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Femme au foyer
Une personne au foyer, le plus souvent une femme au foyer, fréquemment mère au foyer, est une personne sans activité rémunérée régulière et qui réalise la majeure partie des tâches du foyer : entretien domestique, achats, préparation des repas, surveillance et éducation des enfants, etc.
Sommaire
Description sociologique et historique du rôle des femmes au foyer
Les rôles des hommes et des femmes ont été et sont différents dans toutes les sociétés ; de par son rôle d'enfantement et d'allaitement, une mère aura nécessairement des activités différentes de celles d'un homme. La différence de tâches entre hommes et femmes est un phénomène omniprésent dans le temps (depuis l'origine de l'humanité) et l'espace (toutes les cultures, sans exception, ont des normes sociales à cet égard).[réf. nécessaire]
Au fil des décennies, la répartition des rôles a évolué avec le progrès technique et les changements d'organisation dans les pays occidentaux :
- l'exode rural ;
- la réduction de la production domestique ;
- l'augmentation massive de la part des femmes en emploi salarié, d'abord pour des tâches réputées féminines (filature, couture, blanchisserie), puis dans des activités antérieurement dévolues aux hommes (notamment sous l'effet du remplacement dans les usines des hommes partis au front pendant la Première Guerre mondiale).
La restriction du rôle des femmes à s'occuper du foyer n'est pas une composante "traditionnelle" des sociétés occidentales ; les paysannes travaillaient avec les hommes et au XIXe siècle une majorité des femmes des villes travaillent (cf. Les Rougon-Macquart de Zola).
Les mouvements féministes créés au XXe siècle après la Première Guerre mondiale, militant principalement pour l'émancipation politique des femmes, ont participé au cours du XXe siècle à mettre en cause l'organisation de la société contemporaine, notamment dans les années 1960, critiquant la répartition des rôles entre hommes et femmes et évoquant des notions de « justice sociale »[réf. nécessaire].
Description statistique des personnes au foyer
Dans le cas de la France, selon une enquête de l'INSEE, en 2004, 14,5 % des femmes et 0,5 % des hommes (18-59 ans) sont « au foyer »[1]. En 2002, lorsqu’un membre d’un couple mixte ne travaillait pas, il s’agissait dans 88 % des cas de la femme ; en 1975, cette proportion était de 98 % (époque où le chômage était plus faible). Le chômage (c'est-à-dire la volonté de travailler mais l'incapacité à trouver du travail) serait, à un instant donné, à l’origine de la présence au foyer d’un des membres du couple dans environ 25 % des cas[2].
Description économique
Mesure de la production réalisée au foyer
Le produit intérieur brut (PIB), indicateur économique qui mesure la valeur ajoutée totale créée au sein d'un pays, n’intègre pas l’autoproduction des ménages, dont font justement partie les activités « au foyer », en particulier parce que ces activités ne donnent pas lieu à un échange monétaire et ne peuvent donc pas être mesurées facilement. Ainsi, la "production" des personnes au foyer –ainsi que celle des personnes en emploi salarié– réalisée dans le cadre des tâches domestiques n'est pas mesurée au sein du PIB. Cette situation pousse certains économistes à tenter d'évaluer monétairement le travail domestique, afin de corriger en conséquence le PIB et ainsi avoir une estimation de la richesse totale produite[3].
Une personne au foyer est classée par la comptabilité nationale comme faisant partie des inactifs : elle ne fait pas partie de la population active, qui regroupe employés et chômeurs. Ceci signifie, non pas qu'elle ne fait rien, mais qu'elle ne participe pas au marché du travail.
Enjeux économiques
Si ces personnes se (re-)mettaient en emploi, cela augmenterait le PIB et le PIB par habitant, mais une partie de leur travail domestique antérieur (non mesuré) serait perdu. Les tâches au foyer seraient soit abandonnées (par exemple les enfants seraient moins pris en charge), soit réalisées sur le temps de loisir de ces personnes, soit réalisées par d’autres membres du foyer, soit déléguées à des aides externes rémunérées (assistante maternelle, femme de ménage, etc.). Ainsi, l'augmentation du PIB consécutive n'engendrera pas forcément une augmentation du bien-être de même ampleur si le temps de loisir au sein du foyer est réduit. En tout état de cause, les individus organisent leur mode de vie de façon à maximiser leur bien-être, donc les économistes estiment que la proportion « optimale » de personne au foyer découlera de la liberté de choix des individus et de la minimisation des distorsions économiques impactant leur comportement.
Distorsions économiques
Des études économétriques illustrent le rôle des distorsions économiques, en particulier l'effet néfaste d'un taux marginal d'imposition élevé, sur le taux d'emploi des femmes en couple. Par exemple, l'OCDE, en 2005, a estimé que la probabilité de retour à l’emploi d'un chômeur dont le conjoint travaille passerait de 51% à près de 58%, soit une augmentation de 7 points de pourcentage, si les taux marginaux d’imposition effectifs étaient réduits de 20%[4].
En France
Au sein des pays développés, la France est le seul pays qui a un impôt sur le revenu des ménages pesant sur les foyers et non un impôt prélevé à la source, ce qui associé à un taux marginal d'imposition élevé réduit fortement l'intérêt pour le second membre du couple à travailler[5]. De plus, une allocation spécifique est accordée aux parents cessant une activité professionnelle pour se consacrer à l'éducation des enfants : l'allocation parentale d'éducation.
Absence de lien durable avec le taux de chômage
Pour lutter contre le chômage, il a parfois été proposé, voire mis en œuvre, des politiques visant à réduire l'offre de travail en augmentant l'incitation à rester ou retourner au foyer (en visant en général les femmes). Bien qu'empiriquement inefficaces (voir sophisme d'une masse fixe de travail), ces propositions perdurent dans l'opinion d'une partie de la population.
Relations au sein du ménage
Une personne au foyer est financièrement dépendante des personnes en activité du ménage; Cette dépendance financière n'implique pas forcément une dépendance globale : les activités au foyer réalisées pour les autres membres peuvent être tenues pour équivalentes à la participation aux dépenses, et la situation peut être vécue comme réversible ou transitoire (s'occuper d'enfants en bas âge). Cependant, ce manque d'autonomie peut réduire la possibilité de quitter le conjoint, pouvant amener les femmes au foyer à tolérer davantage un mari violent.
Évocation dans des programmes politiques
Plusieurs programmes politiques, généralement traditionalistes, proposent[réf. nécessaire] que les personnes au foyer soient rémunérées, par l'État ou autres organismes sociaux. C'est partiellement le cas dans certains pays où une allocation spécifique est accordée aux parents cessant une activité professionnelle pour se consacrer à l'éducation des enfants (voir par exemple allocation parentale d'éducation en France).
Notes et références
- ↑ (personnes de 18-59 ans résidant en France métropolitaine, hors étudiants et retraités), Des chiffres pour les hommes… des lettres pour les femmes - INSEE première n°1071, mars 2006, page 3 [pdf]
- ↑ La femme au foyer : une situation de moins en moins fréquente, 1975 - 2002 : la part des ménages sans emploi a doublé - INSEE première, janvier 2005, page 4 [pdf]
- ↑ Selon une enquête de mai 2007 de l'institut d'étude américain Salary.com auprès de 40 000 mères au foyer aux États-Unis, réponses volontaires en ligne et par téléphone, sans vérifications, sans que le nombre d'enfant soit précisé, le nombre d'heures travaillées au foyer serait en moyenne de 92 heures par semaine. L’enquête comptabilise dix métiers que peut exercer une femme au foyer : femme de ménage, aide maternelle, cuisinière, technicienne en équipement ménager, en bâtiment et en ordinateur, concierge, conductrice, psychologue et responsable de PME ; si l’ensemble de ce travail était rémunéré au prix moyen du marché, sous l'hypothèse (erronée) que la productivité au travail serait identique, il correspondrait à un salaire annuel de 138 095 dollars ; enquête reprise dans la presse : Le salaire annuel moyen hypothétique d'une mère au foyer en Amérique, L'expansion, 3 mai 2007, et 138 095 dollars : salaire annuel d'une mère au foyer américaine, si elle était payée à l'heure, Lemonde.fr, édition du 09.05.07.
- ↑ Perspectives de l’emploi de l’OCDE, OCDE, 2005, chapitre 3 "Renforcer les incitations financières au travail : le rôle des prestations subordonnées à l’exercice d’un emploi"
- ↑ Faut-il individualiser l'impôt sur le revenu ?, Lettre de l'OFCE n° 216, 2002, page 2, "Une désincitation au travail des femmes ?" lien
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