- Sacrifice (aux échecs)
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Sacrifice (jeu d'échecs)
Pour les articles homonymes, voir Sacrifice (homonymie).Aux échecs, on parle de sacrifice lorsqu'on donne une pièce ou un pion à l'adversaire afin d'en tirer un avantage positionnel ou matériel.
Sommaire
Types de sacrifice
On parle de vrai sacrifice quand les compensations sont uniquement positionnelles, et que la perte de matériel est durable et l'issue incertaine. Un pseudo sacrifice est en réalité une combinaison dans laquelle du matériel est initialement concédé, mais récupéré ensuite de façon forcée[1].
Les vrais sacrifices ne donnent pas de résultats directs et facilement appréciables. On peut obtenir des compensations pour le matériel sacrifié, mais même après quelques coups, il n'est généralement pas évident que les chances de gain ont été influencées positivement par le sacrifice. Les vrais sacrifices sont aussi appelés sacrifices spéculatifs ou sacrifices positionnels.
On peut encore classer les sacrifices selon le type d'avantage recherché :
Le pseudo sacrifice
Le but du pseudo sacrifice est :
- de donner l'échec et mat
- le but du pseudo sacrifice est souvent de mater le roi adverse. Le mat étant le but du jeu, la perte de matériel importe peu si le mat suit. Les sacrifices menant au mat font généralement partie de suites de coups forcées avec des échecs, qui réduisent les possibilités de l'adversaire.
- d'éviter la défaite
- à l'inverse, le sacrifice peut s'inscrire dans une combinaison qui mène au pat ou à l'échec perpétuel, ou créer une forteresse, de forcer la nulle d'une autre façon, ou encore d'éviter une perte de matériel encore plus importante.
- le gain matériel
- un sacrifice peut être le début d'une combinaison qui mène à la récupération ultérieure du matériel sacrifié, voire de plus de matériel que celui qui a été investi dans le sacrifice. Un cas particulier est le sacrifice qui aboutit à la promotion d'un pion.
- la simplification
- même si le sacrifice conduit à une réduction immédiate du matériel, un joueur qui a déjà un avantage matériel peut décider de restituer cet avantage en totalité ou en partie pour aboutir à une position où le chemin de la victoire est plus facile.
On peut encore sous-catégoriser en fonction du mécanisme qui est à la base de son fonctionnement, bien que quelques types de sacrifices entrent dans plusieurs catégories[2] :
- le sacrifice de déviation
- le but est de soustraire une pièce à une case où elle joue un rôle particulier.
- le sacrifice de destruction
- le but est de supprimer une pièce adverse dont la valeur est théoriquement inférieure, mais dont le rôle est plus crucial dans la position, et qui aboutit à la prise de contrôle de cases clés de la position.
- le sacrifice magnétique
- similaire à la déviation, mais le but est ici de déplacer une pièce vers une case de moindre importance, plutôt que de la déplacer d'une case importante.
- le sacrifice d'évacuation
- le but est d'évacuer la case initiale de la pièce sacrifiée pour l'occuper avec une autre pièce.
- le sacrifice pour le tempo
- le joueur qui sacrifie n'empêche pas son adversaire de gagner du matériel parce qu'il poursuit un but plus important pendant que l'adversaire perd des tempi à capturer ses pièces, comme une attaque contre le roi adverse ou mener un pion à la promotion.
- le sacrifice suicide
- le joueur cherche à se débarrasser de ses pièces pour conduire au pat.
Le vrai sacrifice
On peut classer les vrais sacrifices de la façon suivante :
- l'attaque contre le roi
- un joueur peut sacrifier une pièce ou un pion pour ouvrir des lignes à proximité du roi adverse, pour obtenir un avantage d'espace à l'aile roi, pour détruire ou endommager les pions qui abritent le roi, ou pour garder le roi adverse au centre. Cependant, le chemin vers le mat peut rester obscur ou ne pas exister. Si l'adversaire parvient à repousser l'attaque tout en conservant le matériel, il gagnera souvent la partie. Le sacrifice grec (Fxh7+) en est un exemple.
- le développement
- il est courant de donner un pion dans l'ouverture pour accélérer le développement. Les gambits entrent dans cette catégorie. Le matériel sacrifié pour le développement est souvent restitué par l'adversaire pour éviter que l'avantage de développement ne se transforme en menace plus sérieuse, comme une attaque sur l'aile roi.
- stratégique ou positionnel
- de façon générale, tous les vrais sacrifices ont pour but d'obtenir un avantage positionnel. Cependant, il existe des sacrifices dont la compensation ne consiste qu'en l'ouverture d'une diagonale ou d'une colonne, ou en la création d'une faiblesse dans le camp adverse, et pour lesquels il n'y a aucune certitude de transformation en avantage tangible. Ce sont les sacrifices les plus difficiles, ils impliquent une profonde compréhension stratégique de la position.
- sacrifice de fou
- le but est de sacrifier un fou contre un pion tôt dans la partie pour empêcher l'adversaire de roquer.
On peut aussi distinguer les sacrifices forcés des non-forcés. Les sacrifices forcés ne laissent pas d'autre option à l'adversaire que la capture du matériel offert, car les autres choix le laisseraient avec un désavantage matériel sans compensation. Les sacrifices non-forcés laissent le choix à l'adversaire de capturer ou non le matériel offert. Une erreur courante est de ne pas réaliser qu'un sacrifice adverse peut être décliné sans risque.
Exemples
Un sacrifice de déviation
Levon Aronian – Peter Svidler, Mémorial Tal, Moscou 2006, après 24. exd4?? Dans la position du diagramme[3], la dame d3 des Blancs est en haut d'une échelle, et la tour d1 est au pied. Aronian joue 24.exd4??, ouvrant la colonne e pour la tour noire. Après 24...Te1+, les Blancs sont contraints à l'abandon, car après 25.Txe1 (ou 25.Df1 Txf1+ 26.Txf1), la dame est perdue.
On dit parfois qu'on tire l'échelle pour qualifier ce type de sacrifice de déviation : l'échelle est constituée de la Td1 et de la Dd3 et après le départ de la tour de sa case, la dame reste en l'air, non protégée, comme si on avait tiré l'échelle sous elle[4].
Un sacrifice pour éviter la défaite
Les Noirs ont joué 1...Dxg3? et les Blancs forcent la nulle avec 2.Dg8+! Rxg8 (tous les autres coups conduisent les Noirs au mat) 3.Txg7+! L'intention des Blancs est de donner des échecs continuels sur la 7e, et si les Noirs capturent la tour, c'est pat.
Ce sauvetage d'Evans a été appelé le swindle du siècle[5]. On appelle aussi parfois la pièce qui s'offre ainsi à la capture un desperado.
Un sacrifice non forcé
Cette fois-ci, Reshevsky se voit offrir un sacrifice. Les Blancs viennent de jouer h2-h4. Si les Noirs prennent le cavalier, ils se font mater sur la colonne h, mais ils se contentent d'ignorer l'appât et continuent leur développement.
Un sacrifice positionnel
Les Noirs ont joué 1...d4! 2.Cxd4 Cd5. En échange du pion sacrifié, les Noirs ont obtenu une colonne semi-ouverte, une diagonale, un avant-poste en d5 et ont crée un pion arriéré blanc en d3. Cependant, il n'est pas clair que ces compensations soient suffisantes. La partie se finit par une nulle.
Voir aussi
Bibliographie
- Andrew Soltis. The Art of Defense in Chess. McKay Chess Library, 1975. (ISBN 0-679-14108-1).
- Leonid Shamkovich. The Modern Chess Sacrifice. Tartan Books, 1978. (ISBN 0-679-14103-0).
- Israel Gelfer. Positional Chess Handbook. B. T. Batsford Ltd., 1991. (ISBN 0-7134-6395-3).
- Evans-Reshevsky États-Unis 1963
Notes et références
- ↑ Rudolf Spielmann souligne la différence entre vrai et pseudo sacrifice dans son livre L'Art du Sacrifice aux échecs.
- ↑ Cette classification a été présentée par Hans Olav Lahlum dans une série d'articles du magazine Norsk Sjakkblad
- ↑ Aronian-Svidler 2006
- ↑ en anglais on parle du (en)Hook & Ladder Trick Chess Life Dana Mackenzie
- ↑ (en)Stalemate! Jack O’Keefe, Michigan Chess Association.
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