- Négresse de Moret
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La Négresse de Moret (ou Mauresse de Moret) est une religieuse noire, décédée en 1732 ou 1745, connue sous le nom de sœur Louise-Marie-Thérèse. Elle vécut au couvent des bénédictines de Moret-sur-Loing en Seine-et-Marne où elle recevait la visite de hauts personnages de la cour.
Elle se disait la fille de Louis XIV. Une lettre inédite datée du 13 juin 1685, et le brevet de 300 livres de pension accordée par le Roi Louis XIV à la religieuse Louise Marie-Thérèse le 15 octobre 1695, tous deux extraits du registre du Secrétariat de la Maison du Roi, donnent du corps à cette opinion[1].
Il pourrait s'agir de Marie-Anne, fille officiellement de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche (1638-1683), née le 16 novembre 1664 et déclarée décédée le 26 décembre 1664. Cette fille royale est née selon les témoins de sa naissance la peau noire.
Certaines sources[réf. souhaitée] affirment qu'elle serait née de l'aventure de Louis XIV et d'une domestique noire des Antilles. La chose est rendue improbable du fait que les Antilles étaient à l'époque une réserve d'esclaves et n'avait pas vocation à fournir du personnel rémunéré à la Cour de France (l'esclavage était prohibé sur le sol français lui-même)
En revanche, Versailles employait en effet des domestiques noirs pour marquer le prestige international du roi, qui entretenait des rapports diplomatiques avec plusieurs royaumes africains. André Castelot évoque une hypothèse la faisant naître d'une aventure de la Reine Marie-Thérèse avec son jeune page Nabo, Africain nain originaire du Dahomey (actuel Bénin), qui mourut dans des conditions mystérieuses quelques jours après la naissance de l'enfant. On a parfois expliqué cette couleur sombre par un accouchement difficile; la petite princesse aurait alors souffert d’un manque d’air et aurait été prise de convulsions qui lui auraient donné, l’espace d’un moment, une couleur noire voire violette (c’est cette hypothèse que soutenait la princesse de Conti, fille légitimée de Louis XIV).
Le médecin présent expliqua au Roi que la présence de Nabo durant la grossesse de la Reine avait pu influencer la couleur de peau de l'enfant : "Sire, il peut suffire d'un regard". Ce à quoi Louis XIV répondit : "Vous me parlez là de regards bien pénétrants". Il admettait donc une possible infidélité de la Reine. Celle-ci, connue pour sa candeur, aurait aussi pu aussi être abusée par Nabo.
Un portrait de la religieuse était encore, en 1779, dans le bureau de l'abbesse de Villechasson-Moret. Lorsque cette abbaye fut réunie au prieuré de Champ-Benoist de Provins, il fut transféré au cabinet des antiquités et curiosités de l'abbaye de Sainte-Geneviève à Paris où se trouve également un dossier vide avec quelques papiers de l'époque où il est inscrit : documents concernant la princesse Louise Marie-Thérèse, fille de Louis XIV et de Marie-Thérèse. Des recherches menées par la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, publiées en 1924 aux éditions Honoré Champion, conclurent que ce portrait au pastel a été exécuté aux environs de 1680 et de la même main que la série de vingt-deux portraits au pastel des Rois de France, de Louis IX à Louis XIV, exécutés de 1681 à 1683 sur l'initiative du Père Claude Du Molinet (1620 - 1687), bibliothécaire de l'abbaye de Sainte-Geneviève[2].
Les notes historiques sur les exhumations faites en 1793 dans l'abbaye de Saint-Denis, publiées en 1924 par le Musée national des monuments (Paris), révèlent les informations suivantes :
« Le même jour 14 octobre, après le dîner des ouvriers, vers les trois heures après-midi, on continua l'extraction des autres cercueils des Bourbons; savoir, de Louis XIII, mort en 1643, âgé de 42 ans; de Louis XIV, mort en 1715, âgé de 77 ans; de Marie de Médicis, seconde femme de Henri IV, morte en 1642, âgée de 68 ans; d'Anne d'Autriche, femme de Louis XIII, morte en 1666, âgée de 64 ans; de Marie-Thérèse, infante d'Espagne, épouse de Louis XIV, morte en 1688, âgée de 45 ans; de Louis, dauphin, fils de Louis XIV, mort en 1711, âgé de 50 ans. Remarques : Quelques-uns de ces corps étaient bien conservés, surtout celui de Louis XIII; mais la peau de celui de Louis XIV était noire comme de l'encre.[3] »
Site d'informations
Notes et références
Bibliographie
- Mémoires d'Anne Marie Louise d'Orléans de Montpensier (La Grande Mademoiselle) (1627-1693) Vol. 2, VII
- Mémoires de Madame de Montespan (1641-1707), Ch. XL
- Mémoires du duc de Saint-Simon (1675-1755) Vol 2, Ch. XII
- Mémoires de Voltaire (1694-1778) Ch. XXVIII
- Mémoires (apocryphes) du Cardinal Dubois (1656 - 1723), de 1829 (ne pas confondre avec les mémoires de 1815) p. 415
- Abbé A. Pougeois, L'antique et royale cité de Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne), Abbeville, 1889, p. 169-172. (Internet Archive)
- Juliette Benzoni, Secret d'État
- Olivier Seigneur, La religieuse de l'obscurité
- Serge Bilé, La légende du sexe surdimensionné des Noirs, 2005, Édition Serpent à plumes
Catégories :- Date de naissance inconnue (XVIIe siècle)
- Date de décès inconnue (XVIIIe siècle)
- Religieuse française
- Religieuse catholique
- Surnom
- Personne dont l'identité est inconnue
- Naissance en 1664
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