- Sainte Philomène
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Sainte Philomène est une sainte de l'Église catholique romaine, célébrée le 10 ou le 11 août, à propos de laquelle il existe de nombreuses incertitudes[1].
Sommaire
Histoire
Le 24 mai 1802, alors qu’on recherchait des tombes de martyrs romains dans les Catacombes de Priscilla, on découvrit un tombeau. On l’ouvrit le 25 mai.
Trois dalles en terre cuite avaient été placées devant le tombeau. Elles comportaient des inscriptions peintes en rouge dans l'ordre suivant : LUMENA - PAXTE - CUM FI. Par ailleurs sur ces trois dalles, étaient également peints en rouge plusieurs emblèmes : une ancre (symbole d'espérance et de martyre), une palme (symbole du triomphe des martyrs), deux flèches, orientées vers le haut et le bas, ainsi qu'une lance et un lys (symbole de pureté).
Le tombeau ouvert, on découvrit des restes humains ainsi qu'une ampoule de verre contenant du sang desséché. Les médecins présents constatèrent que le crâne avait été fracturé et que les restes étaient ceux d'une jeune fille âgée entre 12 et 15 ans. En raison des emblèmes et de la fiole de sang on crut qu’il pouvait s’agir de la tombe d'un martyr.
Le 10 août 1805, les reliques furent transférées à l'église de Mugnano del Cardinale, dans le diocèse de Nola (près de Naples) et conservées sous un des autels. Le 4 août 1827 Léon XII fit présent à l'église des trois dalles en argile, avec l'inscription que l'on peut voir dans l'église encore aujourd'hui. En se fondant sur des révélations privées faites à une religieuse de Naples et sur une explication possible des emblèmes peints sur les blocs à côté de l'inscription, Francisco Di Lucia, l'humble chanoine de l'église de Mugnano, qui avait rapporté les reliques de Rome, composa le récit du martyre supposé de sainte Philomène.
À la suite de merveilleuses faveurs (guérisons, miracles de toute sorte) obtenues après des prières devant les reliques de la sainte à Mugnano, sa dévotion se diffusa rapidement et le pape Grégoire XVI, lui-même témoin de la guérison miraculeuse de Pauline Jaricot, mais après avoir prudemment fait mener des enquêtes sur la question, finit par autoriser le culte de la sainte in honorem s. Philumenae virginis et martyris. Initialement fixée au 10 août la fête de Sainte Philomène fut déplacée au 11 août sous Léon XIII.
En 1961, l'Eglise supprime la fête de Philomène des calendriers liturgiques. Car d'elle on ne sait finalement pas grand-chose avec certitude, à commencer par l'ordre des trois dalles devant son tombeau qui a jeté une certaine suspicion. La première dalle aurait dû être placée en dernier de manière à donner : "Pax tecum Filumena" (La paix soit avec toi, Philomène). Philomène a-t-elle été enterrée à la hâte, comme certains le soutiennent, ou bien les dalles ne correspondent tout simplement pas avec le corps enterré, comme d'autres le prétendent, et conclure au martyre dans de telles conditions serait impossible ?
Mais c'est surtout le nom de "Philomène", qui a posé problème : on retrouva quelque temps plus tard une autre plaque qui donnait "filomena theou", "aimée de Dieu". Philomène n'apparaissait plus comme un nom propre mais seulement un qualificatif.
Saint Pie X, pape, disait d'elle le 6 juin 1907 : « Ah ! Sainte Philomène ! Je suis bien attristé par ce que l’on écrit à son sujet. Est-ce possible de voir de telles choses ? Comment ne voient-ils pas que le grand argument en faveur du culte de sainte Philomène, c’est le Curé d’Ars ? Par elle, en son nom, au moyen de son intercession, il a obtenu d’innombrables grâces, de continuels prodiges. Sa dévotion envers elle était bien connue de tous, il la recommandait sans cesse. On lut ce nom Filumena sur sa tombe. Que ce soit son propre nom ou qu’elle en portât un autre [...] peu importe. Il reste, il est acquis que l’âme qui informait ces restes sacrés était une âme pure et sainte que l’Église a déclarée l’âme d’une vierge martyre. Cette âme a été si aimée de Dieu, si agréable à l’Esprit-Saint, qu’elle a obtenu les grâces les plus merveilleuses pour ceux qui eurent recours à son intercession… ».
En tout état de cause, Philomène est le nom que l'Église catholique continue de donner à la jeune fille dont les restes sont vénérés à Mugnano. Et malgré sa disparition du calendrier liturgique, sainte Philomène reste une sainte officielle de l'Eglise catholique. Elle est la sainte patronne du Rosaire Vivant et des Enfants de Marie.
Controverse
L'existence de sainte Philomène en tant que martyre a été mise en doute à partir du début du XXe siècle. La publication par l'archéologue Oracio Marucchi de ses Osservazioni archeologiche sulla Iscrizione di S. Filomena dans Miscellanea di Storia Ecclesiastica, Vol. 2, 1904, pp. 365-386 fut le point de départ de la controverse. Ce qui attrista Saint Pie X (voir plus haut). Mais l'idée fit son chemin. La Catholic Encyclopedia, qu'on ne saurait taxer d'hostilité au catholicisme, n'hésitait pas à écrire dans son édition de 1911 : « En se fondant sur de prétendues révélations faites à une religieuse de Naples et sur une explication fantaisiste et indéfendable des peintures allégoriques trouvées sur les blocs à côté de l'inscription, Di Lucia, un chanoine de l'église de Mugnano, composa dans le goût romantique un récit purement imaginaire du martyre supposé de sainte Philomène, qui n'est mentionné dans aucune source antique. » Peu à peu, l'idée que les restes de Mugnano n'étaient peut-être pas ceux d'une martyre remporta de plus en plus d'adhésion au sein même de l'Eglise catholique, même si l'infaillibilité pontificale est normalement engagée dans une canonisation.
Jusqu'au pape Jean XXIII, le culte de la sainte continua, même s'il était de plus en plus sujet à caution.
En 1961, la sainte fut rayée du calendrier par la Sacrée Congrégation des Rites. L'affaire semble avoir fait alors peu de bruit ; on assiste depuis à un certain retour du culte de sainte Philomène.
Les partisans de la sainte rappellent en effet que les papes se sont engagés sur la question, et prétendent que puisqu'elle a réalisé des miracles, puisque le saint curé d'Ars a cru en elle, tout cela constitue assez de preuves pour admettre son authenticité.
Références
- nominis.cef.fr Nominis : Sainte Philomène.
Voir aussi
Liens externes
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- Naissance à Corfou
- Saint catholique
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