- Parcours des condamnés de la prison au Tribunal révolutionnaire
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Parcours des condamnés de la prison au Tribunal révolutionnaire
Avant d'effectuer leur dernier voyage vers la guillotine, les condamnés étaient transférés de leur prison respective vers la Conciergerie pour comparaître devant le Tribunal révolutionnaire.
Sommaire
Transfert de la prison vers la Conciergerie
Après une incarcération plus ou moins longue dans l'une des nombreuses prisons de Paris improvisées soit dans d'anciens hôtels ou palais comme la prison du Luxembourg, soit dans des couvents transformés en prisons comme la prison des Carmes, Saint-Germain-des-Prés, ou la prison Saint-Lazare, soit dans des collèges ou hôpitaux comme le couvent des oiseaux, Port-Royal devenu Port-Libre, ou Bicêtre.
Appel des détenus
Tout commençait par la visite fatale de l'huissier du Tribunal révolutionnaire. Accompagné des geoliers et de leurs dogues, assisté des guichetiers assez souvent ivres, tenant en main une liste de noms mal orthographiés pour la plupart du temps et qu'il déchiffre à peine, l'huissier fait l'appel. Les noms sont écorchés, personne ne réagit à l'appel de son nom devenu incompréhensible. Il jure, menace et appelle de nouveau.
Témoignage de Monsieur D'Hornoy
Monsieur D'Hornoy, prisonnier à la prison des Oiseaux, raconte l'appel dont il a été le témoin le 7 thermidor an II (25 juillet 1794) : «L'huissier appelle Grammont d'Orsan. Madame d'Ossun se lève : «ce ne peut être que moi», dit-elle, et d'un pas ferme elle s'avance. On appelle successivement d'Armentières, Chimay, Narbonne, Pelet, Cécile Quiévrain, Querhöent, Maulevrier, Raymond de Narbonne. Toutes marchent sans donner une marque de faiblesse. A chaque nom ..., «Marche en avant !» criaient les féroces geoliers avec une joie barbare et la jouissance de l'insulte.
L'huissier appelle ensuite trois hommes : le duc de Clermont-Tonnerre, le marquis de Crussol, Monsieur de Saint-Simon, évêque d'Agde. Ce dernier avait répondu de sa fenêtre qu'il allait descendre. Leclerc, avec la férocité d'un tigre, se plaît à faire retentir plusieurs fois la cour de son nom et de la qualité qui le menait au supplice.
Madame de Narbonne Pelet, âgée et malade, revenait appuyée sur Cécile Quiévrain, sa femme de chambre, condamnée comme elle. Elle désirait avoir un sac : «Tu n'en as pas besoin.. Marche en avant».
Le duc de Clermont-Tonnerre, un homme âgé de 74 ans, demande en traversant la cour : «Où est Monsieur de La Ferté», son camarade de chambre. «Qu'on ne lui parle pas» crie Leclerc, «en avant !»
La plus courageuse la plus touchante peut être, fut la Comtesse Raymond de Narbonne. Jeune encore, arrachée à une fille de dix ans qui était là, elle s'avance avec dignité vers la duchesse de Choiseul : «Madame», lui dit-elle en l'embrassant, «je vous recommande ma malheureuse fille. Daignez lui servir de mère dans les premiers moments».
Quand Leclerc eut réuni toutes ses victimes, quand il les eut plusieurs fois comptées, il les fait sortir l'une après l'autre et toutes disparaissent à nos yeux pour jamais».
Trajet entre la prison et la Conciergerie
Parfois le compte n'est pas bon. A plusieurs reprises on fait redescendre les malheureux entassés dans les charrettes.
De la Conciergerie au Tribunal révolutionnaire
Les charrettes arrivent à la prison de la Conciergerie où le nombre des prisonniers ne cesse de s'accroître. Martial Joseph Armand Herman, l'instigateur de la conspiration des prisons s'en était même inquiété auprès de Fouquier-Tinville.
Il n'est pas rare que les nouveaux arrivants croisent au greffe ceux qui partent pour la guillotine. Tout d'abord, c'est la formalité de l'écrou. Puis dans un dédale de couloirs tortueux, on pénètre dans les entrailles de la prison, avec une grille solide tous les vingt pas, des escaliers de pierre qui descendent dans l'épaisseur des murailles, des guichets garnis de verrous. On y découvre le noir, l'humidité, le froid et la puanteur des lits et des paillasses, jetés à même les dalles. Les condamnés ne passent qu'une seule nuit à la Conciergerie, ce fut l'antichambre de la mort sous la Révolution française.
Le Tribunal révolutionnaire
A l'aube, Les huissiers parcourent la Conciergerie pour rassembler ceux qui vont comparaitre devant le Tribunal révolutionnaire.
Voir aussi
Sources
Les victimes de Picpus 1794-1994 Brochure acquise au cimetière de Picpus
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Catégorie : Société et Révolution française
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