- Personnalité paranoïaque
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Trouble de la personnalité paranoïaque
Le trouble de la personnalité paranoïaque constitue un état de méfiance soupçonneuse envahissante envers les autres, dont les intentions sont interprétées de manière malveillante. La tendance actuelle est de considérer qu'il existe un continuum allant de la normalité aux formes graves de paranoïa en passant par la personnalité paranoïaque. L'être humain normal peut, à certains moment, présenter de manière isolée de tels symptômes, qu'on pourra alors comprendre comme des défenses réactionnelles et labiles contre l'angoisse. Chez certaines personnes cependant, les traits de personnalité paranoïaque se rigidifient, s'installent de manière chronique et finissent par constituer une souffrance ou une gêne pour l'entourage. On parle alors de Trouble de la personnalité paranoïaque. Si un état délirant s'installe, on parle alors de paranoïa.
Sommaire
Épidémiologie
Deux fois plus fréquent chez l'homme que chez la femme, ce trouble est toutefois peu diagnostiqué, puisqu'une grande partie des souffrants ne songe aucunement à consulter. La prévalence est donc très dure à définir : on l'estime entre 0,4% pour les études les plus optimistes, et 3,3%.
Principaux critères retenus par le DSM-IV
La personnalité paranoïaque implique la présence d'au moins quatre des sept symptômes suivants :
- Le sujet s'attend, sans raisons suffisantes, à ce que les autres se servent de lui, lui nuisent ou le trompent ;
- Il est préoccupé par des doutes injustifiés concernant la loyauté ou la fidélité de ses amis et collègues, d'une façon plus générale de son entourage;
- Il est réticent à se confier à autrui car il craint que sa confidence ne soit utilisée contre lui ;
- Il discerne des significations cachées, humiliantes ou menaçantes, dans des évènements anodins ;
- Il est rancunier, ne pardonne pas d'être blessé, insulté ou dédaigné ;
- Il s'imagine des attaques contre sa personne ou sa réputation, auxquelles il va réagir par la colère ou la rétorsion ;
- Il met en doute de manière répétée et sans justification la fidélité de son conjoint.
Ces comportements ne doivent pas avoir lieu dans le cadre :
- D'un trouble émotionnel accompagné de manifestations psychotiques ou d'un autre trouble psychique.
- D'un problème médical global.
Caractéristiques psychopathologiques
Le comportement majeur de défense est un symptôme-clé. Il touche de nombreux domaines de la vie du sujet : la vie sociale, affective, professionnelle ...
Le trouble de la personnalité paranoïaque constitue une forme a minima et un fond de développement de la paranoïa. On y trouve donc les formes atténuées des symptômes de celle-ci : hypertrophie du moi avec une surestimation de soi, notamment. Peu affectif, le patient se veut rationnel. Toutefois, la fausseté du jugement est présente, une absence d'autocritique, un raisonnement se voulant logique mais s'appuyant sur des a priori partiaux, sortis de leur contexte global. On parle également de psychorigidité ou pensée psychorigide : le patient n'accepte aucun argument extérieur, qu'il soit positif ou négatif.
Méfiance et susceptibilité nourrissent l'attente d'être trompé par autrui. Cette attitude peut finalement amener directement à la tromperie ou les cachotteries de la part de l'entourage, qui par retour, justifieront la méfiance... Le patient manque d'introspection, ne se remet que peu en cause, cache ses sentiments de peur que l'on ne s'en serve contre lui.
Un type particulier de personnalité paranoïaque, la personnalité sensitive
C'est un type de personnalité paranoïaque marqué par un sens élevé des valeurs morales, l'orgueil (une haute estime de soi-même, qui conduit à se considérer comme jamais suffisamment reconnu à sa juste valeur), une hyperesthésie relationnelle entraînant une grande vulnérabilité dans les contacts sociaux, et une tendance à l'autocritique, à intérioriser douloureusement les échecs et une susceptibilité. On ne retrouve pas l'hypertrophie du moi, ni la quérulence présentes chez les autres personnalités paranoïaques.
Prise en charge et objectif thérapeutique
Le trouble est relativement peu diagnostiqué et difficile à traiter : comme son homologue plus flagrant, il conduit le sujet à penser que lui se porte tout à fait bien, et que les autres sont responsables de son malheur. On exercera une prise en charge orientée vers la lutte contre le sentiment permanent d'insécurité, le développement de l'empathie, afin que le sujet sache mieux se mettre à la place des autres et adopter des points de vue différents.
Évolution
La personnalité paranoïaque peut rester stable toute sa vie, mais elle constitue un terrain favorable au développement de psychose paranoïaque, ou au Délire de relations des sensitifs de Ktretschmer (pour les personnalités sensitives).
Voir aussi
Liens internes
Bibliographie
- DSM-IV, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Traduction française, Paris, Masson, 1996
- Q. Debray, « La personnalité paranoïaque : diagnostic », La Revue du praticien, 1993, vol. 43, n° 8, p. 1053-1054
- P. F. Dubos, « La personnalité paranoïaque », Gazette médicale, 1994, vol. 101, n° 17, p. 12
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