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Philippe de Clèves
Philippe de Clèves (Le Quesnoy 1459 - Château de Wijnendaele 28 janvier 1528), seigneur de Ravenstein, Wijnendaele et Enghien, était un noble et un chef militaire des Pays-Bas bourguignons, conseiller de Maximilien de Habsbourg.
Sommaire
Jeunesse
Il était fils d'Adolphe II de Clèves, seigneur de Ravenstein (1425-1492, petit-fils du duc de Bourgogne Jean sans Peur) et de Béatrice de Portugal (†1462, fille de Jean Ier de Portugal et sœur du célèbre Henri le Navigateur). Comme son père, qui était chevalier de l'Ordre de la Toison d'Or, remplissait de hautes fonctions à la cour de Bourgogne, et qu'après la mort de sa première épouse il s'était remarié avec Anne de Bourgogne, gouvernante (et tante) de la jeune duchesse Marie de Bourgogne, Philippe fut un compagnon de jeux de celle-ci.
En 1477, Philippe de Clèves fut nommé gouverneur militaire de la Flandre française. En cette qualité, il combattit l'armée française, avec des succès divers. En 1482 il rétablit l'ordre dans la principauté de Liège, après l'assassinat du prince-évêque Louis de Bourbon par Guillaume de la Marck, surnommé le sanglier des Ardennes.
Philippe Monseigneur de Ravenstein, comme ses contemporains l'appelaient, épousa en 1485 Françoise de Luxembourg (†1523), fille du châtelain d'Enghien où le mariage (qui resta sans postérité) fut célébré.
Maximilien
Lorsqu'en 1486 Maximilien fut appelé en Allemagne pour y régler la succession de son père Frédéric III, Philippe de Clèves assura, avec Englebert II de Nassau et le chancelier Jean Carondelet, l'intérim du gouvernement des Pays-Bas bourguignons. Après le retour de Maximilien, Philippe prit une part active à la répression du soulèvement des villes flamandes d'Ypres, Bruges et Gand; et lorsque Maximilien fut fait prisonnier, il s'offrit comme l'un des otages répondant sur leur vie de l'accomplissement par le souverain des accords qui lui avaient été imposés le 16 mai 1488. Mais le futur Empereur ne tint pas parole.
Dégoûté par la trahison de son souverain, Philippe de Clèves prit le parti des villes insurgées. Il diffusa un pamphlet original intitulé Le Philalèthe, où il s'affirmait comme le véritable défenseur de la maison de Bourgogne, contre les Habsbourgs. Il y accusait Maximilien d'avoir voulu annexer les Pays-Bas au Saint-Empire, et, contre le traître Maximilien, il présentait le fils de celui-ci, Philippe le Beau, comme le seul héritier légal des États bourguignons. La réaction ne se fit pas attendre: le 5 septembre, Philippe de Clèves était dégradé et mis au ban de l'Empire.
Révolte
Il ne resta toutefois pas inactif, et se fit l'allié du roi Charles VIII de France, duquel cependant il n'obtint que peu de soutien. Les Hameçons et la principauté de Liège s'allièrent également à lui, et les villes brabançonnes de Bruxelles et Louvain lui ouvrirent leurs portes. Mais son succès ne dura pas: le 12 octobre 1492, Philippe de Clèves, totalement isolé, dut rendre L'Écluse, son dernier bastion, et se soumettre.
Fin de vie
Il chercha un moyen de refaire sa vie, et le trouva en 1498, lorsqu'il partit pour l'Italie au service de Louis XII. Après quelques années comme vice-roi de Gênes, il se retira dans son château d'Enghien, qu'il fit embellir. Il y mena une vie studieuse et écrivit une Introduction de toutes manières de guerroyer tant par terre que par mer et des choses y servantes (publiée en 1579), très prisée des historiens. Il collectionna aussi les œuvres d'art, dont il décora ses châteaux d'Enghien et de Wijnendaele. Sa nombreuse bibliothèque se trouvait dans sa maison de Gand.
Lorsque son épouse Françoise décéda sans enfants le 5 décembre 1523, le château et la seigneurie d'Enghien échurent à la sœur (et héritière) de celle-ci, nommée Marie. Philippe se retira au château de Wijnendaele, qui appartenait depuis 1410 aux ducs de Clèves. Il y mourut trois ans plus tard d'une attaque d'apoplexie; sa femme et lui sont enterrés à Bruxelles, dans l'ancienne église des Dominicains.
Tant comme noble que comme militaire, Philippe de Clèves connut des échecs, et ne réussit pas à accomplir ses ambitions. Malgré le soutien de son ami, le comte Charles de Lalaing, il n'arriva pas, contrairement à son père, à entrer dans l'Ordre de la Toison d'Or. On lui reproche aussi sa conduite peu héroïque à la bataille de Guinegatte (1479) et le meurtre (resté impuni) de deux de ses adversaires en 1484 et 1490. Il peut tout de même être considéré comme un des derniers chevaliers du Moyen Âge à accorder une valeur sacrée à la parole donnée.
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