Pierre de hongrie

Pierre de Hongrie, né Pietro Orseolo et surnommé « l'Allemand » par ses opposants, succéda à son oncle Étienne I^er ("István" en hongrois) comme roi de Hongrie de 1038 à 1041 et de 1044 à 1046.

Biographie

Pietro Orseolo sur une enluminure de 1358

Fils d'une sœur d'Étienne et du doge de Venise Ottone Orseolo (mariage en 1009). Il doit quitter cette ville quand son père en est chassé par Conrad II le Salique en 1026 pour avoir favorisé son frère contre un patriarche allemand en menant campagne en Croatie. Les Orseoli ne récupéreront jamais un pouvoir acquis pour la première fois par leur famille un demi-siècle plus tôt. Ottone s'enfuit à Byzance.

Son fils, lui, se réfugie chez son oncle Étienne, en Hongrie. A la mort en 1031 d'Emeric, dernier fils d'Étienne, comme Pierre, est né chrétien tout en descendant d'Árpád, il est désigné officiellement comme héritier du trône hongrois par le roi. Il est ainsi préféré à un autre royal neveu, Pierre Deljan, futur tsar des Bulgares, mais aussi à Samuel Aba, beau-frère d'Étienne, ou Vazul, un cousin germain : tous deux ont grandi dans le paganisme. Vazul se rebellera en vain contre cette décision.

Pierre succède à Étienne en 1038 avec l'accord du pape Benoît IX. C'est un tyran : il néglige complètement de consulter le Conseil royal, remplace de nombreux dignitaires hongrois par des Italiens et des Allemands, dépouille la veuve d'Étienne - Gisèle de Bavière - lève d'énormes impôts (et crée pour cela la fonction de centenier, responsable fiscal local) ; enfin, mène une politique étrangère catastrophique. Bref : il est haï.

Détrôné une première fois par Samuel Aba en 1041, il se réfugie en Allemagne : c'est le début d'une guerre civile de vingt ans.

Il est rétabli sur le trône par les troupes de Henri III, après la défaite et la mort de Samuel Aba en 1044 - mais persiste dans ses excès. Il se déclare même, par deux fois, vassal de l'Empereur. En 1045, la reine Gisèle préfère s'enfuir et regagner sa Bavière natale. Il fait cruellement réprimer deux conspirations, mais, finalement - et bien qu'il aie pris aussi quelques décisions positives - le bilan est désastreux : Pierre est à nouveau chassé du pouvoir, en 1046, par les fils de Vazul. L'un d'eux, André I^er, lui succèdera.

C'est très vraisemblablement lors de son règne agité que disparut la première couronne hongroise, qu'avait reçue Étienne lors de son avènement : soit quand Henri III la renvoya à Rome en 1044, soit lors de la fuite définitive de Pierre. Bien que dite « de Saint-Étienne », la couronne royale de Hongrie, que l'on peut toujours admirer aujourd'hui, est en fait postérieure.

Sources

• Gyula Kristo Histoire de la Hongrie Médiévale Tome I le Temps des Arpads Presses Universitaires de Rennes (2000)(ISBN 2-86447-533-7).