-483.
  13. Grousset 1934, p. 488-495 et 510-2.
  14. Grousset 1935, p. 823-4.
  15. Grousset 1934, p. 524-532.
  16. a et b Grousset 1935, p. 825.
  17. Grousset 1934, p. 566-9.
  18. Grousset 1934, p. 572-3.
  19. Grousset 1935, p. 826-9.
  20. Grousset 1935, p. 829-834.
  21. Grousset 1935, p. 834-836 et 200-5.
  22. Grousset 1935, p. 264-270.
  23. Grousset 1935, p. 275-293.
  24. Grousset 1935, p. 294-5.
  25. Grousset 1934, p. 132.
  26. Grousset 1934, p. 796.
  27. Grousset 1934, p. 531.
  28. Grousset 1934, p. 189-192.
  29. Grousset 1934, p. 52 et 109.
  30. Grousset 1934, p. 110 et 120.
  31. Grousset 1934, p. 423.
  32. Grousset 1935, p. 279.
  33. Grousset 1935, p. 823.
  34. Grousset 1934, p. 182 et 524-7.

Annexes

Sources

  • René Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, Payot, coll. « Bibliothèque historique », Paris, 1949 (réimpr1979), 648 p. (ISBN 2-228-12530-X) 
  • René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem, Perrin, Paris, 1936 (réimpr1999)  :
    • I. Lanarchie musulmane1095-1130, 1934 (ISBN 2-262-02567-X).
    • II. Léquilibre1131-1187, 1935 (ISBN 2-262-02568-1).

Articles connexes

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