- Porquerolles cup
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Porquerolles cup
La Porquerolle’s cup est la plus ancienne et rocambolesque régate à la voile.
Origine
Le 17 mai 1726 le chef des corsaires barbaresques Chaban-Reïs (que l'on peut traduire par "jeune leader"), avait surpris au mouillage dans l’île de Porquerolles un vaisseau du roi, trente huit hommes furent capturés mais le reste de l’équipage s’enfuit à terre où il se cacha. Le premier, le commandant de Montlaur revint avec un pavillon parlementaire et fit au barbaresque une hardie proposition. Les deux vaisseaux feraient une course autour de l’île dont l’enjeu serait pour le commandant de Montlaur la reddition du reste de l’équipage caché à terre, et pour le barbaresque la libération des trente huit prisonniers et la restitution de sa prise. Ces conditions furent acceptées par Chaban-Reïs qui exigea un départ sur le champ, l’équipage du vaisseau royal resté à terre dut donc rejoindre le navire en courant et la course s’engagea aussitôt.
Le sens du parcours n’ayant pas été défini le vaisseau royal laissa appareiller le barbaresque, quelques instants plus tard le jeune et fougueux commandant se lança sous toutes ses voiles dans la direction opposée pour déstabiliser son adversaire. Chaban-Reïs crut alors à une forfaiture, il fit affaler et quand il comprit que le sens de la course n’était pas défini, il vira de bord afin de poursuivre le navire du commandant de Montlaur dont même un barbaresque ne pouvait mettre en doute le haut sens de l’honneur. Le lourd vaisseau royal put conserver pendant presque tout le tour de l’île l’avantage ainsi acquis au départ.
Presque revenus à leur point de départ, les deux vaisseaux alors qu’ils remontaient au vent se trouvèrent faire route face à face sous des allures opposées. Le vaisseau du commandant de Montlaur étant à bâbord et voyant le barbaresque arriver sur lui comme un écumant tonnerre, s’avança sur la dunette et faisant appel à sa grande élégance de cœur cria à son adversaire “Bâbord amures” afin d’indiquer qu’il reconnaissait au corsaire son droit et allait abattre pour laisser le passage. Bien que très instruit, le commandant de Montlaur ignorait que cette expression correspondait au fameux “Bab or achmür”, alors fort en usage dans la marine barbaresque et qui pouvait se traduire par “Ecarte-toi”. Fort impressionné Chaban-Reïs commanda de virer, le vaisseau royal, grâce à ce subterfuge bien involontaire, regagna le mouillage le premier.
Le barbaresque fort en colère libéra cependant les prisonniers et laissa le commandant de Montlaur regagner Toulon avec son vaisseau. Celui-ci remercia Dieu et exprima le vœu que chaque année en souvenir de cet évènement on appareilla une course dans les mêmes conditions. C’est ainsi que se créa la course autour de l’île, dont les règles principales furent que le départ devait être donné équipages à terre, le sens du parcours restant à la décision de chaque capitaine et le bâbord amures prioritaire.
Pour mémoire, le roi Louis XIII avait offert l’île de Porquerolles en 1637 à François d'Ornano, seigneur de Mazargues, capitaine et gouverneur de la Tour de Porquerolles (le fort Sainte Agathe), contre cent cinquante livres par an. A sa mort, en 1658, l'île revient à sa veuve, Marguerite de Montlaur ancêtre de notre valeureux commandant de vaisseau….
Les régates
Il n’a malheureusement été retrouvé que peu d’archives des courses commémoratives qui se sont déroulées les années suivantes. En 1744 la course fut gagnée par le Comte de Maurepas, ministre de la Marine, à bord du “Vengeur”
En 1793, durant le siège de Toulon, les équipages anglais du “Glorious” et du “First of June” ont commis des manquements disciplinaires. L’amiral anglais le Vicomte Samuel Hood chargea Lord Howe d’appliquer un châtiment exemplaire aux membres d’équipages fautifs. Ce dernier connaissant la régate ordonna aux marins de faire cette course en chaloupe à rames et le châtiment de l’équipage vainqueur étant alors adouci. Les marins anglais surnommèrent alors cette épreuve “Porquerolle’s Cup”.
Après le départ des Anglais, en janvier 1794, Napoléon Bonaparte au cours de son inspection des îles d’Hyères apprit cette anecdote et décida par ironie de laisser ce nom à cette course traditionnelle.
Il n'a pas été possible de retrouver trace des “Porquerolle’s Cup” de 1801 et 1803.
En 1822, la “Porquerolle’s Cup” fut enlevée par le capitaine Louis-Isidore Duperray commandant la corvette “La Coquille” avec comme lieutenant son ami Dumont d’Urville. Ils gagnèrent la régate avant leur départ pour le tour du monde. A leur retour à Marseille, en 1825, avant que “La Coquille” devint “L’Astrolabe”, le capitaine Duperray refusa de s’engager à nouveau dans la “Porquerolle’s Cup” arguant des conditions terriblement difficiles de cette course. A noter que le bateau de Jules Dumont d'Urville lors de son expédition pour retrouver la trace de La Pérouse a été rebaptisé du nom de "La Coquille" en "l'Astrolabe", en souvenir du nom du vaisseau du comte de La Pérouse .
Dans les années qui suivirent, les plus valeureux équipages, et les meilleures unités de notre grande marine à voile de méditerranée s’affrontèrent régulièrement dans cette traditionnelle épreuve jusqu’à la funeste année 1879.L’année précédente en 1878, la “Porquerolle’s Cup” fut remportée par le lieutenant d’Annoville affecté au vaisseau école “L’arrogante”, mouillée en exercice dans la rade d’Hyères. Celui-ci, comme c’était l’usage, devait remettre la coupe l’année suivante au gagnant, au cours de la cérémonie habituelle à l’arrivée de la régate.
Le 19 mars 1879 les lieutenants Ribes, Paturel, Paul et d'Annoville, quatre vingt marins ainsi que la coupe disparaissaient dans le tragique naufrage de l’Arrogante, jetée à la côte par une furieuse tempête de Sud-Est.
La disparition de la coupe, jointe à la considérable émotion provoquée par cette catastrophe dans les milieux maritimes interrompit, durant des années, la “Porquerolle’s Cup”. L’association nationale des nostalgiques de la marine à voile, le comité d’organisation de la “Porquerolle’s Cup” considérèrent que, si ce fut un honneur rendu à ces quatre héros et ces quatre-vingts braves, d’interrompre pendant toutes ces années cette grande épreuve commémorative et traditionnelle, c’était un devoir de la reprendre maintenant.
Après de longues et patientes recherches par le comité d’organisation, grâce à l’obligeance de monsieur le chef du cabinet du ministre de la marine italienne, il a été retrouvé dans le numéro de juillet 1830 de “Revista Maritima” une reproduction détaillée de la coupe originale, preuve que la renommée de cette épreuve était grande dans tout le bassin méditerranéen. Ce document a permis au comité d’organisation de faire réaliser, par “Brooksand Parker” à Dublin, la réplique exacte de la coupe originale.
En 1964, Eric Dieterle reconstituait l’histoire et le règlement de la Porquerolle’s Cup. Deux ans après, il nous quittait en accostant sur l’île à bord de sa goélette “La Délirante”.
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Catégorie : Compétition nautique
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