- Pétroleuse
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Les pétroleuses est le terme qualifiant une femme accusée d’avoir employé du pétrole pour allumer des incendies, en 1871, lors de l’écrasement de la Commune de Paris par les Versaillais. On affubla, particulièrement après l’incendie de l’Hôtel de ville de Paris (24 mai 1871), ce terme aux femmes qui avaient pris part aux combats armés, faisant d’elles les boucs émissaires du vandalisme survenu pendant la Semaine sanglante.
Sommaire
Histoire
Des recherches récentes par les historiens de la Commune de Paris, comme Robert Tombs et Gay Gullickson, ont révélé qu’il n’y en fait eu aucun incident avéré d’incendie volontaire, et qu’aucune femme n’avait réellement été condamnée comme incendiaire. Parmi les milliers de communardes présumées jugées après la Commune, seule quelques unes furent reconnues coupables, et qu’elles avaient été condamnées pour avoir tiré sur les troupes versaillaises, et non comme incendiaires. Lorsque les archives sont devenues consultables au XXe siècle, la consultation des actes des procès officiels pris par les autorités versaillaises révèlent que ces accusations sont dénuées de fondement, et qu’aucune femme n’a jamais condamnée pour incendie criminel. Les bâtiments incendiés à la fin de la Commune ne l’ont pas été par des pétroleuses. L’Hôtel de Ville fut détruit par les membres de la Garde nationale pendant leur retraite. Les bâtiments le long de la rue de Rivoli brulèrent au cours des combats de rue entre les Communards et les troupes versaillaises, tandis que d’autres bâtiments ont été détruits par des obus incendiaires.
Malgré le mythe populaire de la pétroleuse, aucune femme n’a jamais été reconnue coupable d’incendie criminel délibéré. Gullickson suggère que le mythe de la pétroleuse a fait en fait partie d’une campagne de propagande par les politiciens versaillais, visant à dépeindre les Parisiennes de la Commune comme non naturelles, destructrices et barbares, pour donner la victoire morale aux forces loyalistes sur les Communards « contre nature ». Malgré cela, on a largement été cru au mythe des pétroleuses jusqu’au XXe siècle. Dans Paris même, la vente de liquides inflammables fut interdite pendant plusieurs mois après la fin de la Commune. Pour mieux comprendre la raison d’être de ce terme, il faut donc se replacer dans le contexte de l’époque et se rappeler que, tandis qu’à l’époque la femme n’était pas considérée comme un membre à part entière de la société, tandis que la Commune avait instauré la parité.
Littérature
« J’ai été réjoui, ce matin, par l’histoire de Mlle Papavoine, une pétroleuse, qui a subi au milieu des barricades les hommages de dix-huit citoyens, en un seul jour ! Cela est raide. »
— Flaubert, Correspondance
Liens externes
- (en) A Dozen Portraits of Pétroleuses et Portraits
- Unruly Women of Paris : Images of the Paris Commune à propos de Gay L. Gullickson, Ithaca, New York, Cornell University Press, 1996 par Denise Z. Davidson.
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Edith Thomas, Les Pétroleuses, Paris, Gallimard, 1963.
- André-Clément Decouflé, La Commune de Paris (1871) : révolution populaire et pouvoir révolutionnaire, 1969.
- B. Victorine, Souvenir d’une morte vivante, éditions Maspéro, 1976.
- Bertrand Tillier, La Commune de Paris, révolution sans images ? éditions Champ Vallon, 2004.
- Guide des sources d’archives de la commune de Paris et du mouvement communaliste (1864-1880) élaboré par une équipe scientifique constituée au sein des Amis de la Commune de Paris 1871, en collaboration avec la direction des Archives de France, avec le soutien de la Ville de Paris, est édité par La Documentation française, Paris, 2007.
- (en) Gay L. Gullickson, « La Pétroleuse : Representing Revolution », Feminist Studies, Vol. 17, no 2, p. 241, 1991.
- Patricia-Pia Célérier, Les Pétroleuses de la Commune de Paris ou le Mythe Terroriste, 1997.
- Elisabeth Dmitrieff, Aristocrate et pétroleuse, Roman biographique par Sylvie Braibant, Préface de Gilles Perrault, Éditions Belfond, 1993.
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