- Pierre Lamy (humaniste)
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Pierre Lamy est un humaniste ami de François Rabelais qu'il initie à l'étude du grec et avec qui il fréquente l'hôtel du légiste fontenaisien André Tiraqueau.
L'ami et maître de Maître François Rabelais
Frère François Rabelais, en son couvent de Fontenay, ressent cette ardeur de savoir et de comprendre qui embrase alors l'élite des esprits. Là, parmi nous ces moines qui n'étudient point de peur d'attraper les oreillons, il se trouve trois ou quatre religieux, adonnés, comme lui, aux études antiques. L'un d'eux ne nous est connu que par le surnom grec de Phinétos. Un autre est ce Pierre Lamy qui, déjà très avancé dans les études grecques, lorsque Frère François, plus jeune, s'y essaie, a déjà acquis par ses connaissances l’estime des plus fameux humanistes.
Le "parrain" de Maître François Rabelais auprès de Guillaume Budé et du Roi
Pierre Lamy est en correspondance avec l'illustre annotateur des Pandectes, qui, mieux que personne en France, sait le grec et le latin et qui concilie avec ses doctes études les hautes fonctions de secrétaire du roi, Guillaume Budé.
Ce grand homme écrit au religieux de Fontenay des lettres très érudites, en grec et en latin ; et, dans chaque lettre, il met un mot pour le jeune Rabelais : Saluez de ma part votre frère en religion et en science... Adieu et saluez quatre fois en mon nom le gentil et savant Rabelais ou de vive voix, s'il est près de vous, ou par écrit, s'il est absent.
Le gentil et savant Rabelais aspire à l'honneur de recevoir aussi une lettre du grand homme.
Pierre Lamy promet de la lui obtenir ; mais, pendant assez longtemps, ses soins demeurent sans effet.
Frère François, ne recevant rien dénonce plaisamment son compagnon à Guillaume Budé comme s'étant targué d'un crédit imaginaire. Budé entre dans la plaisanterie qui, toute surchargée de droit romain, n'est pas des plus légères.
Pour ou contre les femmes
En 1520, Pierre Lamy se rend à Saintes, auprès du président Aymery Bouchard, défenseur des femmes.
Durant son séjour dans cette ville, il écrit au juge André Tiraqueau, adversaire des femmes, une lettre latine conservée qui nous montre que une mutuelle amitié de deux champions survivant à toute querelle.
Rabelais est décrit comme un très jeune homme, déjà plein de science, mais qui ne s'essaye que depuis peu de temps à écrire en grec.
J'éprouve une violente contrariété lorsque je prévois que si j'ai dû, dans l'intérêt d'Aymery, rester longtemps éloigné de ceux dont le regret me consume, c'est-à-dire vous et notre cher Rabelais, le plus érudit de nos frères franciscains, d'un autre côté, pour revenir près de vous, ce qui, à ma grande joie, ne tardera guère, il faudra m'arracher aux délices d'Aymery. Mais je trouve une puissante consolation dans la pensée qu'en jouissant de l'un de vous deux, je jouis de l'autre, tant vous vous ressemblez par le caractère et par la science, et que ce même Rabelais, si diligent à remplir les devoirs de l'amitié, nous tiendra fréquemment compagnie par ses lettres, tant latines, dont la composition lui est très familière, que grecques, dans lesquelles il s'essaye depuis quelque temps... Je me réserve de vous en dire plus long quand nous pourrons à loisir reprendre nos assemblées sous notre bosquet de lauriers et nos promenades dans les allées de notre petit jardin.
Rabelais, qui s'essaie en 1520 à écrire en grec des lettres familières, est capable, quatre ans plus tard, de composer en cette langue des vers à l'imitation de Méléagre.
Il célébre le De legibus connubialibus en une épigramme que, selon la coutume du temps, André Tiraqueau fait imprimer en tête du livre, dans l'édition de 1524. En voici la traduction littérale : Voyant ce livre dans les demeures Elyséennes, hommes et femmes indistinctement diront : « Les lois par lesquelles le fameux André a enseigné à ses Gaulois l'union conjugale et la gloire du mariage, si Platon nous les avait apprises, y auraitil parmi les hommes quelqu'un de plus illustre que Platon ?
L'ouvrage célébré de la sorte n'est qu'une indigeste compilation, un recueil de textes assemblés sans art ni critique.
André Tiraqueau plus grand que Platon !...
La louange démesurée et vaine se perd dans son immensité même. Le tort en est moins à Rabelais qu'à l'esprit d'un temps où l'on ne garde nulle mesure dans l'éloge comme dans l'invective.
Catégories :- Personnalité française du XVIe siècle
- Date de naissance inconnue (XVe siècle)
- Date de décès inconnue (XVIe siècle)
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