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Porcelaine de Delft
La porcelaine de Delft, qui devrait en réalité s'appeler la faïence de Delft, fut produite par les manufactures hollandaises de la région de Delft à partir du XVIIe siècle.
Les faïences de Delft doivent leur notoriété à l'aspect de porcelaine que les faïenciers réussissaient à leur donner.Sommaire
Historique
La réputation des manufactures de faïences de Delft date du XVIIe siècle, l'âge d'or hollandais, de 1640 à 1740 environ. Ces manufactures produisaient ce qui fut appelé de façon erronée la 'Hollants Porcelyn'. Cette céramique fine mais opaque était en réalité de la faïence, les céramistes hollandais ne disposant pas du kaolin nécessaire à la production de véritable porcelaine.
La technique de la faïence, avec son engobe blanc et son décor peint, fut introduite en Hollande par les potiers italiens passés maîtres dans l'art de la majolique[1].
Les potiers de Delft virent immédiatement le parti qu'ils pouvaient tirer de cette pâte blanche pour reproduire les céramiques chinoises alors importées depuis 1602 par la Compagnie des Indes. Lorsque, en 1647, de violents troubles politiques en Chine interrompirent le commerce de la compagnie, les faïenciers de Delft prirent le relais et fournirent le marché en imitant parfaitement la porcelaine.Très logiquement, les premières pièces produites furent décorées de bleu à décor de chinoiseries. On ne connaît généralement des faïences de Delft que ces faïences blanches à décor bleu, appelé Bleu de Delft. Il en existe cependant des variétés colorées, de même que les décors chinois des débuts laisseront place progressivement à des décors de fleurs et d'oiseaux.
En 1654, l'explosion d'une poudrière détruisit plusieurs brasseries de Delft. Les poteries saisirent l'opportunité pour récupérer de vastes locaux proches du centre de la ville[2]. La production atteignit un tel niveau qu'en 1742, six moulins à vent de la région de Delft étaient spécifiquement chargés de moudre les oxydes métalliques et les minéraux nécessaires à la fabrication des émaux colorés.
La composition de la pâte utilisée par les faïenciers de Delft fut mise au point progressivement à partir d'un mélange de quatre terres: de la marne de la région de Doornik, Tournai dans le Brabant ou des Flandres; de la terre de Muhlheim sur la rivière Rhur en allemagne; de la terre noire et de la terre de Delft.
En 1742, 17 fabriques lavaient et préparaient les terres le long du canal de Rotterdam.Chassés par les persécutions religieuses, de nombreux potiers de Delft quitteront la Hollande pour l'Angleterre pour y introduire une faïence qui prendra alors le nom de Delftware.
Les caractères stylistiques
- Le tesson: il est beige, parfois un peu rosé. Le tesson ne se voit que lorsque la pièce de faïence est cassée. Si le tesson est beige clair, c'est en particulier parce que la terre au grain fin utilisée a une faible teneur en oxyde de fer. Ainsi lors de la cuisson la terre ne rougit pas et ressemble d'autant plus aux terres utilisées pour les pâtes à porcelaine.
Le façonnage pouvait être très minutieux, certaines pièces de faïences de Delft ne faisaient que 3 millimètres d'épaisseur. Les pièces à pâte fine étaient cuites une première fois (la technique s'appelle le biscuitage). Les pièces étaient alors trempées dans du lait d'émail qu'elles absorbaient. Il suffisait d'une faible quantité de lait d'émail pour recouvrir les pièces.
La surface des pièces en faïence de Delft comporte de minuscules trous comme si la pièce de faïence avait été piquée à l'aiguille ou que de très fines bulles avaient éclaté.
Les pièces comportent les marques des supports qui les soutenaient à l'intérieur des cazettes, ces récipients en terre cuite dans lesquels les pièces à cuire étaient empilées pour les protéger des projections de cendres.
- La brillance: l'émail est réalisé avec du plomb, de l'étain calciné, du fondant de faïencier avec du sel et du sable en grandes quantités pour ressembler le plus possible à de la porcelaine. Sur l'émail est ajoutée une couche supplémentaire le kwaart qui est une solution de plomb qui se solidifie comme du verre après une cuisson aux abords de 900 degrés Celsius.
- La surface est lisse: l'émail est très dur sur les pièces de faïences de Delft. Les pièces de Delft n'ont pas d'écaillage de l'émail, sa vitrification le rendant totalement solidaire du tesson.
- Les décors: Dès la fin du XVIIe siècle le trek (une pointe fine) est utilisée pour souligner les décors peints au pochoir. Ce trait fin entourant et soulignant les décors est souvent noir. Les décors sont posés au pinceau sur un tracé reporté à l'aide d'un poncif (calque à petits trous) saupoudré de poussière de charbon de bois.
- La couleur: le bleu est utilisé dans toutes ses nuances, il n'y a aucune uniformité de couleur lors de la représentation de paysages et la profondeur des décors est donnée par des nuances de cette couleur. Les faïenciers appelaient aussi le bleu gris de lin. On note d'ailleurs avec la progression dans le temps de 1625 à 1680 que les bleus deviennent de plus en plus soutenus.
Les autres couleurs que l'on trouve sont celles des porcelaines asiatiques rapportées par les Compagnies des Indes, c'est-à-dire le vert et le rouge. - Les fonds: très souvent le fond du décor de la faïence est blanc, ce sont les Delft blancs. On trouve aussi des décors à fonds colorés, les Delft noirs par exemple, ainsi que marrons (très répandus au XVIIIe siècle), les Delfts bleus ont un fond bleu tirant sur le vert (un peu turquoise). Il existe aussi des pièces de faïence de Delft à fond complètement bicolore (souvent bleu et blanc).
Les décors
Les décors représentent aussi bien des scènes de vie à la campagne, les armes et devises d'une famille, des chansons, des marines, des scènes galantes... On connaît aussi de rares pièces de faïences aux magnifiques décors de trompe-l'œil.
Les typologies des faïences de Delft
La production de Delft comprend aussi bien des pièces de faïence ordinaires (assiettes) que des pièces originales comme des tableaux.
- Les assiettes: et plats de service sont des pièces très répandues
- Les tableaux: ces pièces ont été réalisées de 1650 à 1680 uniquement. Ils étaient encadrées et pouvaient être de différentes formes (ovale, rectangulaire)
- Les vases: à goulots ou de garniture, certains sont à anses et ressemblent à des cruches à eau
- Les statues: ce sont d'abord des personnages célèbres et des bustes puis au XVIIIe siècle des personnages des rues et un bestiaire varié.
- Les plaques murales: on connaît des pièces de faïence correspondant à des plaques murales datant de 1710. (musée de la céramique de Sèvres).
- Autres : des cages à oiseaux, des bougeoirs, des souliers...
Notes
- ↑ La majolique désigne simplement le procédé technique de la faïence. Elle tire son nom de l'île de Majorque par laquelle avaient transité les potiers espagnols d'Al-Andalus.
- ↑ Alan Caiger-Smith, p127.
Bibliographie
- (en) Alan Caiger-Smith, Tin-Glaze Pottery in Europe and the Islamic World: The Tradition of 1000 Years in Maiolica, Faience and Delftware, Faber and Faber, 1973 ISBN 0-571-09349-3
Articles connexes
Liens externes
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