- Médecin trieur
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Triage médical
Le tri médical est une notion qui intervient lorsque l'on a de nombreuses victimes, notamment en cas d'accident de grande ampleur ou de catastrophe. C'est le fait de déterminer le degré de gravité des blessés, et donc de déterminer l'ordre dans lequel ces blessés seront traités. Le tri est fait par un médecin trieur, ou par du personnel formé paramédical (secouriste paramédical, infirmier).
Contrairement au médecin régulateur, qui dirige l'envoi des moyens médicaux et les évacuations vers les centres hospitaliers, le médecin trieur est sur le terrain et examine directement les victimes. Son rôle se rapproche de celui de médecin orienteur des services des urgences.
Sommaire
Tri en cas d'afflux massif de blessés en France
En cas d'afflux massif de blessés, par exemple dans le cadre d'un hôpital de campagne mis en place pour un plan rouge ou bien à l'accueil d'un hôpital en cas de plan blanc, on effectue un tri global en quatre degrés d'urgence :
- urgence dépassée (DCD) : dans les conditions de catastrophe, il n'est pas possible de sauver cette personne, elle est déclarée décédée et évacuée vers la morgue ;
- urgence absolue (UA) : la personne doit être traitée (voire opérée) immédiatement et sur place ;
- urgence relative (UR) : la personne est stable et transportable, elle peut être évacuée vers une structure de soins classique, ou bien mise en attente avant les soins ou le transport ;
- urgence médico-psychologique (UMP) : blessé léger ou impliqué, la personne est dirigée vers une structure parallèle pour sa prise en charge matérielle (le logement provisoire) et psychologique (cellule d'urgence médico-psychologique).
Les échelons UA et UR sont parfois développés en quatre niveaux :
- EU : extrême urgence
- U1 : blessé grave
- U2 : blessé sérieux
- U3 : blessé léger
EU et U1 formant les urgences absolues (UA), U2 et U3 les urgences relatives (UR).
Repérage secouriste
Les secouristes sont parfois les premiers présents sur place, soit qu'il s'agisse de secouristes bénévoles qui tenaient un dispositif préventif, soit qu'il s'agisse de la première équipe de sapeur-pompiers présente sur les lieux (voir l'article Secourisme de l'avant).
Dans l'attente de la mise en place du plan d'urgence (plan rouge), un premier tri peut être fait par les secouristes ; on parle de « repérage secouriste ». En 2007, le nouveau référentiel de formation (PSE2) a indiqué une procédure de repérage pour les situations avec de multiples victimes (SMV) ; toutefois, le texte semble poser problème au ministère de la Santé, le triage étant une prérogative des médecins [1]. Par ailleurs, de nombreux secouristes sont eux-mêmes perplexes quant à l'utilité de la chose : le temps que l'équipe isolée mette en place les premières mesures (protection, regroupement des victimes valables, prise en charge des première victimes blessées), les renforts seront arrivés.
La procédure est inspirée de la procédure Start :
- regroupement des victimes valides (pouvant marcher), auxquelles on attribue la couleur verte (bracelet, ruban autocollant, …) ;
- pour les victimes non-valides : bilan succinct :
- victime qui ne respire pas : couleur noire,
- victime inconsciente qui respire : couleur rouge (et mise en PLS),
- victime consciente qui respire avec une fréquence supérieure à 30 mouvement par minute : couleur rouge,
- victime consciente qui respire avec une fréquence inférieure à 30 mouvement par minute mais qui a un pouls supérieur à 120 pulsations par minute : couleur rouge,
- victime consciente qui respire avec une fréquence inférieure à 30 et un pouls inférieur à 120 : couleur jaune.
Certains proposent une procédure encore plus simplifiée [2] :
- regroupement des victimes valides ;
- pour les victimes non-valides :
- les victimes allongées conscientes sont recouvertes d'une couverture de survie, visage et lésions visibles,
- les vitimes inconscientes et qui respirent sont mises en PLS et recouvertes d'une couverture de survie, visage et lésions visibles,
- les victimes qui ne respirent pas sont recouverte d'une couverture de survie, visage caché.
En cas de contamination
En cas de contamination NRBC (accident ou attentat), le tri est d'autant plus important qu'il détermine aussi l'ordre de décontamination. Deux chaînes de décontamination sont mise en place : une chaîne debout, pour les victimes pouvant marcher, et une chaîne allongée pour les victimes impotentes. Dans le cadre de la décontamination allongée, les personnes inconscientes et qui respirent sont prioritaires sur les personnes ne respirant pas.
L'ÉTG canadienne
Le triage médical fait appel en grande partie aux infirmier(e)s. En 1994, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec publiait le document Prise de position – Soins infirmiers dans les services d'urgence et de première ligne - Un triage efficace et une prise en charge globale. En 1999, L’Association des médecins d’urgence a publié le Guide de triage, l’Échelle de triage et de gravité pour les départements d’urgence (É.T.G.).
Procédure Start états-unienne
Sur le site même d'une catastrophe (avant relevage), les états-uniens utilisent la procédure de tri Start (Simple triage and rapid treatment). L'échelle comporte également quatre niveaux :
- deceased : décédé ;
- immediate, priorité immédiate (traitement rapide en vue du respect de l'heure d'or) ;
- delayed, peut attendre ;
- minor, blessé léger.
Le tri se fait en cinq étapes :
- les personnes pouvant marcher sont dans un premier temps classées minor, et seront réévaluées plus tard ;
- on contrôle les fonctions vitales des personnes allongées :
- 2R : respiration, en absence de respiration, la personne est déclarée deceased (décédée) ;
- 2P : pouls, si la personne présente des signes de collapsus et n'est pas perfusée, elle est classée immediate
- 2M : conscience (mental state), si la personne est inconsciente ou désorientée, elle est classée immediate ;
- si une hémorragie est détectée, elle est contrôlée par les moyens habituels ;
- diagnostic et évacuation des personnes marquées immediate ;
- diagnostic des personnes marquées delayed ;
- diagnostic des personnes marquées minor.
Dans les services des urgences, les patients sont classés selon un code couleur :
- noir : agonisant, la mort est certaine dans les heures ou les jours à venir, mise en place de soins palliatifs ;
- rouge : immédiat, doit subir d'urgence une opération chirurgicale ; patient prioritaire pour la salle d'opération ou pour l'évacuation vers un plateau technique adapté ;
- jaune : observation, le patient est laissé sous surveillance en attendant qu'une équipe médicale se libère ;
- vert : peut attendre, doit voir un médecin dans les heures ou les jours qui suivent ; peut éventuellement rentrer chez lui ;
- blanc : à congédier, éventuellement après des soins mineurs si du personnel est disponible.
Voir aussi
Liens externes
- Hôpital, urgence et catastrophe, colloque Hôpital expo, 23 mai 2002
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Catégorie : Urgence médicale
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