- Organisation speciale
-
Organisation spéciale
Pour les articles homonymes, voir OS.L'Organisation spéciale (O.S.) est une dénomination qui recouvre différentes structures clandestines au sein du Parti communiste français (P.C.F.) au cours de la période 1940-1944.
Sommaire
Première période juillet 1940 - juin 1941
En juillet 1940, le P.C.F. est un parti clandestin depuis sa dissolution par le gouvernement Daladier en septembre 1939. Dès octobre 1940, la direction du P.C.F. met en place des « groupes spéciaux » que l'on appelle aussi « groupes O.S. », constitués au départ d'éléments aguerris pour effectuer un certain nombre de tâches relevant du service d'ordre et des actions de sabotage : récupération d'armes, intimidation des traîtres, protection des militants qui prennent la parole sur les marchés,dans les files d'attente, distribution de tracts, collage d' affiches, de papillons, participation à des manifestations patriotiques, organisation d'actions de sabotage contre les installations militaires nazies,actions de sabotage contre la production des usines travaillant pour les nazis... Le 15 mai 1941, le P.C.F. prend l'initiative d'appeler à un vaste rassemblement de tous les Français « sauf les capitulards et les traîtres ». Ainsi naît le « Front national de lutte pour l'indépendance et la renaissance de la France »[1].
Alain Guérin fait état d'actions anti-allemandes telles que des sabotages de lignes téléphoniques ou de voies ferrées menées dés 1940[2]. Des exemples d'actions anti-allemandes menées en 1940 et en 1941, et plus précisément avant l'invasion de l'URSS en juin 1941 par l'Allemagne nazie, sont donnés par Albert Ouzoulias dans "Les Bataillons de la jeunesse" et les "Fils de la nuit", par Charles Tillon dans "Les FTP,la guérilla en France", par de nombreux résistants communistes anciens membres de l'OS ou ayant participé à la création de groupes del'OS.
Cette thèse n'a pas été reprise par des historiens du parti communiste depuis 1980, y compris par les historiens proches du parti communiste comme Roger Bourderon[3] ou Serge Wolikow [4].
Pour être complet, il est à noter que les thèses de ces historiens sont infirmées par les sources citées dans les lignes précédentes, par plusieurs notes émanant de différentes sources : le préfet de Seine et Oise, Monsieur Chevalier, qui dans une note de novembre 1940 à l'attention de la population, dénonce des actions de sabotage contre les installations militaires nazies en en rendant responsables les militants communistes, d'une note de la Sûreté datée du 28 novembre 1940 faisant état d'une lettre du préfet de l'Aube signalant que les communistes avaient donné des ordres dans tous les départements pour récupérer les armes abandonnées et constituer des groupes de choc, d'une note des renseignements généraux de novembre 1940 faisant état d'une rencontre, en zone sud, entre des responsables communistes et un représentant du Komintern, recontre au contenu patriotique...
Jean-Yves Boursier note l'absence de toute trace d'une « organisation armée de résistance », « d'une unité combattante » aussi bien dans les communiqués allemands que dans les documents d'époque de la propagande du PCF. [1] L'Organisation Spéciale cependant a été reconnue, à partir d'octobre 1940, comme unité combattante par le Ministère de la guerre.
Deuxième période : juillet 41 - début 44
Après la rupture du Pacte germano-soviétique et l'invasion de l'U.R.S.S. par les troupes hitlériennes, un certain nombre de responsables recrutent des militants pour effectuer un travail anti-allemand. Beaucoup de ces nouvelles recrues sont de jeunes militants qui vont perpétrer les premiers attentats communistes contre les troupes allemandes, comme celui de Pierre Georges (Fabien) et Gilbert Brustlein au métro Barbès [1].
Sur le plan national, l’Organisation Spéciale est assimilée, ainsi que d’autres mouvements de Résistance Intérieure Française, à une unité combattante dont l’activité est attestée d’octobre 1940 à mai 1941[5]. Sur le plan local, ses groupes (ou détachements) sont homologués au titre des Formations des régions militaires au cas par cas, reflétant l’implantation du Parti Communiste et son activité (par exemple, le groupe de l’Organisation Spéciale de Seine-Maritime est rattachée à l’Etat-Major FTPF pour la période du 01/05/1941 au 30/09/41).
Jusqu'au début 1942, la police française enregistrera certains des militants communistes interpellés comme faisant partie de l'O.S.[6].
FTPF et groupe Valmy
À partir du début de l'année 1942, les communistes engagés dans la lutte armée contre l'occupant sont regroupés dans les Francs-tireurs et partisans (FTP ou FTPF) dont la responsabilité est confiée à Charles Tillon.
Les groupes de choc auquel on confie les missions autrefois attribuées à l'O.S. s'appellent souvent les « groupes Valmy ».[7]
Statut administratif après la Libération (histoire)
Dans un premier temps le bulletin officiel du ministère de la guerre reconnait l'O.S. comme unité combattante à dater d'octobre 1940, et cette reconnaissance a souvent été utilisée par les historiens du P.C.F. (par exemple, Alain Guérin, La Résistance, LCD, 1973) comme la preuve de l'engagement résistant du P.C.F. avant juin 1941, alors qu'on n'a jamais retrouvé la trace d'un acte anti-allemand effectué par des groupes de l'O.S. avant août 41. Ce qui va à l'encontre des témoignages de Charles Tillon, responsable de l'O.S., des FTP, d' Albert Ouzoulias,responsable des Bataillons de la jeunesse, bataillons formés de jeunes communistes en 1941, et à l'encontre de nombreux témoignages de résistants communistes, de notes émanant de différents sources : allemandes,préfectorales, R.G...
Références
- ↑ a , b et c Jean-Yves Boursier, La politique du PCF, 1939-1945, L'Harmattan, 1992 p.112-124
- ↑ Alain GUERIN, Chronique de la Résistance, éditions Omnibus, 2000 (également éditée en 1972-1976 par le Livre-Club Diderot)
- ↑ Roger Bourderon, article Francs-tireurs et partisans français dans le 'Dictionnaire historique de la RésistanceRobert Laffont, 2006, p.188-190
- ↑ Serge Wolikow, article Parti communiste français et Internationale communiste dans le 'Dictionnaire historique de la RésistanceRobert Laffont, 2006, p.205-206
- ↑ Bulletin Officiel du Ministère de la Guerre : édition méthodique- Unités Combattantes de la Résistance ; Paris, Éditions Charles-Lavauzelle, 1958
- ↑ Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le sang des communistes, les bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Automne 1941,Fayard, 2004
- ↑ Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Liquider les traîtres, la face cachée du PCF,Robert Laffont, 2007
Bibliographie
- Jean-Yves Boursier, La politique du PCF, 1939-1945, L'Harmattan, 1992 ;
- Alain GUERIN, Chronique de la Résistance, éditions Omnibus, 2000 (également éditée en 1972-1976 par le Livre-Club Diderot).
Voir aussi
- Histoire du parti communiste français
- Résistance intérieure française
- Francs-tireurs et partisans
- Bataillons de la Jeunesse
Liens externes
- Procès de la Maison de la Chimie (période Août-Décembre 1941)
- Portail de la Résistance française
Catégories : Résistance française | Histoire du communisme
Wikimedia Foundation. 2010.