- Posidonios de Rhodes
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Posidonios
Posidonios (en grec ancien Ποσειδώνιος / Poseidốnios) est un philosophe grec stoïcien né à Apamée en 135 av. J.-C. et mort à Rome en 51 av. J.-C.. Il est le sixième scolarque du Portique, à la mort de Panaïtios de Rhodes en 112 av. J.-C..
Autres appellations : Poseidonios, Poseidônios, Posidonios d'Apamée, Posidonios de Rhodes, Posidonius (en latin), Posidonius d'Apamée, Posidonius de Rhodes.
Sommaire
Biographie
Posidonios naquit à Apamée, au nord de la Syrie, vers 135 av. J.-C.
Dans sa jeunesse, ayant quitté Apamée, de passage à Athènes, il devint le disciple et l'ami de Panaïtios, célèbre chef de l'école stoïcienne. Vers 95 av. J.-C. il fonda une école à Rhodes, dont il devint citoyen et exerçait, du fait de sa grande réputation, une charge de haut magistrat au Prytanée de cette ville. Son enseignement fut suffisamment réputé pour attirer des auditeurs célèbres tels Cicéron en 78-77 av. J.-C. et Pompée en 67 et 62 av. J.-C.
Par la suite il voyagea, d'abord à Rome pour une première ambassade vers 87 av. J.-C.. Ses liens étroits d'amitié avec les dirigeants de Rome - dont Pompée - lui permirent de voyager dans tout l'empire romain. Ainsi il partit en Afrique du Nord, en Espagne, en Sicile et en Gaule jusqu'à l'estuaire de la Gironde. Il fut un de ceux par qui le stoïcisme se latinisa. Peu après une seconde ambassade à Rome en -51, il mourut à Rome vers 51 av. J.-C., à 84 ans, sous Pompée.
Son petit fils Jason devint scolarque de son école à Rhodes. Selon le témoignage de Sénèque, il eut comme disciples Asclépiodos et Phanias.
Son œuvre
Œuvre philosophique
En cosmologie, il soutient que l'univers des choses et des individus est pénétré par une force cosmique unificatrice qui s'exerce au moyen d'une sorte d'attraction qu'il appelle sympathie. Dans cette optique, Dieu est un souffle purifiant qui pénètre toute substance et peut se manifester sous n'importe quel aspect.
« Dieu est un souffle igné doué d'intelligence, sans forme, se transformant en ce qu'il veut et se rendant semblable à tout. »
(Stobée, Eclogues, I, 58)Œuvre métaphysique : la sympathie, le destin
L'unité du monde tient, non pas à deux facteurs comme chez Chrysippe (Dieu, la sympathie), mais trois : Dieu, la nature, le destin[1].
L'idée la plus importante et la plus célèbre de Posidonios est celle de sympathie cosmique. « L'univers est un corps unifié » fait de parties qui collaborent. Tout conspire, tout sympathise. « Le monde est un tout sympathique à lui-même. » « Dans le cas de corps unifiés, il existe une certaine sympathie, puisque, lorsque le doigt est coupé, le corps entier en est affecté. L'univers est donc lui aussi un corps unifié. » Selon Bréhier (Chrysippe, p. 184), « le principe de sympathie est destiné à montrer soit l'action réciproque universelle de toutes choses, soit l'influence des causes éloignées et en apparence négligeables ». Exemple de l'interaction : « À Athènes l'atmosphère est subtile, d'où vient la finesse d'esprit des Athéniens » : il n'y a pas causalité simple, mais affinité entre l'atmosphère délicate et la mentalité déliée ; exemple d'action à distance : celui d'une victime sacrificielle qui indique l'avenir.
Posidonios défend un déterminisme universel spiritualisant, qui annonce le néoplatonisme émanatiste, mais qui rend compte aussi de la divination. Zeus est l'âme omnisciente, le destin est l'enchaînement causal des phénomènes, qui obéissent à des lois nécessaires dont on trouve l'expression dans le mouvement des astres. Posidonios distingue trois types de divination : celle qui vient directement de Dieu par la bouche d'un prophète inspiré, celle qui vient du destin et qui est liée à l'observation astrologique, enfin celle qui vient de la nature (les songes)[2].
Œuvre scientifique
Posidonios est l'auteur de traités de physique et de météorologie. C’est un savant complet: scientifique, il se passionne pour la mesure (longueur du méridien, hauteur de l’atmosphère, distance des astres) et émet l’hypothèse que les marées sont dues à une influence lunaire. En s'appuyant sur de longues observations au sud de l'Espagne, près de Cadix, Posidonios parvint à établir que la triple périodicité des marées, journalière, mensuelle et annuelle, correspond aux déplacements de la Lune et à leurs variations[3].
Dans le domaine de l'astronomie, selon Cléomède dans son Mouvements des objets célestes livre II, Posidonios théorisa le concept d'une force vitale du Soleil agissant sur le Monde. De plus il tenta de déterminer la distance entre la Terre et la Lune. Il s'attacha à préciser la taille de la Lune, ainsi qu'à découvrir les lois du mouvement des 5 planètes connues, et du Soleil.
Selon le témoignage de Cicéron (De la nature des dieux, II, 88), il construisit un globe en réduction reproduisant les mouvements conjoints des planètes du système solaire.
La découverte dans une épave de navire au large d'Anticythère d'un étonnant objet pourrait apporter une lumière inattendue sur la sphère de Posidonios. D'une part la fouille de cette épave révéla que le navire sombra vers 88 av. J.-C., et d'autre part que sa cargaison d'amphores provenait de Rhodes. L'objet découvert en trois fragments semble bien être les vestiges d'une sphère similaire à celle construite par Posidonios. Récemment, en analysant ces fragments, des scientifiques ont découvert l'inscription grecque chrysoun spheron, soit Sphère d'or . (voir le site Antikythera Mechanism Research Project)
Œuvre historique
Historien, il reprend le récit de Polybe de 145 à 86 av. J.-C. Son Histoire en 52 livres mentionnait au-delà des événements diverses considérations sur les mentalités et les usages militaires des peuples, ainsi qu'une étude de l'émergence du pouvoir romain. L'action des hommes à ses yeux était dictée par les ressorts de l'ambiguïté de la psychologie humaine. Plutarque semble avoir beaucoup puisé dans cette œuvre pour rédiger sa biographie de Marius, ainsi que vraisemblablement celle de Pompée. Par ailleurs Trogue Pompée semble l'avoir aussi suivi dans ses récits sur la conquête romaine de l'Espagne.
Posidonios voyagea en Gaule 50 ans avant sa conquête par César, il en définit les frontières et les dernières découvertes archéologiques confirment la véracité de sa description des sanctuaires. Il décrivit aussi les mœurs et la structure sociale[4].
Œuvre mathématique
Mathématicien, il cherche à fonder la géométrie comme une partie de la physique. Proclos dans son commentaire d'Euclide Livre I, mentionne les recherches de Posidonios sur :
- la distinction entre théorème et problème mathématique
- un procédé de division dichotomique de la division du quadrilatère
- la définition des droites parallèles
- la définition des figures mathématiques
En outre Posidonios entama une polémique avec l'épicurien Zénon de Sidon ou il prenait la défense de la démonstration géométrique établie par Euclide. Selon Héron d'Alexandrie, il avait établi une définition du centre de gravité, ainsi qu'une défense de la Géométrie comme partie intégrante de la Physique.
Notes et références
- ↑ Victor Goldschmidt, Le Système stoïcien et l'idée de temps, Vrin, 1979, p. 106.
- ↑ Cicéron, De la divination [détail des éditions] [lire en ligne] (I).
- ↑ Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne] (III) et Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne] (II).
- ↑ Dossier pour la science no 61, oct. 2008.
Bibliographie
Sources sur Posidonios
- Cicéron, De la divination [détail des éditions] [lire en ligne].
- Sénèque, Lettres à Lucilius, no 88-90.
- Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] [lire en ligne] (VII).
Fragments de Posidonios
- (grc) W. Theiler (éd.), Posidonius. Die Fragmente, Berlin de Gruyter, 1982, 2 vol.
- (grc)(en) L. Edelstein et I. G. Kidd (trad.), Posidonius, vol. I : The fragments, Cambridge University Press, 1972 ; vol. II en 2 t. : The commentary, 1988 ; vol. III : The Translation of the Fragments, 1999.
Fragments nommément identifiés.
Études sur Posidonios
- L. Couloubaritis, Histoire de la philosophie ancienne et médiévale, Grasset, 1988, p. 484-490.
- Encyclopédie d'archéologie sous marine Phéniciens et Grecs , éd. Periplus, Londres, 2003 (pour la Machine d'Anticythère).
- M. Laffranque, Poseidonios d'Apamée, Paris, 1964.
- Stéphane Toulouse, « Poseidonios, les sciences et l'âme », dans Les Stoïciens, Vrin, 2005.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Liens internet concernant la Machine d'Anticythère
- Le site du projet de recherche sur la Machine d'Anticythère
- Université grecque de Macedonia
- Page personnelle de Rupert Russel (en anglais)
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