René gilouin

René gilouin

René Gillouin

René Gillouin (1881-1971), intellectuel de la droite traditionaliste, écrivain, critique littéraire, journaliste et homme politique.

Né à Aouste (Drome) le 11 mars 1881, René Gillouin est protestant, fils de pasteur. Il est le frère de Charles Gillouin ( 1882-1922 )[1]. Il est élève des lycées de Tournon, Ampère à Lyon et Henri IV à Paris. Il est ancien élève de l'Ecole normale supérieure.

Disciple d'Henri Bergson puis de l'Action française et de Charles Maurras[2], Gillouin est l'auteur de nombreux ouvrages de critique littéraire (sur Maurice Barrès et Jean Moréas, notamment). Il est membre du Cercle Fustel de Coulanges. Il collabore à plusieurs revues, comme la "Revue hebdomadaire". Avant la Seconde Guerre mondiale, il demande l'interdiction de la pièce de Jean Cocteau, "Les parents terribles", qu'il qualifie "d'immorale, d'antifamiliale et d'antisociale"[3]. Il est membre du Centre d'études des problèmes humains, fondé en 1936 par Alexis Carrel, qui devient sous Vichy la Fondation française pour l'étude des problèmes humains, instituée par la Loi du 17 novembre 1941, revue le 14 janvier 1942. Il est alors membre de son Comité exécutif.

Fonctionnaire, il fait carrière dans les bureaux du conseil municipal de Paris, jusqu'en 1931. A cette date, le 6 décembre, il est élu conseiller municipal de la capitale, dans le VIe arrondissement. Il a été vice-président du conseil municipal de Paris. En 1937, il fut directeur du Rassemblement national, fondé l'année précédente en réaction au Front populaire.

Il fut de l'été 1940 jusqu'en 1942 l'un des intimes et l'un des conseillers de Pétain et il l'aurait aidé à rédiger plusieurs discours radiodiffusés. Il aurait par exemple rédigé l'article paru dans la "revue des deux mondes" du 15 septembre 1940, "La politique sociale de l'avenir", p. 113-117. Ceux du 13 aout 1940 et du 18 juillet 1941 selon Henry du Moulin de Labarthète, chef du cabinet civil du maréchal[4]. Thuriféraire et doctrinaire de la Révolution nationale, il écrit "Doctrine de l'Etat français" en 1941, publié par "La Revue universelle" en juillet ). Cette année-là, lors d'une de ses conférences, à Saint-Etienne, il définit le nouvel Etat: "Cet Etat se distingue du régime ancien par quatre caractéristiques: il est national, autoritaire, hiérarchique et social. Il est doté d'un pouvoir absolu, c'est-à-dire indépendant. Il reconnait les valeurs spirituelles et respecte la dignité humaine. Il reconnait les groupes naturels tels que famille et profession"[5]. Selon lui, ce nouvel Etat se devait de bannir de son sein, et de dépouiller de toute influence dirigeante, les individus et les groupes qui pour des questions de race ou de convictions, ne pouvaient ou ne voulaient sosucrire au primat de la patrie française. Aux premiers rangs desquels il plaçait les juifs[6]. Dans la "Revue des deux mondes" du 15 février 1942, il publie un article intitulé "La démocratie contre l'Etat" dans lequel il en appelle à la constitution d'une "aristocratie d'Etat", définie comme "une élite d'hommes capables de penser et d'oeuvrer individuellement ou en équipes et qui aient le sens, l'amour, le culte de l'Etat"[7].

Il s'est cependant opposé au statut des juifs et aux rafles antisémites à partir de l'été 1941, comme son ami le pasteur Marc Boegner qui, par l'entremise de Gillouin, a envoyé au maréchal une lettre de protestation. Il écrit lui aussi à Pétain une lettre de protestation après le message du 10 octobre[8]. En décembre 1941, les Allemands et le ministre de l'intérieur Pierre Pucheu s'opposent à sa nomination comme conseiller municipal de Paris et il est révoqué.

Il se retire de la vie politique en 1942, se réfugiant dans sa maison de Vaisons-la romaine puis il passe en Suisse en 1943 et échappe ainsi à l'Epuration.

Durant les années 50, il collabore à La Nation française de Pierre Boutang et Michel Vivier. Il est vice-président du Centre d'études politiques et civiques, club de réflexion fondé en 1954, dont il est l'un des principaux animateurs. Jusqu'à sa mort, Gillouin compte parmi les sympathisants de l'Action française demeurés nostalgiques du régime de Vichy et du maréchal (J'étais l'ami du maréchal Pétain..., Paris, Plon, 1966).


Oeuvres

  • "La comtesse Mathieu de Noailles: biographie critique", E. Sansot et cie, 1908
  • "La philosophie de Henri Bergson", Grasset, 1911
  • "Idées et figures d'aujourd'hui", 1919
  • "Questions politiques et religieuses", B. Grasset, 1925
  • "Esquisses litteraires et morales", B. Grasset, 1926 ( recueil d'articles parus à la "Semaine littéraire de Genève" )
  • "Le destin de l'Occident", 1929
  • "Hitler peint par lui-même", Imp. La Technique du Livre, 1939
  • "L'homme moderne bourreau de lui-même", Le Portulan, 1951
  • "Trois études politiques: La constitution qu'il faudrait à la France: Les quatre principes de la légitimté démocratique. Le problème social et le communisme", Collection Ecrits politiques, Ecrits de Paris, 1951
  • "J'étais l'ami du marechal Petain", Plon, 1966 ( préface du pasteur Boegner )


Sources

  • Angelo Tasca, "La France de Vichy", Archives inédits d'Angelo Tasca, sous la direction de David Bidussa et de Denis Peschanski, 1995
  • Yvan Combeau, Philippe Nivet, "Histoire politique de Paris au XXe siècle: une histoire locale et nationale", Presses Universitaires de France, 2000
  • Pierre-André Taguieff, Grégoire Kauffmann, Michaël Lenoire, "L'antisémitisme de plume: 1940-1944", Berg, 1999, p. 58-59
  • Michel Leymarie, Jacques Prévotat, "L'Action française: culture, société, politique", Presses Univ. Septentrion, 2008
  • Gabriel Boillat, "La Librairie Bernard Grasset et les lettres françaises", Volume 3, Librairie H. Champion, 1988
  • Louise Weiss, "La Résurrection du chevalier: juin 1940-août 1944", Volume 2, A. Michel, 1974
  • Jeanne Merle d'Aubigné, Violette Mouchon, Emile C Fabre, "Les Clandestins de Dieu: CIMADE 1939-1945", Labor et Fides, 1989, p. 16
  • Raymond Brugère, "Veni, vidi Vichy ... et la suite: Témoignagnes, 1940-1945", Deux-Rives, 1953
  • Jean-Michel Barreau, "Vichy, contre l'école de la République: théoriciens et théories scolaires de la "Révolution nationale", Flammarion, 2001
  • Francis Bergeron, Philippe Vilgier, "De Le Pen à Le Pen: une histoire des nationaux et des nationalistes sous la Ve République", D.M. Morin, 1986

Notes et références

  1. René Gillouin a publié un écrit intime de son frère, le docteur Charles Gillouin , "Journal d'un Chrétien philosophe" (1932 ). Cf Yves Marie Hilaire, Jean Marie Mayeur, André Encrevé, "Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine", Volume 5, Editions Beauchesne, 1993, p. 220
  2. René Gillouin, "Cahiers Charles Maurras", n° 8-16, 1963
  3. Francine Muel-Dreyfus, "Vichy et l'éternel féminin: contribution à une sociologie politique de l'ordre des corps", Editions du Seuil, 1996, p. 47-48
  4. Henry du Moulin de Labarthète, "Le temps des illusions. Souvenirs. juillet 1940-avril 1942", A l'enseigne du cheval ailé, 1947, p. 155
  5. Monique Luirard, "Le Forez et la Revolution Nationale", Université de Saint-Etienne, 1972, p. 79
  6. Norbert Bel-Ange, " Quand Vichy internait ses soldats juifs d'Algérie: Bedeau, sud oranais, 1941-1943",L'Harmattan, 2006, p. 31
  7. "Les Résistances, miroirs des régimes d'oppression, Allemagne, France, Italie" in "Annales littéraires de l'Université de franche-Comté, volume 794, p. 294
  8. Maurice Rajsfus, "N'oublie pas le petit Jésus: l'Eglise catholique et les enfants juifs, 1940-1945", Manya, 1994; Jacques Poujol, "Protestants dans la France en guerre: 1939-1945. Dictionnaire thématique et biographique", Éditions de Paris, 2000, Georges Wellers, André Kaspi, Serge Klarsfeld, "La France et la question juive: 1940-1944", Centre de documentation juive contemporaine, S. Messinger, 1981


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