Ramzan Kadyrov

Ramzan Kadyrov
Ramzan Kadyrov
Dmitry Medvedev 25 July 2008-1.jpg
Mandats
Président de la République de Tchétchénie
2 mars 2007
Élection 15 février 2007
Président du gouvernement Odes Baïsoultanov
Prédécesseur Alou Alkhanov
Biographie
Nom de naissance Ramzan Akhmadovitch Kadyrov
Conjoint Medni Kadyrova

Ramzan Akhmadovitch Kadyrov (en russe : Рамзан Ахмадович Кадыров), né le 5 octobre 1976 à Tsenteroi (Tchétchénie) est un homme politique russe actuel président de la République de Tchétchénie (sud de la Russie) depuis le 15 février 2007.

Il fut le Premier ministre par intérim du 17 novembre 2005 au 28 février 2006, après l'accident de voiture de son prédécesseur Sergueï Abramov. Il entre en fonction comme Premier ministre le 4 mars 2006 avec approbation du Parlement de la république. C'est la première fois depuis la fin du conflit avec le centre fédéral que la Russie autorise la nomination en Tchétchénie d'un premier ministre d'ethnie tchétchène et non d'ethnie russe.

Il a été explicitement accusé de l'assassinat de Natalia Estemirova, le 15 juillet 2009, par l'ONG Memorial. Plusieurs associations travaillant à la défense des droits de l'homme considèrent que, s'il n'a peut-être pas lui-même exécuté le crime, il en a à tout le moins « absous par avance les auteurs ».

Sommaire

Biographie

Après que son père, le président tchétchène et ancien grand mufti Akhmad Kadyrov a été assassiné le 9 mai 2004, il devient vice-premier ministre de la République de Tchétchénie.

Également à la tête des Services de sécurité de la présidence tchétchène (les Kadyrovtsy), Kadyrov a souvent été accusé d'être violent et antidémocrate[1].

Il reçoit le soutien du président Vladimir Poutine et s'engage dans une lutte de pouvoir pour diriger l'armée avec les chefs de guerre tchétchènes Soulim Yamadaïev et Saïed-Magomed Kakiev qui représentent chacun des intérêts politiques différents.

En décembre 2005, après un grave accident de voiture du premier ministre Sergueï Abramov à Moscou (qui est considéré comme n'étant pas un acte terroriste), Ramzan Kadyrov devient premier ministre de Tchétchénie par intérim. Après une longue période de convalescence, Abramov donne finalement sa démission, le 28 février 2006, au profit de Ramzan Kadyrov.

Avec un contrôle direct et indirect de 12 000 à 34 000 hommes armés, souvent d'anciens combattants anti-russes chevronnés, Ramzan est en réalité le véritable maître de la Tchétchénie, à côté du nouveau parlement docile. Publiquement pro-fédéral et ostensiblement anti-wahhabite, se montrant souvent à côté de Vladimir Poutine, il prône, d'un autre côté, une islamisation des mœurs et des coutumes tchétchènes et agit souvent en nationaliste radical.

Lors de la crise internationale des caricatures de Mahomet, Ramzan Kadyrov, le 7 février 2006, interdit de présence en Tchétchénie les organisations non gouvernementales danoises, où l'une d'entre elles travaille activement dans le domaine humanitaire.

Le 15 février 2007, il est nommé par Vladimir Poutine, président par intérim après la démission de Alou Alkhanov. Il devient officiellement président le 2 mars.

En 2004, Ramzan Kadyrov est décoré par Vladimir Poutine de la médaille du Héros de la Russie, la plus haute distinction du pays. Il a également été nommé académicien de l'Académie des sciences naturelles de la Russie et de celle de la République Tchétchène.

Ramzan Kadyrov est marié et a 5 enfants.

Pour son trente-cinquième anniversaire le 5 octobre 2011, des vedettes acceptent son invitation pour des montants inconnus : Kevin Costner, Jean-Claude Van Damme, Hilary Swank, Eva Mendes, Vanessa Mae (celle-ci pour 500 000 dollars, selon la presse locale).

Suspicion de crimes

Historique

Dans l'un de ses derniers articles publié le 11 septembre 2006, la journaliste assassinée Anna Politkovskaïa écrivit : « Qu'est-ce que le syndrome Kadyrov ? On peut le caractériser par les traits suivants que sont l'insolence rustre et la cruauté masqués par du courage et de l'amabilité. En Tchétchénie les Kadyrovsky frappent les hommes et les femmes à partir du moment où ils pensent que c'est nécessaire. Ils les décapitent de la même façon que leurs ennemis wahhabites. Et tout ceci est justifié et commenté par les plus hautes autorités comme des « détails permettant de placer les Tchétchènes en faveur de la Russie. » »

Un proche de Kadyrov, Adam Delimkhanov, vice-premier ministre tchétchène et député à la Douma de Russie Unie, est accusé le 5 avril 2009 par la police de Dubaï d'avoir commandité le meurtre du chef de guerre pro-russe Soulim Iamadaïev. De nombreux meurtres d'opposants à Kadyrov ont eu lieu depuis septembre 2008, notamment entre septembre et janvier 2009, Mussa Assaev, Islam Djanibekov, Gazi Edilsoultanov tous tués à Istanbul et le 13 janvier 2009, Oumar Israïlov tué à Vienne. Israïlov avait évoqué les prisons privés de Kadyrov.

Selon Le journal Le Monde,

« Avec la bénédiction de Moscou, Kadyrov semble donc bénéficier d'un droit de vie et de mort sur ses sujets[2].
Les opposants de Kadyrov — six au total — ont donc été assassinés en de multiples endroits situés hors de Tchéchénie : Vienne, Istanbul, Dubaï, et Moscou[2]. »

Selon l'hebdomadaire L'Express, le président tchétchène est aidé dans sa tâche par le Service fédéral russe de sécurité (le FSB), ainsi que par le réseau diplomatique russe à l'étranger[3].

Sont venus se rajouter ensuite les assassinats de Natalia Estemirova (15 juillet 2009 à Grozny), puis début août 2009, toujours à Grozny, de la responsable d'une organisation caritative pour les enfants, Sauvons les générations, Zarema Sadulayeva et son mari Alik Dzhabrailov, trouvés dans le coffre d'une voiture, tués par balle[4],[5]

Assassinat de Natalia Estemirova (15 juillet 2009)

Rencontre à Moscou, au Kremlin, entre Vladimir Poutine et Ramzan Kadyrov (à droite), le 14 février 2008.

Suite au meurtre, le 15 juillet 2009, de Natalia Estemirova, qui travaillait pour la défense des droits de l'homme en Tchétchénie, la Fédération internationale des droits de l'homme a déclaré :

« Si M. Kadyrov n'est pas directement responsable de ce meurtre, il en a en tout cas clairement à l'avance absous les auteurs. Et les autorités russes ont accepté cela sur leur sol, elles ont laissé faire, elles en portent la responsabilité[6]. »

L'ONG Memorial a déclaré que la Russie souffrait de terrorisme d'état. Le président de Memorial, Oleg Orlov, a affirmé que Ramzan Kadyrov avait menacé Natalia Estemirova et que Dmitry Medvedev, le président de la Russie, n'avait pas d'objections à ce que Ramzan Kadyrov, lui-même président de la Tchétchénie, soit un meurtrier[7]. Oleg Orlov a formellement accusé Ramzam Kadyrov, le président pro-russe de Tchétchénie, disant :

« Je sais, je suis sûr de l'identité du coupable, nous le connaissons tous, son nom est Ramzan Kadyrov[8]. »

Selon l'association Human Rights Watch, dans cette région, « les enlèvements sont encore une pratique courante pour se débarrasser de ceux qui critiquent le pouvoir[6]. »

Anne Le Huérou, de la Fédération internationale des droits de l'homme, a ajouté à cette occasion :

« Beaucoup de défenseurs des droits de l'Homme comparent le régime de Kadyrov aux années 1936-1938, lors de la pire période de la terreur stalinienne. Il semble que désormais, le seul choix restant soit de se rallier à Ramzan Kadyrov[6]. »

Suite aux accusations de Memorial, Ramzan Kadyrov a porté plainte auprès de la Direction de la police de Moscou contre les propos dits « diffamatoires » et « calamiteux » du président de l'association, Oleg Orlov, auquel Ramzan Kadyrov a rappelé la notion de présomption d'innocence[9]. Ramzan Kadyrov a réclamé de ce fait 10 millions de roubles (227 000 Euros) à Oleg Orlov.

Le 6 octobre 2009 le tribunal civil Tverskoï à Moscou a condamnée Oleg Orlov, de l'ONG Memorial, à verser à Kadyrov 20.000 roubles de dommages et intérêts, soit 450 euros, et à publier un démenti sur son site internet. Memorial a de son côté été condamnée à 50.000 roubles (1.140 euros) de dommages et intérêts[10].

Annexes

Notes

Références

  1. voir notamment Douloureuse Russie, Journal d'une femme en colère, Anna Politkovskaïa, 2006
  2. a et b Le Monde du samedi 26 septembre 2009, page 9
  3. Tchéchénie, Les tueurs du président Kadyrov, sur lexpress.fr. Consulté le 5 novembre 2011
  4. Head of children's charity shot dead in Chechnya, Conor Humphries, Reuters, August 11, 2009
  5. La responsable d'une organisation caritative retrouvée morte en Tchétchénie, sur Al-Jazeera.net, 11 août 2009
  6. a, b et c Le Monde, 16 juillet 2009, « Natalia Estemirova ou la mort à petit feu des droits de l'homme en Tchétchénie » sur lemonde.fr (consulté le 17 juillet 2009)
  7. Déclaration de la Memorial society au sujet du meurtre de Natalia Estemirova, 15 juillet 2009, computer translation
  8. Le Nouvel Observateur, le 16 juillet 2009 sur nouvelobs.com (consulté le 17 juillet 2009)
  9. Meurtre de Mme Estemirova: Kadyrov attaque Mémorial pour diffamation. Dépêche de RIA Novosti. Le 17/07/2009
  10. Russie: Mémorial condamné pour atteinte à l'honneur de Kadyrov. AFP. Le 6 oct. 2009

Articles connexes

Liens externes


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