- Ofelia
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Ophélie
Pour les articles homonymes, voir Ophélie (homonymie).Ophélie est un personnage de fiction de la tragédie d'Hamlet, l'une des plus célèbres pièces de William Shakespeare. Elle a également servi de source d'inspiration à des tableaux et un poème d'Arthur Rimbaud.
Sommaire
Hamlet de William Shakespeare
Ophélie, fille de Polonius, et Hamlet partagent une idylle romantique bien qu'ayant été implicitement mis en garde contre l'impossibilité d'un mariage. Hamlet l'éconduit pour accréditer sa propre folie. La mort de son père ajoutée à sa peine de cœur la rendra folle et elle se noiera dans un ruisseau. Ne pouvant déterminer si sa mort est accidentelle ou si la jeune fille s'est noyée, son corps est enterré en terre consacrée. Lors de l'enterrement, Hamlet se penche sur le corps de sa bien-aimée et pleure sa mort, ultime preuve de son amour.
Représentations au cinéma
Les actrices ayant incarné Ophélie au cinéma :
- 1948, film de Laurence Olivier, avec Jean Simmons
- 1969, film de Tony Richardson, avec Marianne Faithfull
- 1990, film de Franco Zeffirelli, avec Helena Bonham Carter
- 1996, film de Kenneth Branagh, avec Kate Winslet
- 2000, film de Michael Almereyda, avec Julia Stiles
Arthur Rimbaud
Ophélie est un poème d'Arthur Rimbaud écrit en mai 1870.
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir.
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
Un chant mystérieux tombe des astres d'or.
II
Ô pâle Ophélia, belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
- C'est que les vents tombant des grands monts de Norvège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;
C'est qu'un souffle inconnu, fouettant ta chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que ton cœur entendait la voix de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;
C'est que la voix des mers, comme un immense râle,
Brisait ton sein d'enfant trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit, muet, à tes genoux !
Ciel, Amour, Liberté : quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible effara ton œil bleu.
III
- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lysOphélisation
Gaston Bachelard parle d’une ophélisation d’une ville entière à propos du roman de Georges Rodenbach Bruges-la-Morte. L'auteur a choisi de projeter ses états d’âme sur Bruges car Bruges, selon lui, est le prototype même de la ville morte, jadis si brillante, mais qui connaît une fin de vie abandonnée. Elle est donc à l’image du héros : elle est demi-fantôme et survit par une illusion : seuls demeurent ses monuments pour attester de son antique richesse, comme demeure seule pour Hugues Viane les cheveux de la morte. Cette idée de la Ville-Narcisse va être soulignée par le jeu de reflets que Rodenbach met en place tout au long du récit. Il n’est pas non plus innocent d’avoir choisi une ville d’eau. L’auteur va jouer sur les valeurs métaphoriques de la noyade, du naufrage et du côté mortifère de ces eaux croupies. Thèmes mélancoliques propres au symbolisme.
Gaston Bachelard analyse ce qu'il appelle le complexe d'Ophélie, il constate que, même s'ils n'ont rien de réaliste, certains éléments sont indissociablement liés, dans l'imaginaire, au mythe d'Ophélie : elle est toujours représentée au clair de Lune, avec des fleurs, sa chevelure et sa robe étalées autour d'elle, flottant sur l'onde, paisible, semblant plus endormie que morte.
Bibliographie
- Gaston Bachelard, L'Eau et les Rêves. Essai sur l'imagination de la matière, Paris : librairie José Corti, 1942, rééd. 1991, p. 114 et suivantes.
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Catégorie : Personnage d'une pièce de théâtre de William Shakespeare
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