- Ariel Toaff
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Ariel Toaff (né en 1942) est professeur d'histoire à l'Université Bar Ilan. Fils de l'ancien Grand-Rabbin de Rome Elio Toaff, il est spécialiste de l'histoire des Juifs en Italie. Il est surtout connu pour la polémique qu'il a déclenchée avec un livre portant sur des crimes de sang imputés aux Juifs.
Sommaire
Pasque di sangue: Ebrei d'Europa e omicidi rituali
Dans ce livre paru en février 2007, Ariel Toaff estime que certains enfants chrétiens auraient pu avoir été tués par « une minorité de Juifs fondamentalistes d'origine ashkénaze ». Il cite des descriptions kabbalistiques d'utilisations thérapeutiques du sang, et émet l'hypothèse qu' « un marché noir florissait des deux côtés des Alpes, avec les intermédiaires juifs vendant du sang humain portant la certification rabbinique du produit - sang kascher ». Il affirme aussi que les minutes des procès des Juifs accusés d'infanticide semblent contenir des preuves implicites de telles pratiques, ou du moins de telles convictions, et ce malgré le fait que la quasi-totalité des interrogatoires était biaisée par les pressions des juges.
Le livre s'appuie particulièrement sur l'affaire de 1475 à Trente, près de la frontière autrichienne. Cette ville a commémoré le « martyre » du petit Simon pendant cinq siècles, jusqu'à la publication par le Vatican en 1965 de Nostra Aetate, document fondateur du dialogue interreligieux contemporain (dans la ligne du Concile Vatican II, qui encourage la reconnaissance et l'estime mutuelle entre juifs et chrétiens). L'évêque de Trente a signé un décret qui reconnaît que l'accusation de crimes de sang contre les Juifs de cette ville était sans fondement.
Réactions au livre
Le Dr Amos Luzzatto, ancien président de l'UCEI, a émis l'avis suivant : « je m'attendrais à quelque chose de plus sérieux que "cela pourrait avoir été vrai." » Il a aussi exprimé sa consternation devant le sensationnalisme avec lequel le Corriere della Sera, principal quotidien d'Italie, a traité la question. Ce journal a alors publié une réfutation minutieuse du livre, comprenant des interviews de plusieurs grands érudits italiens, dans son numéro du 11 février 2007[1].
« Il est tout à fait absurde d'utiliser des déclarations arrachées sous la torture il y a quelques siècles pour reconstruire des thèses historiques étranges et tortueuses, » ont par ailleurs déclaré douze des grands rabbins d'Italie dans un communiqué de presse où ils réfutent les thèses de Toaff. « Le seul sang qui a été versé dans ces histoires était celui de tant de Juifs innocents, massacrés à cause d'accusations injustes et infâmes. »
De très nombreux historiens ont par ailleurs critiqué un grave manque de méthode de la part d'Ariel Toaff.[réf. nécessaire]
Réponses d'Ariel Toaff
Le 14 février 2007, Ariel Toaff a déclaré qu'il avait demandé à l'éditeur italien de son livre d'en arrêter immédiatement la distribution pour qu'il pût « revoir les passages sur lesquels reposent les distorsions et les contre-vérités qui ont été publiées dans les mass-média[2] ». La violente controverse autour de cette première édition le conduisit ensuite à quitter Israël pour l'Italie.
Toaff déclare dans une interview pour le journal israélien Haaretz : « sur plusieurs dizaines de pages j'ai prouvé la centralité du sang pour la Pâque[3]. (...) En me fondant sur de nombreux sermons, j'ai conclu qu'il avait été utilisé, surtout par les Juifs ashkénazes, et qu'on était convaincu des pouvoirs curatifs spéciaux du sang des enfants. C'est un fait que parmi les remèdes des Juifs ashkénazes il y avait des poudres faites avec du sang. (...) Les rabbins le permettaient d'une part parce que le sang était déjà séché, et d'autre part parce que dans les communautés ashkénazes c'était une coutume reçue et qui avait pris force de loi. »
En 2008, Ariel Toaff se rétracte : "Les Juifs n'ont pas été impliqués dans le meurtre rituel, qui était un stéréotype entièrement chrétien", écrit-il dans la seconde édition de son livre dont il a accepté de changer l'illustration de couverture, mais pas le titre provocateur. Dans une nouvelle interview à Haaretz, il affirme aussi que le sang séché était un produit courant aussi bien chez les chrétiens que chez les Ashkénazes, un remède ordinaire prélevé sur des donneurs rémunérés[4].
Œuvres
- Pasque di sangue: ebrei d'Europa e omicidi rituali. 2007. ISBN 978-88-15-11516-4
- Love, work, and death: Jewish life in medieval Umbria. 1996. ISBN 1-87477-419-6
- The Jews in Umbria. 3 Bände:
- The Jews in Umbria: 1245–1435. 1993. ISBN 90-04-09695-7
- The Jews in Umbria: 1435–1484. 1994. ISBN 90-04-09979-4
- The Jews in Umbria: 1484–1736. 1994. ISBN 90-04-10165-9
- The Mediterranean and the Jews: banking, finance and international trade (XVI–XVIII centuries). 1989. ISBN 965-226-099-1
- The Jews in medieval Assisi: 1305–1487; a social and economic history of a small Jewish community in Italy. 1979. ISBN 88-222-2835-9
Bibliographie
- Sabrina Loriga, « Une vieille affaire ? Les "Pâques de sang" d’Ariel Toaff », Annales. Histoire, Sciences Sociales 1/2008 (63e année), p. 143-172. En ligne.
- Sabina Loriga, "The Controversies over the Publication of Ariel Toaff's "Bloody Passovers"," Journal of The Historical Society, 8,4 (2008), 469-502.
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ariel Toaff » (voir la liste des auteurs)
Notes
Catégories :- Naissance en 1942
- Essayiste israélien
- Universitaire israélien
- Historien des Juifs et du judaïsme
- Accusation de crime rituel contre les Juifs
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