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Préposition
En grammaire, une préposition est une catégorie de mot-outil (plus précisément, un mot de liaison) reliant un élément syntaxique donné à un autre élément de niveau supérieur, et précisant le type de lien ainsi créé.
- Il a une pipe en bois.
- La préposition « en » relie le nom commun « bois » au nom « pipe » donc « bois » est le complément (indication de la matière).
- La préposition est donc un subordonnant, au même titre que le pronom relatif ou la conjonction de subordination. Son rôle est d'introduire un élément subordonné (étymologiquement, préposition signifie posé avant), et d'en déterminer la fonction syntaxique.
- Il partira vers midi.
- Le nom commun « midi », introduit par la préposition « vers », a pour fonction : complément circonstanciel de temps du verbe « partira ».
- L'élément subordonné introduit par une préposition est fréquemment qualifié de syntagme prépositionnel. Longtemps, le statut exact de ce type de constituant a été débattu (par les linguistques générativistes en particulier). Pour les uns (Filmore par exemple), la préposition ne saurait être le noyau d'un syntagme, pour d'autres, il est bien l'élément tête (Ray Jackendoff).
Sommaire
Différentes sortes de prépositions
Comme l'adverbe, la conjonction et l'interjection, la préposition est une catégorie de mots invariables.Toutefois, cette invariabilité peut être nuancée : ainsi la préposition excepté, formée sur un participe passé, s'accorde en français courant avec son régime. Dans certaines langues comme le Breton, on parle de « préposition conjuguée ».
Éléments syntaxiques mis en relation par la préposition
Élément syntaxique subordonné
La préposition introduit la plupart du temps un syntagme nominal que l'on appelle « régime de la préposition » ou plus rarement « complément de la préposition ». Toutefois, il arrive que le régime soit d'une autre nature syntaxique :
- Elle repartira dès demain. (adverbe)
- Il faut se coucher pour se reposer. (infinitif)
- Sa mère lui prépare un trousseau pour quand elle se mariera. (proposition subordonnée)
Fonctions grammaticales du syntagme prépositionnel
Les syntagmes prépositionnels peuvent être :
- des postmodifieurs du nom, on dit alors qu'ils sont compléments du nom : La maison de David, l'homme avec un chapeau, le livre sur la table.
- compléments de l'adjectif : Jean est content de son travail. Pierre est avide de gloire.
- dans les cas où le verbe est transitif indirect, il introduit le complément du verbe. On parle alors de COI (Jean m'a parlé de toi, Les discussions ont abouti à un compromis). Dans le cas où le verbe a deux compléments, l'un d'entre eux est en général introduit par une préposition (Pierre a donné une claque à sa fille). On parle alors de COS.
- Certaines prépositions ont un emploi spécifique. Par exemple, la préposition « en » dans le gérondif, ou encore, les prépositions de et à devant l'infinitif, etc. Certains linguistes refusent de leur donner le statut de préposition : on parlera alors de complémenteur.
Fréquences d'utilisation
La base de donnée lexique permet d'avoir une idée de la fréquence d'utilisation des prépositions en français littéraire moderne (textes littéraires parus après 1950) et en français banalisé (sous-titres de films).
Français littéraire Français courant Préposition Fréq. Cumul Préposition Fréq. Cumul de 42 % 42 % de 43 % 43 % à 16 % 58 % à 16 % 59 % pour 9 % 67 % en 7 % 66 % en 7 % 74 % dans 7 % 73 % dans 6 % 80 % pour 5 % 78 % avec 4 % 85 % sur 4 % 83 % sur 3 % 88 % avec 3 % 86 % par 2 % 90 % par 3 % 89 % sans 1 % 91 % sans 2 % 91 %
Ainsi neuf prépositions seulement représentent à elles seules plus de 90 % des occurrences de prépositions en français.En outre, plus d'une préposition sur deux est l'une des prépositions principales « de » ou « à ».
La répartition des prépositions en français littéraire est assez semblable à celui du français banalisé. Notons toutefois que la préposition « pour », deux fois plus utilisée dans les textes littéraires que dans les dialogues filmés, y est plus utilisée que « en ».
Sémantique de la préposition
La préposition peut marquer de nombreuses nuances :
- - le rang (devant, derrière, après...) ;
- - le lieu (dans, en, à, chez, sous...) ;
- - le temps (avant, après, à, depuis, pendant...) ;
- - la cause (pour, vu...) ;
- - la manière (avec, sans, selon, de, à...) ;
- - le but (pour, à, envers...) ;
- - la séparation (sans, sauf...) ;
- - etc.
Cependant, à l'instar des autres mots-outils, le rôle sémantique de la préposition n'est pas toujours très net.
- La préposition précise parfois la fonction et le sens du satellite qu'elle introduit. Mais plusieurs fonctions différentes peuvent être associées à une même préposition, et à l'inverse, plusieurs prépositions sont parfois associées à une même fonction :
- Que signifie par exemple : « Un plat à oreilles », et quel rôle exact joue la préposition « à » dans ce syntagme nominal ? Si nous entendons ce groupe comme dans « un plat à poisson » ou « un plat à asperges » (c'est-à-dire, un plat « pour » servir du poisson, ou « pour » servir des asperges…), il s'agira dans ce cas « d'un plat pour servir des oreilles (des oreilles de porc, par exemple...) ». Si au contraire nous entendons ce syntagme, comme dans « un plat à poignées » ou « un plat à couvercle » (c'est-à-dire, un plat « avec » des poignées, ou « avec » un couvercle…), il s'agira alors « d'un plat avec des poignées plates en forme d'oreilles ». On voit dans un tel exemple que la préposition « à » peut introduire une idée de destination (1re interprétation possible) ou une idée de description (2e interprétation possible).
- D'autres fois au contraire, la préposition précise la fonction et le sens du noyau dont dépend le satellite :
- Parler l'allemand. / Parler de l'allemand.
- Le verbe « parler » signifie « pratiquer une langue donnée » lorsqu'il est transitif direct, et « émettre un énoncé oral sur un sujet donné » lorsqu'il est transitif indirect (associé à la préposition « de »).
- Les outils sont sur la table. / Je compte sur toi pour les ranger.
- La première occurrence de la préposition « sur » affecte une indication de lieu au satellite (le syntagme nominal « la table »). La deuxième occurrence de cette même préposition affecte un sens spécifique au noyau (le verbe « compter »).
- Beaucoup de sémanticiens distinguent entre prépositions pleines et prépositions incolores.Les prépositions pleines exprimeraient un rapport circonstanciel tandis que les prépositions incolores joueraient un rôle dans la grammaire (rection, syntaxe). Plus généralement, il est évident que la classe des prépositions forme une catégorie hétérogène aussi bien d'un point de vue sémantique que syntaxique.
Prépositions employées sans régime dite « orphelines »
- Employée sans satelliterégime (on dit : employée absolument), la préposition devient adverbe :
- Être pour. / Être contre. / Il faut bien faire avec.
Sujets connexes
- Mot
- Interjection
- Adverbe
- Syntaxe
- Nature (grammaire)
- Syntagme
- Fonction syntaxique
- Analyse morphosyntaxique
- Représentation (grammaire)
- Énonciation
- Liste des notions utilisées en linguistique
Mots voisins
- Proposition
- Préposé
Bibliographie
- Collectif, La Préposition, une catégorie accessoire ?, revue Faits de langues n°9, mars 1997 [lire en ligne]
Lien externe
- Lexique – Une base de données lexicale libre (GNU).
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