Assemblée des élus socialistes de Wallonie de 1961 à St-Servais

Assemblée des élus socialistes de Wallonie de 1961 à St-Servais

L’Assemblée des élus socialistes de Wallonie réunit à Saint-Servais le 13 janvier 1961, 400 mandataires du Parti socialiste belge élus en Wallonie, soit des députés, des sénateurs et des bourgmestres. Elle se réunit également au cœur de la Grève générale de l'hiver 1960-1961, au moment où celle-ci, donnant des signes d'essoufflement, les syndicalistes demandaient l'ouverture d'un front politique.

L'assemblée, ses tendances, ses résolutions

L'assemblée se tint à huis-clos et fut parfois virulente. Trois tendances semblent avoir dominé les débats: une première (surtout conduite par les parlementaires) a condamné les violences de la grève, une deuxième, moins importante, voulait condamner le meneur de la grève André Renard, enfin une troisième tendance très fédéraliste s'est affirmée[1].

Cette assemblée se définit comme suit

« Les députés, sénateurs, députés permanents et bourgmestres socialistes des arrondissements wallons, réunis à Saint-Servais, sous la présidence de Joseph Martel, après un mois de grève cruelle et farouche des travailleurs wallons, dont ils sont solidaires, se constituent en assemblée de représentants légitimes et majoritaires du Peuple wallon[2]. »

La résolution votée insiste sur le fait qu'ils remettent leurs mandats à la disposition du Parti (mais Renard demandait que les parlementaires remettent leur démission, ouvrant ainsi un second front politique qu'il appelait de ses voeux). Elle constate aussi

«  que la politique centraliste accentue et accélère la détérioration de la situation économique de la Wallonie et pose brutalement le problème des structures politiques de la Belgique[3]. »

.

Enfin les élus socialistes réclament pour la Wallonie le droit de disposer d'elle-même [4]

L'adresse au roi

Les élus socialistes de Wallonie rédigèrent ensuite une adresse au roi, rappelant que Jules Destrée avait déjà mis en garde en 1912 contre le danger que faisaient courir au pays des institutions unitaires mal adaptées à la réalité ou à la dualité de la Belgique. rappelant les luttes sociales pour l'obtention du suffrage universel, pour l'amélioration des conditions de vie, ils dressent ensuite un tableau de ce qu'on appellera en ces années le déclin wallon:

«  Hélas! tandis que nos pères conquéraient difficilement des conditions de vie meilleures, les richesses naturelles de la Wallonie s'épuisaient, l'importance de sa population fléchissait, son précieux élan industriel souffrait des faiblesses d'un régime économique qui, soucieux du profit immédiat, se révéla bientôt incapable d'un effort cohérent et soutenu d'organisation. Nos industries ont vieilli et peu à peu beaucoup d'entre elles sont mortes, victimes de la concentration capitaliste, mais aussi de leur inadaptation aux méthodes et aux formes modernes de production. Partout en Wallonie, le long de nos vallées et au flanc de nos collines, de sinistres squelettes d'usines attestent de cette ruine progressive [...] Pendant ce temps, le patronat transportait ses entreprises anciennes ou nouvelles vers le pays flamand, avec l'espoir d'y trouver une main d'œuvre plus abondante et moins onéreuse. Il transférait à Bruxelles, siège de tous les pouvoirs nationaux, ses banques, ses sociétés et leurs bureaux[5].  »

Disant ensuite que les socialistes wallons rappellent en vain cela depuis un demi-siècle, ils soulignent l'aspiration des travailleurs de Wallonie à échapper à l'emprise d'un majorité parlementaire flamande, affirment que L'évolution de la Belgique donne au Peuple wallon le sentiment de n'être ni compris, ni entendu de ceux qui gouvernent le pays. [6] et demandent enfin que la Constitution soit révisée afin de garantir les Wallons contre le profond déséquilibre interne dont souffre le pays.

Pierre Tilly estime que cette assemblée était en retrait par rapport aux demandes d'André Renard proposant la démission[7], des députés et sénateurs socialistes wallons. Au contraire, Robert Moreau, lui-même syndicaliste et adjoint d'André renard à l'époque, écrit que la crainte de voir s'organiser la résistance, voire la rébellion des pouvoirs locaux et provinciaux dans la plus grande partie et, qui plus est, la partie vitale de la Wallonie, a pesé infiniment plus lourd que toutes les empoignades du Parlement National[8]

Notes

  1. La Cité du 14 janvier 1961
  2. Robert Moreau Combat syndical et conscience wallonne, Institut Jules Destrée, FAR, EVO, Charleroi, Liège, Bruxelles, 1984, p. 177
  3. cité par R.Moreau, ibidem
  4. cité par Jean Ladrière, Jean Meynaud, François Perin, La décision politique en Belgique, CRISP, Bruxelles, 1965, p. 103
  5. Robert Moreau, 4Combat syndical et conscience wallonne, op. cit., p. 179
  6. R. Moreau, ibidem
  7. Pierre Tilly, André Renard, Le CRi, Bruxelles, p. 626
  8. R. Moreau, Combat syndical et conscience wallonne, op. cit. , p. 181

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Assemblée des élus socialistes de Wallonie de 1961 à St-Servais de Wikipédia en français (auteurs)

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