- Noms et adjectifs de couleur
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Les noms et adjectifs utilisés pour désigner les couleurs diffèrent selon les les langues et les contextes culturels. Ils peuvent renvoyer soit directement à l'expérience perceptive, s'agissant notamment des couleurs primaires voire secondaires (par exemple, le mot rouge en français), soit faire référence à une matière ou un objet qui exhibe ladite couleur.
L'usage d'une terminologie standardisée est bien évidemment critique dans la peinture, d'art ou industrielle, et plus généralement dans les arts graphiques, la communication visuelle, le textile, les colorants alimentaires... Différents systèmes sont en usage pour par exemple désigner les pigments utilisés en beaux-arts, les couleurs affichées sur un écran ou les teintes des nuanciers.
Universalité et spécificités culturelles des termes de couleurs
D'un point de vue anthropologique, le recueil et l'analyse de la terminologie des couleurs dans les différentes langues font l'objet de travaux intenses. La comparaison de ces lexiques constitue en effet un cas-test dans la controverse opposant les tenants de l'hypothèse Sapir-Whorf, selon laquelle les catégories linguistiques (par exemple les termes de couleurs) influencent nos processus mentaux (par exemple notre perception des couleurs), aux travaux des anthropologues Brent Berlin et Paul Kay. En étudiant la façon dont s'organisaient les termes de couleurs dans plusieurs dizaines de langues de par le monde, ces derniers ont en effet établit une structure hiérarchique commune.
Leur analyse part de l'observation qu'il est possible d'identifier dans chaque langue des termes de couleurs dits « basiques », définis par le fait qu'ils s'agit de mots simples, fréquemment usités et pour lesquels on observe une grande concordance d'usage entre les locuteurs. Selon Berlin et Kay, lorsqu'une culture ne possède que deux de ces termes alors, ils désignent d'un côté des teintes qu'on pourraient dire « sombres/froides » (noir, brun, bleu...) et d'un autres les teintes « claires/chaudes » (blanc, jaune, rouge, ...). Dans les langues où un troisième terme est utilisé, celui-ci sert à distinguer les tons « rouge » des autres. Puis si un quatrième est présent, c'est pour identifier les tons « vert » ou alors les tons « jaune ». Si un cinquième est présent, c'est pour désigner le « jaune » ou le « vert », respectivement. Puis « bleu », etc. Si bien que pour toutes les langues possédant au moins six termes de couleurs, on trouve un équivalent des termes : noir, blanc, rouge, vert, jaune et bleu. A contrario, il n'existe pratiquement pas de langues pour lesquelles le bleu serait distingué des autres couleurs sans que le rouge ne le soit aussi. Pour Berlin et Kay, ce résultat traduit le fait que ce sont les structures des processus mentaux qui déterminent les catégories du langage plus que l'inverse, et ce qu'il peut y avoir d'universel dans les premières, du fait de la communauté génétique de l'espèce humaine, explique l'universalité de certains aspects du langage, comme par exemple l'organisation du lexique des termes de couleurs.
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