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Pierre de Versoris
Pierre Le Tourneur dit de Versoris, est avocat au Parlement de Paris[1] à partir de 1552, chef de conseil de la maison de Guise et garde de leurs sceaux et député du tiers état aux États généraux de 1576-1577. Il est né le 10 février 1528 à Paris, et est mort de chagrin le 25 décembre 1588 à Paris, à la suite de la mort de Henri de Lorraine.
Sommaire
Sa famille
Pierre de Versoris :
- Fils de Pierre Versoris (1481-1559), seigneur de Fontenay et de Marcilly, avocat en la cour de Parlement et de Marguerite Robinet, elle-même fille de Nicole Robinet, Procureur au parlement de Paris[2].
- Petit-fils de Guillaume Le Tourneur de Versoris, seigneur de Garges et de Buci-Saint-Martin, était l'époux de Jeanne Fournier, avocat du Chatelet de Paris,
- Arrière-petit-neveu de Jean Le Tourneur. Jean le Tourneur était de Falaise, son patronyme latinisé en Versor, ainsi que furent mentionnées ses œuvres. Il s'établit à Paris vers le règne de Charles VII. Fut l'un des premiers docteurs de l'université.[3].
Après la guerre de Cent Ans, le domaine de Montauger, à Lisses, en ruine est reconstruit par un riche parlementaire, Guillaume Versoris. Les Versoris restent seigneurs de Montauger pendant plus d’un siècle avant d’être propriété de Balthazar Chahu de la Papotière qui fait creuser les canaux au début du XVIIe siècle. Le domaine de Montauger comprend une maison seigneuriale, des dépendances, terres, bois et vignes. Les Versoris, famille de robe[4], portent : D'argent, à la fasce de gueules, accompagné de 3 ancolies d'azur.
Biographie
Défenseur des Jésuites
Pierre de Versoris a une éducation très laxiste. Il dépense en peu de temps tous les biens et l'argent de ses parents. Ruiné, il change d'attitude quand il est reçu avocat au Parlement de Paris en 1552. Il travaille beaucoup et devient l'un des oracles du barreau.
Très catholique, il défend les Jésuites dans un procès difficile. En 1565, en effet il s'illustre en s'opposant aux partisans du gallicanisme, et à son collègue Étienne Pasquier.
Le collège de Clermont des Jésuites, par une originalité surprenant à l'époque, décide de donner à ses externes un enseignement gratuit. Le résultat est immédiat : on accuse les jésuites de dépeupler les collèges de l'université de Paris. Dès 1564, le recteur Jean Prévot défend aux pères de rouvrir le collège ; un procès s'engage dont s'occupe tout le royaume. Ce procès oppose donc l'université de Paris aux Jésuites. Étienne Pasquier a une grande admiration pour Versoris. Il le dit : grandement zélateur de bien public, singulièrement és-choses qui concerne la religion catholique[5]. Il sait qu'il : se chargeait des plus grandes et nobles causes. Toutefois, Antoine Loysel précise qu'ayant donné tout son esprit au procès, il n'était pas parvenu à la perfection d'éloquence où sa nature cultivée par l'art l'eust pu aisément porter[6]. Mais en lisant ses plaidoiries pour les jésuites contre l'Université, on se rend compte que l'abus d'érudition dégénère en un tissu d'énigmes et devient insupportable[7].
En attendant une conclusion provisoire qui ne vient pas, les jésuites reçoivent l'autorisation provisoire d'enseigner : un provisoire qui va durer trente ans et qui va permettre au collège de Clermont de rayonner d'un éclat toujours plus vif.
Député du Tiers aux États généraux de 1576-1577
Pierre de Versoris plaide pour Anne d'Este : Pierre Versoris Advocat de cette Princesse, et l'un des plus celebres du Parlement, plaida la requeste, et après avoir representé les services de Claude et de François Ducs de Guyse à la Couronne de France, les vertus et les merites de celuy qui avoit esté assassiné, ses exploits de guerre, la cruauté et l'inhumanité de ceux qui avoient porté l'assassin à commettre ce lasche et detestable forfait, il conclud à ce que la requeste et celle qui estoit presentée à la Cour fust enregistrée, et que faisant droict sur icelle, il pleust à la Cour de commettre deux Conseillers, tant pour informer que pour rapporter les informations et autres pieces servans à la cause[8].
Pierre de Versoris devient très riche. Il est seigneur de Fontenay-le-Vicomte et de Marcilly et donc l'un des plus célèbres avocats de son temps. Pierre de Versoris vend le fief de Marcilly en Corbeil à Nicolas de La Chesnaye, avant le 19 juillet 1574, date à laquelle celui-ci rend hommage[9].
Pierre de Versoris est député du tiers état aux États généraux de 1576-1577 à Blois. Il est Rédacteur du cahier général de doléances de Paris, puis à Blois, l'orateur du tiers état.
Ses conclusions sont rejetées[10]. Il est vrai que pensionnaire, principal conseil et factionnaire de la Maison de Guise, il corne la guerre contre les huguenos, plus haut et plus ouvertement et scandaleusement qu'aucun député des autres estats[11]. Il veut que : le roi fût requis de réduire tous ses sujets à la religion romaine... il savoit que le roi l'entendoit et le vouloit ainsi[12]. Sa plaidoirie est fort longue et il parle agenouillé pendant une demi-heure. Il faut d'ailleurs que le héraut lui demande de se relever sur ordre du roi[13].
Néanmoins, les États généraux de 1576-1577 révoquent l'édit de pacification accordé par Henri III aux Huguenots, et le roi, après avoir inutilement tenté de s'opposer à la Ligue, s'en déclare lui-même le chef.
Chef de conseil des Guise
Pierre de Versoris est hélas aussi fort passionné pour la maison de Guise, dont il estoit le principal conseil. Il devient effectivement Chef de conseil des Guise et garde de leurs sceaux[14]. Il ne se mèle pas de trop de leurs intrigues pour renverser les Valois et repousser les Bourbons. Et le matin de la Journée des barricades (1588) il veut parler à Henry de Lorraine, à l'ordinaire. Il va à l'hôtel de la Maison de Guise, ne peut le rencontrer et rentre chez lui, tout en n'étant toujours pas au courant des évènements qui se passent autour de lui.
Atteint d'une maladie contagieuse, il se retire en sa maison de Paris[15]. Il rédige une généalogie des Le Tourneur-Versoris.
Il reste néanmoins fort affectionné à toute la Maison. Quand le 23 décembre 1588, Henry de Lorraine est exécuté sur l'ordre d'Henri III, dans la propre chambre de ce dernier, par des membres des Quarante-cinq, la garde personnelle du roi, Versorius en est très affecté. Il apprend aussi le même jour l'arrestation du fils de son protecteur, Charles et de son frère Louis, cardinal de Guise. Pierre de Versoris s'inquiète pour l'avenir de la France, et affirme que les princes de Guise sont bien aimés et va se coucher. Il est néanmoins très en colère, car avant d'aller dans sa chambre, il brise un portrait du roi, qu'il appelle tyran et embrasse un autre portrait, celui de son duc assassiné.
Ayant appris la Veille de Noël 1588, en faisant sa collation, la mort d'Henri de Lorraine, duc de Guise, arrivée à Blois, il garda une tranquillité tout entière et se coucha en résolution de communier à la messe de minuit, s'estant déjà confessé, mais s'estant trouvé mal et n'ayant pas pu y aller, Monsieur de Vertamon son gendre, et ses filles le trouvèrent mort dans son lit sur les cinq heures du matin jour de Noël[16].
Versoris meurt donc de chagrin après la mort du duc de Guise, Henri Ier de Guise, en sa maison de Clichy-la-Garenne.
Après sa mort
Le cardinal de Guise est assassiné sur ordre du roi Henri III, au château de Blois, le 24 décembre 1588, le lendemain de l'assassinat de son frère, Henri, duc de Guise.
Henri III tente de justifier ses actes en prétextant des dangers que les Guise auraient représenté pour la couronne. Cependant, le pape Sixte Quint, qui ne peut accepter et n'accepte jamais un crime perpétré sur un cardinal, excommunie le roi de France le 5 mai 1589.
Pierre de Versoris est-il au courant ? Cela n'est pas certain, les nouvelles ne circulent pas si vite entre Blois et Paris. Un seul ouvrage parle de sa peine immense du fait de la mort de deux princes [17].
Charles Ier de Guise après l'assassinat de son père le 23 décembre 1588, est arrêté avec le reste de la famille, mais s'évade de sa prison de Tours et se rend à Paris où il est reconnu chef de la Ligue.
Son frère Louis, cardinal de Guise et Archevêque de Reims recevra pour sa part les abbayes de Saint-Denis, Ourscamp et Corbie.
La descendance de Pierre de Versoris
Pierre de Versoris se marie le 21 janvier 1556 avec Marguerite Coignet (+ 1584), fille de Guillaume Coignet et Marie de La Croix, soeur de Frédéric Coignet, conseiller au Parlement de Paris[18].
Pierre de Versoris n'est pas le seul pro-Guise, en tant que membre de sa famille. Les généalogies de deux de ses enfants peuvent servir de modèles pour tisser des liens d’affection et de protection, et donc dans le cas présent envers les Guises.
- Marguerite de Versoris (1562-1647) x Antoine Rancher, sieur de la Foucaudière, Maître des requêtes le 9 décembre 1580; président aux enquêtes du parlement de Tours, le 28 février 1594.
- Frédéric de Versoris (1567-1622), seigneur de Fontenay-le-Vicomte et de Marcilly, reçu Conseiller au Parlement de Paris, le 19 janvier 1601 x Catherine Chaillou, petite-fille de Jean d’Alesso, arrière-petite-nièce de François de Paule. Il reste en contact avec l'hôtel de la Maison de Guise, toute sa vie et le protégé de ces princes et princesses. Marie de Guise (1615-1688), et son frère plus âgé, François de Lorraine, prince de Joinville[19] sont parrain et marraine d'un fils de son beau-frère[20] !
- Marie de Versoris (1570-1625) x François de Verthamon, Conseiller au Parlement de Paris, le 17 août 1588[21].
- Pierre de Versoris (1571-1629), Avocat au Parlement de Paris.
- Jacques de Versoris (1573-1640), seigneur de Coulomières, Notaire & Secrétaire du Roy x Madeleine Hotman [22].
- Jeanne de Versoris (1575-?), religieuse aux Carmes.
Notes de l'article
- ↑ Michaud, Louis-Gabriel, Biographie universelle ancienne et moderne (1843), p. 242.
- ↑ Livre de raison de Me Nicolas Versoris : Mem. hist de Paris 1886
- ↑ Moreri - Tome X, p. 555 - article Versoris
- ↑ Fouqueray, Henri (1860-1927). Histoire de la Compagnie de Jésus... p. 390.
- ↑ Fouqueray, Henri (1860-1927), Histoire de la Compagnie de Jésus... p. 390.
- ↑ Antoine Loysel, Opuscules, p. 520 et n.
- ↑ Guillaume Budé restaurateur des études grecques en France, Par Dominique Rebitté, p. 271
- ↑ Grand Dictionnaire des femmes de l'Ancienne France.
- ↑ Prosopographie des Gens du Parlement de Paris. MicheL Popoff.
- ↑ Histoire de France, depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, Par Henri Martin, p. 567
- ↑ Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France depuis le XIIIe siècle jusqu ... Par Joseph Fr. Michaud, Jean-Joseph-François Poujoulat, p. 81.
- ↑ Histoire des Français, Par Amédée Renée, p. 414
- ↑ Des assemblées nationales en France depuis l'établissement de la monarchie jusqu'en 1614, Par Pierre Paul Nicolas Henrion De Pansey, p. 284.
- ↑ Michaud, Louis-Gabriel, Biographie universelle ancienne et moderne (1843), p. 242.
- ↑ Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle, Par Pierre Bayle, Pierre Desmaizeaux, Eusèbe Renaudot, Anthelme de Tricaud, p. 376
- ↑ Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle. Par Pierre Bayle, Pierre Desmaizeaux, Eusèbe Renaudot, Anthelme de Tricaud, p. 376
- ↑ Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France depuis le XIIIe siècle jusqu ... Par Joseph Fr. Michaud, Jean-Joseph-François Poujoulat, p. 270
- ↑ Nobiliaire de Guienne et de Gascogne, revue des familles d'ancienne chevalerie ou anoblies de ces ..., Par Henri Gabriel O'Gilvy, Pierre Jules de Bourrousse de Laffore, p. 240
- ↑ François (3/4/1612 - Florence 7/12/1639), prince de Joinville
- ↑ B.N., dossiers bleus, 11, « Alesso, » les fols 2 ou 3 ; Orig de Pièces., 33, « Alesso, » fols. 2 64, 71 ; Carrés d'Hozier, 15, « Alesso, » fol. 219, 230, 248.
- ↑ Prosopographie des gens du parlement de Paris
- ↑ AN MM821
Bibliographie
- Livre de raison de Me Nicolas Versoris, avocat au parlement de Paris, 1519-1530 (1885)
- Plaidoyé de Feu Me Pierre Versoris, Advocat en Parlement; pour les prestres [et] escoliers du college de Clermont, fondé en l'Université de Paris, demandeurs; contre Ladite Université, Deffenderesse /Pierre Versoris. 1723
- Johannis Versoris,... in Aristotelis philosophie libros questiones, Critique et interprétation d'Aristote, 1489.
- Généalogie des principales familles établies à Paris, Paris, BN, manuscrit. XVIIIe siècle, B.n.F. : Fr. NA. 2056
- Intermédiaire des chercheurs et des curieux, Paris, in-8, 1re série (1864-1940), 2e série (1951 et ss.), 1972, 694, B.n.F. : 1re s. : 8° Z. 94, IIe siècle : 8° Z. 31292
- Bibliothèque Nationale, manuscrit, fonds français, 32356
- Bibliothèque Nationale, manuscrit, fonds français, 32464
- Bibliothèque Nationale, manuscrit, nouvelles acquisitions françaises, 4708
- Gaston Saffroy, Bibliographie généalogique... 3 vol., 1968-1974, 51745
- L. MORERI, Le grand dictionnaire historique... 20e éd. Paris, 1759, 10 vol. in-fol., 10, B.n.F. : G. 1116-1125.
- La CHENAYE-DESBOIS, Dictionnaire généalogique..., 3e éd. Paris, 1863-1876, 19 vol. in-4, tome: 19, e B.n.F. : 4 Lm1. 27. A.
Articles connexes
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