- Scherzos (Chopin)
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Scherzos de Chopin
Les quatre scherzos de Frédéric Chopin sont des œuvres pour piano composées entre 1831 et 1842.
De ces scherzos Alfred Cortot disait « Ce sont des jeux, cependant, mais terrifiants; des danses, mais enfiévrées, hallucinantes; elles semblent ne rythmer que l'âpre ronde des tourments humains ». Comme pour les Nocturnes, les Polonaises ou les Études, Chopin se réapproprie un matériau musical traditionnel, en l'occurrence le scherzo, et le transcende totalement. Ici, on pourrait presque employer un anachronisme en qualifiant ces scherzos d'« expressionistes ». Romantique certes, mais d'un romantisme noir et tranchant. L'aspect léger et divertissant du scherzo semble comme troublé, déformé et « dérangé » par les assauts graves et fiévreux du génie de Chopin, par ses fulgurances et ses audaces harmoniques. Chez Chopin, le scherzo n'est pas une plaisanterie comme les autres, elle est empreinte d'un voile obscur et inquiétant qui élève le genre vers des sommets d'expressivités. Bref, le scherzo du polonais n'a pas d'équivalent. Pour exemple, le seul point commun avec les scherzos de Beethoven est la mesure à 3/4 durant les mouvements très rapides.
Sommaire
Scherzo n°1 en si mineur, op.20
Peut-être esquissé fin 1830 à Vienne[1], probablement continué autour de 1831-1833 à Paris[2], peut-être terminé fin 1834[3], et édité en février 1835[4] par Maurice Schlesinger[5] avec le sous-titre "Le banquet infernal" (contre l'avis de Chopin). Il est "Dédié à M. T. Albrecht" (monsieur Thomas Albrecht, consul de Saxe à Paris, ami de Chopin).
Parfois surnommée le « Banquet Infernal », cette pièce virtuose aurait été composée selon la légende durant une nuit d'angoisse dans la cathédrale de Vienne. En effet la première partie est imprégnée de frayeur et d'agitations frénétiques, effroi que le magnifique second thème plus lent occulte quelques instants avant que l'aspect déchainé et dramatique du 1er mouvement ne fasse sa réapparition.
Scherzo n°2 en si bémol mineur, op.31
Composé en 1837 à Paris. Edité en 1837 à Paris et Londres, et en 1838 à Leipzig. Il est dédié à la comtesse Adèle de Fürstenstein.
Le scherzo débute par ses célèbres triolets mystérieux, qui du goût de Chopin n'étaient jamais joués assez piano. Par la suite, la pièce se développe dans une diversité fabuleuse de couleurs et de sentiments, marquée par un motif central intensément mélodique d'autant plus qu'il survient de manière totalement inopinée. Aux contrastes sombres répondent d'enchanteresses envolées lyriques et joyeuses. L'une des marques de fabrique de Chopin.
Scherzo n°3 en do dièse mineur, op.39
Composé en 1838 et 1839 à Paris et Majorque. Edité en 1840. Il est dédié à Adolf Gutmann, élève de Chopin.
De nouveau une œuvre très virtuose, traversée de staccatos et ponctuée d'un délicat ruissellement de notes dans sa partie centrale, ruissellement que l'on retrouve plus loin, guidé par un accompagnement plus sombre et mélancolique , avant que l'œuvre ne s'achève avec mouvement et vitesse.
Scherzo n°4 en mi majeur, op.54
Composé en 1841 et 1842 à Nohant et Paris. Edité en 1843, à Londres en 1845. Dédicace à Jeanne de Caraman, et dans l'édition de Paris à sa sœur, Clothile de Caraman. Elles furent toutes deux élèves de Chopin.
L'unique scherzo en majeur, le moins violent, le moins sombre. Il peut évoquer une improvisation tant sa structure est de premier abord imprévisible. La pièce est remplie d'allégresse et de douce mélancolie.
Références
- ↑ Chopin calendary for 1830 [1]
- ↑ Frédéric Archambeaud, notes de programme, auditorium de Dijon, janvier 2006 (fichier PDF)
- ↑ Chopin calendary for 1834 [2]
- ↑ Frederick Niecks, Frederick Chopin as a Man and Musician, Volume 2, Third Edition (1902) (livre entier)
- ↑ Chopin calendary for 1835 [3]
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