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Salon des Refusés
Salon des Refusés Localisation Paris, Palais de l’Industrie Pays France Type Art Date de première édition 1863 Organisateur Comité des artistes refusés Le Salon des Refusés se tint à Paris en 1863 à l'initiative de Napoléon III. Ce Salon est l'une des illustrations de l'émergence, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, d'une modernité en peinture, en opposition avec le goût officiel.
Sommaire
Les raisons de sa création
Cette année là le jury du Salon des artistes français, désigné par les membres de l'Académie, refusa plus de 3 000 œuvres sur les 5 000 envoyées. Face à cette « hécatombe » le salon fut vigoureusement contesté par les postulants exclus, dont Antoine Chintreuil qui sera l'un des initiateurs du Salon des Refusés. À l'époque, le Salon est la seule façon pour un artiste de se faire connaître et d'acquérir une reconnaissance officielle, unique moyen d'obtenir des commandes publiques et une clientèle.
L’empereur Napoléon III informé du conflit, décida qu’une exposition des refusés se tiendrait au Palais de l’Industrie, bâtiment construit pour l’exposition Universelle de 1855 et qui précéda le Grand Palais (Paris) (Monument consacré à la gloire de l’art français ainsi qu’il est gravé sur son fronton, construit pour l’Exposition universelle de 1900, où se tiennent les Salons d'artistes vivants depuis lors).
La décision de Napoléon III fut publiée dans le Moniteur universel du 24 avril 1863 : « De nombreuses réclamations sont parvenues à l’Empereur au sujet des œuvres d’art qui ont été refusées par le jury de l’Exposition. Sa Majesté, voulant laisser le public juge de la légitimité de ces réclamations, a décidé que les œuvres d’art refusées seraient exposées dans une autre partie du Palais de l’Industrie. Cette exposition sera facultative, et les artistes qui ne voudraient pas y prendre part n’auront qu’à informer l’administration qui s’empressera de leur restituer leurs œuvres.'' » Cette décision fut largement contestée par l’Académie et les artistes officiels de l’époque.
L'organisation de l'exposition
Un catalogue des artistes refusés ayant accepté de présenter leurs œuvres fut composé par le comité des artistes refusés qui s’était constitué entre temps. Néanmoins, nombreux furent ceux qui retirèrent leurs œuvres et n’exposèrent pas cette année là. On dénombre cependant 871 participants.
La préface du catalogue manifestait la détermination des non-admis et leur regret du désistement de nombreux refusés : « Ce catalogue a été composé en dehors de toute spéculation de librairie, par les soins du comité des artistes refusés par le jury d’admission au salon de 1863 ; sans le secours de l’administration et sur des notices recueillies de tous côtés à la hâte. (…) En livrant la dernière page de ce catalogue à l’impression, le comité a accompli sa mission tout entière ; mais en la terminant, il éprouve le besoin d’exprimer le regret profond qu’il a ressenti, en constatant le nombre considérable des artistes qui n’ont pas cru devoir maintenir leurs ouvrages à la contre-exposition. Cette abstention est d’autant plus regrettable, qu’elle prive le public et la critique de bien des œuvres dont la valeur eût été précieuse, autant pour répondre à la pensée qui a inspiré la contre-exposition, que l’édification entière de cette épreuve, peut-être unique, qui nous est offerte. »
L’exposition se tint donc dans le Palais de l’Industrie en 1863 mais fut un échec complet pour les artistes présents. En effet, l’exposition des refusés n’eût pas lieu les années suivantes. Il faudra attendre 1884, avec la création du Salon des Artistes Indépendants pour que tous les artistes puissent présenter leurs œuvres librement, sans qu’elles soient soumises à l’appréciation d’un jury. La devise de ce Salon : « Sans jury ni récompenses », témoignait de son désir de liberté. Le Salon des Indépendants poursuit aujourd’hui encore la mission qu’il s’était donnée alors.
Peu de réaction de la presse à l’égard de ces refusés parmi lesquels se trouvaient « peintre de la modernité » : Pissarro, Manet avec trois tableaux : Le bain (appelé aujourd’hui Le déjeûner sur l’herbe, Mademoiselle V. en costume d’Espada, Un jeune homme en costume de majo), Harpignies, Fantin-Latour, Whistler, Jongkind.
Quelques articles probablement inspirés par l’Académie sont là pour tourner cette affaire à son avantage et plus spécifiquement à celui du jury, tel l'article de Maxime Du Camp, ami de Gustave Flaubert, dans la Revue des Deux Mondes : « … Cette exhibition à la fois triste et grotesque est une des plus curieuses qu’on puisse voir. Elle prouve surabondamment, ce que du reste on savait déjà, que le jury se montre toujours d’une inconcevable indulgence. Sauf une ou deux exceptions très discutables(...) on y rit comme aux farces du Palais-Royal(…). »
Sa pérennité
A partir de 1882, les critiques à l’égard du jury se faisant de plus en ressentir, la Troisième République, par la voix de Jules Ferry, libérait les artistes de la tutelle de l’Etat, lors de l'inauguration du Salon.
En 1895, Raymond Poincaré inaugurant à son tour le Salon, évoqua le discours de Jules Ferry : « Fermer ou suspendre vos expositions, ce serait un peu, pardonnez-moi la comparaison, comme si l’on s’avisait, sous le régime parlementaire, d’interdire l’accès de la tribune... L’État, messieurs, est impartial et éclectique. Il ne donne pas de conseils, il ne propage pas de théories... La tâche de l’État n’est donc pas de favoriser des genres, de donner des directions, d’immobiliser la vie dans le cadre des leçons artificielles... »
L’État en laissant aux artistes la liberté de se gouverner eux-mêmes et en les abritant sous la verrière du Grand-Palais, a ainsi donné à Paris l’opportunité d’accéder au titre de Capitale des Arts.
Cette conception du rôle de l’État en matière artistique, accueillie avec enthousiasme à l’époque, correspond tout à fait à l’idée que s’en font les artistes encore aujourd’hui.
Toutefois, les contestations envers la politique culturelle de l’État ont ressurgi ces dernières décennies du fait de l'attitude du ministère de la Culture qui promeut un genre artistique appelé « art contemporain » et abandonne la grande masse des milliers d'artistes vivants qui se manifestent dans les divers Salons historiques du Grand-Palais. Ces artistes, regroupés au sein du Comité de défense des artistes du Grand-Palais depuis 1987 mènent une action permanente tant auprès de leur ministère de tutelle que des élus, afin de retrouver la place qui était la leur au sein du Grand-Palais, dans les conditions d’origine. L'inscription gravée dans la pierre du bâtiment témoigne de sa destination : « Ce monument a été consacré par la République à la gloire de l'art français ». Depuis la construction du Grand Palais qui, rappelons-le a été conduite par des artistes des Salons : les architectes émanaient du Salon des artistes français, ainsi que les sculpteurs, mosaïstes et autres décorateurs qui ornèrent le Grand-Palais. Dès l'ouverture, le Salon des artistes français (dont l'origine remonte au XVIIe siècle) occupait l'intégralité du bâtiment pour son exposition annuelle -et non la nef seule qui, elle, était consacrée uniquement à la sculpture. A cette époque, le Salon était ouvert chaque année plus de deux mois au public. En 2009, les 6 Salons historiques du Grand-Palais se dérouleront sur 5 jours et la gratuité accordée autrefois à ceux-ci n'est plus.
Les Salons historiques du Grand-Palais sont les garants de la diversité artistique en France.
(Consulter la très intéressante thèse de Gilles Plum sur le Grand-Palais)
Influence dans le monde
Den Fie Udstilling ou "Exposition Libre" Organisation Danoise fondée en 1891 pour protester contre les conditions de participation aux expositions de Charlottenborg (Exposition officielle)
Bibliographie
- Fernand Desnoyers, Salon des refusés. La peinture en 1863, A. Dutil, Paris, 1863
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Catégories : Exposition d'art | Peinture française
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