- Paceño
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Quena
La quena (qina en quéchua), kena, kena kena, khena, quena quena, quena mala, quena mediana, pusiphia quena, taikapusiphia, malta, liku, quenilla, quenacho, lichiwayu, paqi, taipi, qolta, paceño (mala et ch'ili) ou chokela, est une flûte droite utilisée dans les pays andins depuis l'époque Chavin au Pérou, il y a plus de deux mille ans. La quena moderne est apparue au XVIe siècle ; elle dérive à la fois de la quena préhispanique, qui avait 5 trous au maximum, et de la flûte à bec européenne. On la trouve aujourd'hui au Pérou, en Bolivie, en Argentine, en Équateur, au Chili, en Colombie, au Vénézuéla et en Guyane.
Les multiples sortes de flûtes andines dérivent de trois modèles : la flûte à encoche (qui peut être médiane, inférieure ou supérieure, par rapport à l'épaisseur du tube), la flûte à bec (tarkas ou pinquillos, courante à l'époque des Chimus, ce dont témoignent abondamment les vases siffleurs précolombiens), et le siku, technologiquement sans doute la plus ancienne. L'ingéniosité des habitants des Andes a fait varier ces modèles au point qu'on en recense (d'après le musicologue Alejandro Vivanco) près de 115 déclinaisons différentes.
Facture
La quena est traditionnellement en roseau, en os, en pierre ou en terre cuite, aujourd'hui, le bois, le métal et le plastique, plus robustes, sont parfois utilisés. Généralement, c'est le roseau de la lisière de l'Amazonie (et celui du type « balsa » dans lesquels sont faites les embarcations du lac Titicaca, qui ne sont pas creux mais fibreux à l'intérieur) qui est employé.
Le tuyau de la quena est percé de 5 ou 6 trous équidistants plus un trou au-dessous (parfois on en dénombre 8). Il est muni d’une embouchure à encoche en forme de « U » ou de « V ». D’une longueur moyenne de 37,5 cm (entre 25 et 50cm), elle est en général en sol majeur avec une échelle chromatique. Le sixième trou du bas était à l'origine un trou d'accord, et n'était pas utilisé.
Il existe bien des variantes avec leurs déclinaisons :
- la quena quena, longue de 50 à 70cm pour un diamètre de 25mm, avec 7 trous de jeu, jouée parfois en paire avec la quena mala (ou quena mediana), à la quinte
- la pusiphia quena, de 72cm de long, jouée en trio macululos : la taikapusiphia, la plus grande, joue la mélodie, la malta joue à la quinte, et la liku joue à l'octave.
- la quenilla, plus petite,
- le quenacho, plus grand, accordé une quarte plus basse, en ré.
- la lichiwayu, en bois, jouée par les Chipaya et les Aïmaras en ensemble : paqi (58cm), taipi (41cm) et qolta (31cm).
- la paceño, en deux tailles : grande (mala) et petite (ch'ili), à la quinte.
- la chokela, de 45cm de long.
Jeu
À l'origine, la gamme de la quena en os (retrouvée dans les tombes) ne permettait pas le jeu de nos tonalités, puisque son échelle musicale divisait l'octave en 5 ou 10 tons égaux (5 trous) qui donnaient une échelle légèrement différente de la division de l'octave en six ou douze. À l'arrivée des conquistadors, les instruments se sont un peu modifiés, afin de jouer à la fois les mélodies anciennes et les mélodies que l'on appellera de style mestizo. C'est ce qui explique que les quenas anciennes, démarrant sur le La 370 du Moyen-Âge (plus proche d'un sol dièse actuel), comportaient deux notes fausses, le Do 1/4 et le Fa dièse qui était un Fa 3/4, à l'endroit où l'écart entre l'échelle à dix intervalles et l'échelle à 12 intervalles s'écartaient le plus l'une de l'autre. Finalement, aujourd'hui, on a renoncé à cette gamme hybride qui permettait de jouer dans deux systèmes musicaux différents : celui des peuples précolombiens, d'origine asiatique, (la quena est peut-être parente du shakuhachi) et celui venu d'Europe (majeur 2 tons 1/2 ton 3 tons 1/2 ton), qui l'a finalement emporté. Elle dispose d'un registre de plus de deux octaves
Aujourd'hui les huaynos, les danzante équatoriens, et autres musiques amérindiennnes sont pentatoniques (à base de cinq notes), mais empruntées à la gamme chromatique occidentale, ce qui introduit le jeu de la note sensible, et des tonalités, ainsi que l'harmonie occidentale.
Les musiciens sud-américains noient la tonalité dans des accords équivoques, des successions de 7e ou de 9e, qui font passer d'un ton dans un autre sans qu'on sache très bien dans lequel on est. On en trouve des traces dans les enregistrements de Louis Girault pour le Musée de la Parole (Danza des los Khunturis, p. ex.), et dans les enregistrements très anciens de musique des Aymaras ou des Quechuas de Bolivie.
Les flûtes étaient à l'origine liées à des rituels agricoles (cérémonies de fécondation de la terre), et jusqu'à une période récente, elles étaient réservées à l'usage des hommes (leur utilisation par les femmes étant réputée porter malheur).
Source
- (en) S. Sadie, The New Grove Dictionary of Musical Instruments, Macmillan, London, 1985.
- Malena Kuss, Music in Latin America and the Caribbean: An Encyclopedic History, University of Texas Press, 2004
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