- Musée des Arts et Traditions populaires
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Musée national des arts et traditions populaires
Le Musée national des arts et traditions populaires, fondé en 1937 par Georges Henri Rivière, et situé, depuis 1972, à la porte des Sablons dans le bois de Boulogne, à proximité du Jardin d'Acclimatation dans le 16e arrondissement de Paris était un musée d'ethnologie, qui présentait une vision synthétique de la société française traditionnelle, rurale et artisanale pour l'essentiel, depuis le XIXe siècle jusqu'aux années 1960.
Après plus de soixante-dix ans d'existence, le musée des ATP (Arts et traditions populaires) est définitivement fermé au public depuis 2005, et ses collections sont progressivement transférées au futur musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, qui doit ouvrir en 2012 à Marseille.
L'une de ses grandes originalités fut de se constituer en musée-laboratoire, selon la formule retenue par son fondateur Georges Henri Rivière, associant aux conservateurs une équipe de chercheurs. La vocation scientifique de l'établissement était ainsi mise en avant dans l'association avec le Centre d'ethnologie française, rattaché au Centre national de la recherche scientifique.
Cet article explique l'histoire du musée. Il en présente les collections, ainsi que les raison de leur transfert à Marseille.
Sommaire
Un peu d'histoire
Le prédécesseur du Mnatp, le musée de folklore – entendu comme l'étude du peuple - est né en même temps que le musée d'ethnographie, créé pour recueillir et exposer les collections issues des missions dans les pays en voie de colonisation. Présentés au cours des grandes expositions, ces objets ont fondé le cœur du Musée du Trocadéro qui s'ouvre sous la direction du Dr Hamy dans un palais bâti pour l'exposition universelle de 1877. En 1884, est inaugurée la Salle de France, qui, à côté des salles d'Afrique et d'Asie, présente des collections françaises. Si à ses débuts, le musée trouve son public, il va beaucoup souffrir de la guerre; la salle de France est fermée en 1928. Travaillant aux côtés du Dr Paul Rivet pour l'aménagement du Musée de l'Homme, qui sera ouvert en 1939, Georges Henri Rivière observe que la France est le seul pays européen à ne pas disposer d'un musée de folklore. Le Front populaire, arrivant au pouvoir en 1936, va témoigner d'un grand intérêt pour la démocratisation culturelle, notamment sous l'impulsion de Jean Zay, ministre de l'éducation nationale et directeur des Beaux-arts. A l'occasion de l'exposition universelle de 1937 et grâce à la ténacité de Georges Henri Rivière, les prémisses de ce que sera le musée des Atp voient le jour à partir des collections de la section française du musée d'ethnographie du Trocadéro.
Le premier musée d'identité nationale est donc créé en 1937, sous la direction de Georges Henri Rivière. Ainsi, le domaine des arts et traditions populaires se constitue en véritable objet scientifique. Des équipes d'enquêteurs sont constituées pour aller battre la campagne et collecter les objets. Georges Henri Rivière marque sa différence avec le Musée de l'Homme, alors que ce dernier est rattaché institutionnellement au Muséum d'Histoire naturelle, les Atp dépendront du Ministère de l'enseignement, section des Beaux-arts, embryon du Ministère de la culture qui sera créé avec André Malraux. Le musée des Atp s'installe dans le sous-sol du Musée des monuments français, mais les collections s'agrandissant, Georges Henri Rivière après la guerre, imagine un musée scientifique en plein air dans divers endroits de Paris. Après de nombreuses difficultés, le musée se voit attribuer un emplacement dans le Jardin d'acclimatation au Bois de Boulogne. Georges Henri Rivière travaille avec l'architecte Jean Dubuisson qui élabore un bâtiment alors très moderne qui doit abriter les collections et les équipes de recherche. Les enquêtes et les collectes se multiplient, et celui qu'on a surnommé « Le Louvre du peuple » présentera ses collections d'une double manière : dans la Galerie d'étude ouverte en 1972 qui abordait les aspects les plus technologiques de la culture, et dans la Galerie culturelle, ouverte en 1975, qui présente, dans un programme inspiré par Claude Lévi-Strauss la plupart des facettes de la vie en société de la paysannerie et de l'artisanat français. Ces présentations muséologiques, qui neutralisent l'environnement pour laisser l'objet seul parler, furent alors saluées comme des réalisations esthétiques remarquables, et Georges Henri Rivière fut surnommé le « magicien des vitrines. »
Si les deux galeries n'ont pas changé depuis leur installation et restent exclusivement consacrées à la France agricole traditionnelle, une série d'expositions temporaires concerneront les cultures contemporaines, qu'il s'agisse des fêtes populaires, ou des pratiques urbaines comme le skate-board.
Une riche collection
La muséographie originale élaborée par Georges-Henri Rivière met en valeur des ensembles d'objets dans les vitrines. Elle ne fait plus appel aux mannequins mais utilise des fils de nylon pour l'accrochage.
Sont inventées des « unités écologiques » c'est-à-dire des ensembles présentant tous les objets d'un lieu particulier, tels qu'ils étaient dans leur contexte naturel (un intérieur de Basse-Bretagne, une forge du Queyras). Leur reconstitution dans le musée a nécessité un rigoureux travail de repérage, démontage puis remontage des œuvres. Des vitrines thématiques permettent de présenter, en les décomposant, toutes les étapes du processus d'acquisition – transformation tel qu'il était mis en œuvre. « Du blé au pain », par exemple, indique toutes les séquences (gestes et objets) depuis la préparation de la terre jusqu'à la consommation du pain.
La galerie culturelle s'organise en quatre parties: « techniques », « institutions », « coutumes et croyances » et « arts populaires. » Chacune de ces thématiques est explorée sous différents aspects. Pour ce qui est des « techniques », douze thèmes sont présentés dans les galeries, dont « cueillette et chasse », « pêche », « de la vigne au vin », « de l'arbre à l'établi », « de la terre au pot. »
Le transfert à Marseille
Malgré de nombreux atouts, le bâtiment du musée national des arts et traditions populaires (MNATP), situé en bordure du Jardin d'acclimatation, se révèle en effet inadapté. Dans la mesure où le musée se trouve géographiquement trop éloigné du centre de Paris et que ses thématiques ne sont presque pas renouvelées au fil des ans, apparaît alors progressivement un décalage par rapport aux attentes du public. A cela s'ajoute un désintérêt, constaté dans tous les pays d'Europe, vis-à-vis des musées d'ethnologie. Dans un tel contexte, sur décision du ministère de la Culture et de la Communication, le MNATP est définitivement fermé au printemps 2005. L'ancien musée se transforme et doit se transporter à Marseille pour y être consacré aux cultures populaires et civilisations de l'Europe et de la Méditerranée.
Une « renaissance » du musée, sous une autre forme et un autre nom est ainsi envisagée à Marseille: «Le musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée à Marseille» (MuCEM, Michel Colardelle, directeur).
Réalisé par l'architecte Rudy Ricciotti sur le site du Fort Saint-Jean et du môle J 4 du port de la Joliette (espace Saint-Jean), ce musée, dont l'ouverture complète est prévue à l'horizon 2012, synthétise à la fois le passage des cultures populaires françaises aux civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, des riches collections nationales aux collections internationales mais également des recherches initialement centrées sur l'ethnologie française, vers une approche transdisciplinaire, concernant les sociétés dans leur totalité, et dans l'épaisseur du temps.
Ses collections seront constituées principalement à partir de celles de l'ancien MNATP mais également de celles du département Europe du Musée de l'Homme et des œuvres provenant d'autres musées nationaux. En plus de ces dépôts envisagés, une politique d'acquisition, sous forme d'achats, de donations ou d'enquêtes-collectes de terrain sera réalisée avec l'accord et le concours des musées et des centres de recherche partenaires dans les pays concernés.
Le futur musée, n'étant pas construit seulement autour des collections, mais aussi du public et de ses interrogations, sera dédié également à la conversation, l'étude, la présentation et la médiation d'un patrimoine anthropologique relatif à l'aire européenne et méditerranéenne. Il fonctionnera comme un forum, un lieu de débats, où les présentations de référence et les expositions temporaires s'articuleront autour de grandes questions de société. Le futur musée sera ainsi considéré comme un lieu vivant de rencontres, de débats et de créations.
Bibliographie
- Martine Segalen, Vie d'un Musée 1937-2005, Paris, Stock, 2005.
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