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Robert Boyaval
Robert Boyaval, le « chantre des Pays Miniers » est un poète français né le 9 juin 1923 et décédé en 2002.
Biographie
Robert Boyaval est né à Douai le 9 juin 1923. Fils de mineur, il s'initie aux métiers de la mine puis à divers petits emplois avant de devenir pompier volontaire au début de la Seconde Guerre mondiale. En 1943, alors que Douai est occupé, il rejoint l’école de gendarmerie de Pamiers. Il est ensuite affecté à Somain (59) afin de participer à la résistance (médaille militaire en 1962).
Autodidacte, il se passionne pour les œuvres de Marceline Desbordes-Valmore et le patois picard à travers les écrits de Jules Mousseron, Théophile Denis ou Louis Dechristé . Diplômé d’études criminelles de la Faculté de Droit de Lille, il s'attachera à défendre la Justice et la Liberté notamment en s'impliquant dans la lutte contre la maltraitance des enfants.
Dès 1946, il participe à de nombreux concours littéraires régionaux, nationaux et internationaux et devient membre actif et d’honneur de plusieurs académies de France et de l’étranger, dont la Société des gens de lettres de France.
Il sera titulaire de nombreux prix et récompenses, de distinctions françaises et étrangères (l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Arras, lui a décerné 21 médailles ; les « Violetti picards », 31 médailles en poésie et prose ; la Haute Académie internationale de Lutèce à Paris, lui a décerné en 1968 son Grand Prix international).
Il a participé à plusieurs anthologies et revues. Certaines œuvres ont été traduites et publiées en Grèce, en Roumanie, au Portugal, aux États-Unis, en Bulgarie, en Chine... Les distinctions affluent alors de tous les continents. Il a enregistré 38 œuvres à Radio-Lille pour l’émission Terrils et Corons durant les années 1951 à 1954. La peinture, sa seconde passion lui apportera également la reconnaissance de diverses académies locales. Il reçut en outre les Palmes académiques en 1962 (au titre de l’Éducation nationale) pour services rendus aux Arts et Lettres, le titre de Chevalier de l’Ordre national du Mérite en 1978 et des Arts et Lettres en 1988.
En 1978, il revient s'établir à Douai, dans son quartier natal et à proximité de Cuincy où il se remémore ses souvenirs d'enfance. Il participe activement aux manifestations culturelles avec "l'Académie des Tiots Pères" de Douai ainsi qu'à de nombreuses journées des auteurs régionaux à travers le Nord-Pas de Calais.
Il décèdera le 28 juillet 2002 suite à une longue maladie.
Son œuvre
Son œuvre, en grande partie, honore le monde de la mine et le Pays Noir tout entier qu’il connaît si bien et dont il est si fier. Il a écrit plusieurs recueils de poésie française, dialectale (picard) et de contes pour les enfants :
- Au Pays des « Gueules Noires », éd. G.E.P., 1966, préface d’André Canivez. Poésies patoises
- Terrils et Corons, éd. G.E.P., 1968, préface d’Émile Poiteau. Poésies patoises. Prix Wicar de la Société des Sciences et Arts de Lille
- Dans la Cité de Gayant, éd. G.E.P., 1968, préface d’André Bouchier. Poésies patoises.
- Amours et Paysages, éd. G.E.P., 1968. Couronné par la Société nationale d’encouragement au bien et l’Académie des arts et sciences d’Arras.
- Dans le Pays de Flandre, éd. G.E.P., 1969, préface de Fernand Carton. Poésies patoises. Prix Wicar de la Société des sciences et arts de Lille.
- Contes du jeudi, éd G.E.P.,1969, préface de Marie-Louise Perot. Contes pour enfants. Couronné par l’Académie des Jeux floraux de Tunis et le Club des intellectuels français.
- La Ronde joyeuse, éd. G.E.P., 1969, préface de Simone Hoffmane. Poèmes pour enfants. Couronné par l’Académie classique de la Côte d’Azur.
- Les Perles de rosée, éd. G.E.P., 1970, préface de Renée Mauger-Kauffmann. Poèmes pour enfants. Prix miroir 1971 et Société d’encouragement au bien.
- Nouveau Contes du jeudi, éd. G.E.P., 1970, préface de Graziella Hansotte. Contes pour enfants. Couronné par l’Académie des Arts-Sciences-Lettres d’Arras.
- D'ombre et de lumière, éd. G.E.P., 1973, préface de Georges Linze. Couronné par l’Académie des Arts-Sciences-Lettres d’Arras.
- Près des Terrils, éd. G.E.P., 1981. Poésies patoises, préface de M.G Guy de Sart. Couronné par l’Académie des arts et sciences d’Arras.
- À la gentille école, éd. d’auteur, 1984. Poèmes pour enfants, préface d’Hélène Fuchs.
- De terre et de sang, éd. d’auteur. Poèmes, 1985, illustré par Krystel Boyaval, préface de Gaston-Henry Aufrere.
- Le Jardin merveilleux, éd. d’auteur, 1987. Poèmes pour enfants, illustré par Krystel Boyaval, préface de Jean Guirec.
L'QUINQUET
Bin avant qu'in installe au mitan d'no demeureEin' nouvelle invintion, qu'in a dit bin meilleure.
Bin avant qu'nous arrive ed'dins nos viux corons,
Dins no cher Pays noir aux sympathiqu's maisons,
L'jonne électricité aveuc es' viv' leumière,
In vivot quand mêm' bin et no joi' tot intière.
In f'sot ein chint d'piquet,
Tous autour du quinquet.
Quand in étot gamin, in arvénant d'l'école,
In s'assiyot à l'tape ed'vant l'lampe à pétrole.
Si in étot tros, quate et qu'in dévot s'serrer,
Fallot queujir l'indrot pour és' trouver l'pu près.
Et pi chà disputot, fallot vir queulle histoire,
Certains étot't dins l'ombe et leu page étot noire !
In véyot berloquer
Alors el bon quinquet !
Ech'tot ainsi chaqu' soir, pou ein rin, ch'tot la guerre,
In s's'rot mêm' démolis et in s'roulot par terre !
Et fallot vir commint in liquidot les d'voirs,
Pou aller s'amuser dins les coins les pu noirs !
In n'pinsot qu'à s'mucher, in arcachot el lampe,
Car éclairant l'cuisine, én' s'y trouvot point l'lampe !
In attrapot l'hoquet,
Au bon temps du quinquet
Quand in faisot d'travers, parfos mêm' sans raison,
In pouvot vadrouiller aux quat' coins dé l'maison !
Pou éviter l'chinture et pou n'pas kaire ed'su,
In avot cor vit' fait d'gagner l'derrièr' dé ch'fu.
Par el leumièr' si pâle in n'véyot pu nos gampes,
In tot là anichés, én' pinsant point aux crampes !
In tot vit' désaqués,
Quand faiblichot l'quinquet !
Quand el jonne homme au soir allot vir es maîtresse,
Cha n'minquot point non pu, ej vous jure ed tindresse.
Il avot fin bel air aveuc les biaux-parints
Et tout in dévisant, i trompot ches brav's gins !
Assis près dé s'promisse, es génou n'tot point stape,
Quand i tot't là à deux, accoudés ed'vant l'tape !
Les bas n'pouvot't craquer
A ch'temps là, sous l'quinquet !
Ch'tot, in peut l'avouer, ein' invintion pratique,In n'éclairot qu'eun' pièche, ech'tot bin poétique.
Aussi à ch'momint là, in véyot l'z amoureux
Partir dé l'cuisine et saquer l'port' derrière eux.
In n'y véyot pu rin, mêm' point ein filet d'ompe,
Telmint tout étot brun, telmint tout étot sompe !
I pouvot't s'pourléquer,
Pas trop lon du quinquet
Mais l'pu amusant, quand in tot in ménache,El leurnièr' nous mettot bin pu d'chint cops in nache !
Quand el pétiot infant, berloquant sin berceau,
N'artrouvot pu s'chuchette et brayot à séyau.
I fallot vit' sauter pou alleumer l'leumière,
Ein bon momint passot et pi in cassot l'vierre !
In r'grettot d'êt' couqué,
Pou briser ch'pauv quinquet !
Il a su présider el soir ed bell's veillées,Que d'affair's, heureus'mint, n'ont été surveillées !
Es flamme a sursauté à ches biaux évén 'mints
Et a su êt' complice aux amours, aux gamins.
In n'peut qu'achteur y rinde ein solennel hommache,
Car 1'électricité a brulé vite es plache.
Du pétrole déquerqué,
S'in est dallé l'quinquet...
In ara eu dé l'joie et aussi ein peu d'peine
Ed ringer dins l'placard cheull' lamp' qui étot reine :
In a eu, à vrai dire, ein tiot serr'mint au coeur,
Al nous avot donné des chers momints d'bonheur !
Aussi in l'ravisant, là, tout seu dins l'armoire,
In arpinse au bon temps qu'in n'a pas voulu croire.
In n'peut pu qu'l'astiquer,
Ech' vénérab' quinquet !
Robert Boyaval
Voir aussi
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