- Rayon N
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Les rayons N sont d'hypothétiques rayons découverts par le physicien René Blondlot. L'erreur, de bonne foi pense-t-on aujourd'hui, n'aura duré qu'un an et fut révélée par Robert W. Wood dans la revue Nature en septembre 1904.
Le physicien René Blondlot (1849-1930) commit l'une des plus grandes erreurs du XXe siècle en physique expérimentale : l'annonce de rayonnements auxquels il avait donné l'initiale de sa ville, Nancy, et donc baptisé les rayons N. Pourtant, après nombre de communications et de visites d'autres chercheurs dans son laboratoire, il fut établi que ces rayons n'existaient que dans son imagination et celle des assistants et chercheurs visiteurs qu'il réussissait à persuader de leur effet (altération par exemple de la flamme d'une bougie).
Cela avait néanmoins valu à Blondlot le prix de l'Académie des sciences début 1904. Guillaume II, intéressé, avait même demandé à des chercheurs allemands de lui préparer une démonstration sur le sujet. Celle-ci ne put jamais être mise en place.
Blondlot avait entraîné dans son entreprise plusieurs autres chercheurs :
- Charpentier, pour leur rapport avec le système nerveux ;
- Adolf Bernhard Meyer, sur l'émission par les végétaux[réf. nécessaire] ;
- Fred Dayton Lambert, sur l'émission par les ferments solubles ;
- Jean Becquerel, fils du découvreur de la radioactivité, qui présenta ses communications à l'Académie des sciences ;
- André Broca, agrégé de physique à la faculté de médecine, lui-même fils de Paul Broca;
- Colson, professeur de chimie à l'École polytechnique ;
- Bagard, professeur à la Faculté des sciences de Dijon.
L'erreur fut révélée par Robert W. Wood dans la revue Nature en septembre 1904[1] (article traduit un mois plus tard dans la Revue scientifique[2]) à la suite d'une manipulation simple : l'enlèvement par ses soins du dispositif déclencheur n'avait pas empêché l'« observation » des effets attendus. Le rêve des rayons N aura duré à peine un an.
Blondlot avait sans doute été poussé de bonne foi par l'air du temps qui cherchait de nouvelles radiations depuis que Wilhelm Röntgen avait découvert les rayons X et Henri Becquerel la radioactivité. Cette affaire incita à plus de précautions dans les expérimentations, et à réaliser dans certains cas des expériences dans une procédure dite de double aveugle limitant tout biais inconscient d'observation des résultats.
Loin d'être inutile, cette expérience a apporté d'importants enseignements, mais sur les processus cognitifs et non en physique, et est depuis souvent citée dans ce cadre.
Références
- (en) Robert W. Wood, « The n-Rays », dans Nature, vol. 70, no 1822, 29 septembre 1904, p. 530–531 (ISSN 0028-0836) [texte intégral, lien DOI].
- (fr) « La question de l'existence des rayons N », dans Revue scientifique, vol. 2, 5e s., no 17, 22 octobre 1904, p. 536–538 (ISSN 0370-4556) [texte intégral].
Catégories :- Histoire de la physique
- Théorie scientifique obsolète
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