- Archippé
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Archippé est la femme du riche banquier Pasion qui, d'abord esclave, parvient à devenir un riche citoyen. Le statut d'Archippé elle-même n'est pas connu avec certitude, mais elle n'est probablement pas citoyenne. Quand Pasion meurt, il la « lègue » à son affranchi Phormion. Archippé a suscité l'intérêt des historiens, non pas pour ses actions personnelles ou sa notoriété, mais parce qu'elle représente un exemple frappant de la complexité des statuts dans la Grèce antique.
Biographie
Archippé épouse Pasion avant 395 av. J.-C[1]., probablement dans les années 390 av. J.-C[2]. Elle est sans doute assez jeune lors de son mariage, puisque son premier fils naît vers 394 av. J.-C. et que les deux enfants qu'elle aura de Phormion naissent après 368 av. J.-C[3].. On ne connaît rien sur sa famille, mais la plupart des historiens s'accordent à penser qu'elle n'est pas de naissance citoyenne[4],[5] : sa famille ne l'aurait jamais mariée à un métèque. Au cours du IVe siècle av. J.‑C., une loi interdira même aux citoyens athéniens de l'un ou l'autre sexe d'épouser un étranger[6]. Archippé donne à Pasion deux fils, Apollodore et Pasiclès[7]. Plus tard, probablement en 376 av. J.-C., Pasion se voit accorder la citoyenneté athénienne « pour services rendus à la Cité »[8]. Son décret de citoyenneté, transmis sous forme indirecte par Démosthène indique : « les Athéniens ont voté que Pasion et ses descendants seraient athéniens[8]. » Archippé n'est pas mentionnée.
Pasion meurt sous l'archontat de Dysnikètos, c'est-à-dire en 370-369 av. J.-C[9]. Son testament est rédigé de la manière suivante : « Pasion d'Acharnes a disposé comme suit : je donne en mariage ma femme Archippé à Phormion, et je donne en dot à Archippé un talent placé à Péparèthos, plus un talent à prendre ici même [à Athènes], plus une maison de rapport de 100 mines, des servantes, des objets d'or, et par ailleurs, tout ce qu'elle possède dans la maison[10]. » La clause par laquelle un Athénien lègue son épouse à un ami ou proche n'est pas rare, en particulier chez les banquiers comme Pasion[11] : ainsi, le père de Démosthène laisse sa femme à Aphobos[12]. En 368-367 av. J.-C., Phormion épouse effectivement Archippé, causant la colère de son fils aîné Apollodore[13]. Ce dernier, s'il faut l'en croire, aurait voulu attaquer Phormion en justice, mais la guerre aurait suspendu tous les procès civils, puis sa mère aurait fini par le réconcilier avec Phormion[13]. Selon ce dernier, au contraire, Apollodore n'aurait jamais intenté de procès à son nouveau beau-père du vivant de sa mère[14].
Archippé meurt en 361 av. J.-C[15]., après quoi les hostilités reprennent entre Phormion et Apollodore.
Notes et références
- Apollodore, l'aîné de ses fils, a 24 ans quand son père meurt en 370. Comme on ignore les jours précis pour les deux dates, Apollodore peut être né entre l'été 395 et l'été 394. Démosthène 36 = Pour Phormion, 22.
- Trevett 1992, p. 2
- Bogaert 1968, p. 77
- Trevett 1992, p. 19
- Carey 1991, p. 85
- Démosthène 59 = Contre Nééra.
- Démosthène 36 = Pour Phormion, 32 et Démosthène 45 = Contre Stéphanos I, 4.
- Démosthène 59 = Contre Nééra, 2.
- Démosthène 46 = Contre Stéphanos II, 13.
- Démosthène 45 = Contre Stéphanos, 28.
- Trevett 1992, p. 8
- Démosthène 27 = Contre Aphobos I, 5.
- Démosthène 45 = Contre Stéphanos I, 3.
- Démosthène 36 = Pour Phormion, 14.
- Démosthène 50 = Contre Polyclès, 60.
Bibliographie
- Raymond Bogaert, Banques et banquiers dans le monde grec, Liège, Leyde, 1968
- (en) C. Carey, « Apollodoros' Mother: The Wives of Enfranchised Aliens in Athens », dans The Classical Quarterly, New Series, vol. 41, no 1, 1991, p. 84-89
- (en) Jeremy Trevett, Apollodoros the Son of Pasion, Oxford, Oxford University Press, 1992 (ISBN 0-19-814790-2)
- (en) David Whitehead, « Women and Naturalisation in Fourth-Century Athens: The Case of Archippe », dans The Classical Quarterly, New Series, vol. 36, no 1, 1986, p. 109-114
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