Première circonscription du Haut-Rhin

Première circonscription du Haut-Rhin

Sommaire

Description géographique et sociologique

La 1e circonscription du Haut-Rhin est constituée de quatre cantons :

La circonscription est assez largement catholique, la ville de Colmar et le canton de Neuf-Brisach sont notamment très nettement catholiques. Le canton d'Andolsheim est majoritairement protestant, tout comme quelques communes du canton de Neuf-Brisach. Cette relative hétérogénéité religieuse n'est pas sans avoir eu des conséquences politiques importantes jusqu'à aujourd'hui.

Historiquement entièrement germanophone, la circonscription de Colmar maintient un fort niveau de pratique du dialecte, et cela aussi bien à Colmar que dans les cantons ruraux de Neuf-Brisach et Andolsheim. Une majorité de la population déclare comprendre et pratiquer l'alsacien. Fief durant l'entre-deux-guerres de l'autonomisme, le français n'y a été couramment employé qu'à partir des années 1950-1960.

Description politique

Longtemps fief du député catholique autonomiste Joseph Rossé, qui y fut élu en 1928,1932 et 1936, la circonscription de Colmar a été dominée jusqu'en 1958 par la démocratie-chrétienne, incarnée par l'Union populaire républicaine de 1919 à 1939, puis par le MRP et son représentant charismatique, le maire de Colmar Joseph Rey, député de 1956 à 1958. Les élections de 1958 marquèrent cependant une importante rupture de cette tradition, Joseph Rey étant battu par le candidat gaulliste Edmond Borocco, qui l'emporta alors avec le soutien informel des socialistes.

Les débuts de la Ve république furent dès lors caractérisés - à l'instar de l'ensemble de l'Alsace - par une succession d'affrontements entre candidats de la droite gaulliste et représentants du centre-droit démocrate-chrétien, ici particulièrement antigaulliste. Si les scrutins législatifs furent assez facilement remportés par Edmond Borocco de 1958 à 1973 contre des candidats MRP peu connus, qui réalisaient cependant de bons scores à Colmar, les élections locales marquaient une permanence des notables démocrates-chrétiens, Joseph Rey conserva la mairie de Colmar jusqu'en 1977. En 1965, la circonscription affirmait son attachement à la personne du général de Gaulle à plus de 79 % au second tour. Les élections de 1973 renversèrent cependant cette tendance favorable aux députés gaullistes alsaciens. Borocco subit de plein fouet le reflux gaulliste et la remontée démocrate-chrétienne, étant battu par le candidat CDP Justin Haussherr (52,7 %), proche de Rey. Le député sortant ne l'emportait alors qu'à Lapoutroie et Sainte-Marie-aux-Mines.

Le renversement de la domination gaulliste laissa la place à une domination non moins forte de la démocratie-chrétienne, qui dut cependant faire face à une montée du PS à partir de 1976. Lors des élections cantonales à Colmar le député Haussherr fut battu par un jeune socialiste peu connu, le poussant ainsi à renoncer à une nouvelle candidature en 1978. Les élections de 1978 ne marquèrent cependant pas de réelle poussée du PS, le candidat de l'UDF-CDS Jean-Paul Fuchs, adjoint au maire de Colmar, l'emportant facilement et sur le RPR et sur le PS, tout deux bien en deçà de leurs espérances. Il fut réélu au premier tour en 1981. La réforme électorale de 1986 modifia par ailleurs considérablement la circonscription, jusqu'alors très étendue au nord du département jusqu'aux vallées vosgiennes, elle fut en effet scindée en deux. Une nouvelle circonscription, centrée autour de Ribeauvillé, fut établie, la circonscription de Colmar ne regroupant plus que la préfecture et les cantons de Neuf-Brisach et Andolsheim.

En dépit de ses attaches colmariennes, Jean-Paul Fuchs choisit en 1988 de se présenter à Ribeauvillé, où il fut élu au premier tour, laissant au maire de Colmar, Edmond Gerrer, le soin de représenter l'UDF-RPR à Colmar. Celui-ci fut élu au second tour contre un candidat d'ouverture de centre-gauche, B. Rodenstein, qui ne réalisa que 41 % des voix. En 1993, sans doute marqué par une certaine usure et une volonté de renouvellement de l'électorat, Gerrer fut nettement devancé au premier tour par son ancien suppléant Gilbert Meyer (RPR), alors conseiller général de Neuf-Brisach, qui fut seul présent au second tour. Ce dernier fut réélu facilement en 1997 et passa même au premier tour en 2002.

Circonscription centrée autour de la ville de Colmar, qui représente plus de la moitié de la population, la 1re Circonscription est assez nettement marquée à droite, avec une tendance démocrate-chrétienne. Lors de la présidentielle de 1988 elle avait choisi Chirac avec plus de 52 %. En 1995, elle votait Balladur (25 %) puis Chirac (58,6 %) au 2e tour. En 2002, Le Pen (22,7 %) y devançait Chirac (19,8 %), Jospin ne réalisant que 11,7 % des voix.

Les députés Gerrer et Meyer ont tous les deux bénéficié de leur implantation dans la préfecture (Gerrer en a été le maire de 1977 à 1995, Meyer lui a depuis succédé) ainsi que de l'orientation marquée à droite des cantons ruraux de Neuf-Brisach (dont Meyer a été le conseiller général) et d'Andolsheim. La gauche a été absente du 2e tour en 1993, et n'a pas dépassé 41 % en 1988 et 1997. En 2002 Gilbert Meyer a été réélu au 1er tour avec plus de 52 % des voix. On note aussi, comme dans l'ensemble de l'Alsace, une forte présence du FN, notamment dans le canton de Neuf-Brisach, mais aussi dans les quartiers "populaires" de Colmar.

A l'occasion des élections présidentielle et législatives de 2007, la circonscription, au diapason des tendances alsaciennes, a réaffirmé très fortement son ancrage à droite. Par ailleurs, les élections législatives ont été l'occasion pour les électeurs de la circonscription d'affirmer, dans des proportions assez proches de celle de 1993, leur volonté de renouvellement à l'intérieur de la droite. Le premier tour de la présidentielle plaçait Nicolas Sarkozy très largement en tête, rassemblant 36 % des suffrages, et doublant presque le score de J. Chirac en 2002. François Bayrou arrivait en seconde position et réalisait une très bonne performance, avec 21,8 % des voix il doublait son score de 2002, affirmant la remontée d'un courant démocrate-chrétien de centre-droit ici comme dans l'ensemble de l'Alsace. Ségolène Royal n'arrivait que troisième avec 17 %, un score comparable à celui de L. Jospin en 1995. Enfin, J-M Le Pen connaissait un recul important, perdant près de 10 points par rapport à 2002, et n'atteignant que 13,4 % des voix. Ses voix se sont portées vers N. Sarkozy, et, dans une moindre mesure, vers F. Bayrou. Le second confirma et amplifia même les tendances du 22 avril, N. Sarkozy réalisant le meilleur score d'un candidat de droite depuis V. Giscard d'Estaing en 1974, il obtenait en effet 64,7 %, frôlant 62 % à Colmar, dépassant 67 % à Neuf-Brisach et 69 % à Andolsheim. À l'inverse S. Royal, déjà arrivée troisième dans l'ensemble des cantons de la circonscription au premier tour, ne dépassait pas 40 % à Colmar et 35 % dans les cantons ruraux.

Cette large domination de la droite à l’élection présidentielle fut confirmée aux élections législatives de juin, mais dans le cadre d'un forte division à droite, conduisant à la défaite surprise du député sortant et maire de Colmar, G. Meyer, battu très largement par le candidat UMP dissident et conseiller général d'Andolsheim, E. Straumann. Le premier tour des élections constitua de fait la principale surprise des élections en Alsace, G. Meyer, élu au premier tour en 2002, ne réalisait plus - en dépit du soutien de l'UMP - que 31,5 %, arrivant en tête à Colmar et Neuf-Brisach, mais étant largement distancé à Andolsheim par son adversaire E. Straumann. Celui-ci talonnait d'ailleurs le député sortant sur l'ensemble de la circonscription, atteignant 30,5 %, et 24 % à Colmar, où son suppléant, Roland Wagner, était bien implanté. Cette concurrence avait largement marginalisé les autres candidats. Le représentant du PS et conseiller général de Neuf-Brisach, H. Miehe, n'obtenait que 15 % des voix, perdant plus de 5 points par rapport à 2002, même s'il réalisait une bonne performance dans son canton, en arrivant second derrière G. Meyer. La candidate Modem, O. Uhlrich-Mallet, conseillère municipal de Colmar, obtenait 10,5 % des voix, en nette régression par rapport au résultat de F. Bayrou, et ne dépassait pas 13 % dans le chef-lieu. Elle avait été affaiblie par la position ambiguë de F. Bayrou lors du second tour de la présidentielle, mal comprise par les électeurs alsaciens s'étant très largement reportés sur N. Sarkozy, mais aussi de la primaire informelle entre G. Meyer et E. Straumann. Bénéficiant de cette forte volonté de renouveau exprimée lors du premier tour, E. Straumann l'emporta très facilement au second tour, dépassant 66 % des suffrages. L'ampleur de sa victoire - il dépassait 60 % dans l'ensemble des cantons et frôlait 80 % à Andolsheim - surprit tous les observateurs. Plus largement la défaite de G. Meyer n'est pas sans rappeler l'échec de son prédécesseur, E. Gerrer, en 1993, lui aussi battu très largement par un dissident de droite, alors G. Meyer, en raison d'une usure certaine. E. Straumann est annoncé comme probable successeur de G. Meyer à la Mairie de Colmar.

Dans l'ensemble la géographie électorale de la circonscription ne sort pas modifiée par les échéances de 2007, la droite renforçant au contraire sa domination. Les résultats obtenus par N. Sarkozy, tant au premier tour qu'au second, perpétue une légère différence entre la ville de Colmar et les cantons ruraux, plus marqués à droite. Cependant cette différence reste très relative, et la préfecture a très largement confirmé son ancrage à droite, ne plaçant S. Royal qu'en troisième position avec moins de 20 % le 22 avril, et n'y dépassant pas 38 % au second tour. La domination à Neuf-Brisach est de l'ordre de 2/3 à droite, 1/3 à droite. Enfin à Andolsheim, N. Sarkozy s'est approché des 70 %. Les résultats obtenus par F.Bayrou confirme la persistance d'un vote de centre-droit démocrate-chrétien aussi bien à Colmar (21,5 %) qu'à Andolsheim (23,7 %), mais la position "ni droite, ni gauche" du candidat n'a pas été suivie par ses électeurs au second tour, et a considérablement affaibli ses partisans par la suite, l'électorat UDF se reportant ici sur les candidats UMP. Les élections législatives ont largement confirmé cet ancrage à droite, l'usure du député sortant, et les critiques adressées contre son bilan municipal, ne profitant qu'au candidat dissident de l'UMP, même si l'on a pu noté le bon score du candidat PS dans son canton, marque d'une reconnaissance personnelle plus que d'un positionnement de gauche, comme l'ont montré les résultats de la présidentielle dans ce canton.

Historique des résultats

Résultat des législatives du 10 et 17 juin 2007

Premier tour du 10 juin 2007

  • Nombre d'inscrits : 71 936
  • Votants : 41 528 (abstentions : 42,27 %)
  • Exprimés : 40 821 (blanc et nuls : 1,70 %)
Nom Parti Voix Pourcentage
Gilbert Meyer UMP 12 894 31,59 %
Éric Straumann MP 12 426 30,44 %
Hubert Miehe PS 6 189 15,16 %
Odile Uhlrich-Mallet MoDem 4 329 10,60 %
Patricia Badaire FN 1 597 3,91 %
Frédéric Hilbert Les Verts 1 373 3,36 %
Nathalie Villette-Kuntz MEI 557 1,36 %
Christian Rousset LO 544 1,33 %
Laetitia Rabih PRG 355 0,87 %
Gabrielle Krau 309 0,76 %
Gilles Fevre 248 0,61 %

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Première circonscription du Haut-Rhin de Wikipédia en français (auteurs)

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