Mujahid

Le moudjahid ou mujâhid (arabe : مُجاهِد [mujāhid], combattant; résistant; militant pl. مُجاهِدون [mujāhidūn]) mujahidin, moudjahidin ou moudjahidine (le pluriel, ou sa forme persane : مجاهدين [modjāhidīn]) est celui qui pratique un combat au nom de sa religion (jihâd). La forme plurielle moudjahidine est plus souvent employée en français, occultant la forme du singulier arabe: un moudjahidine, des moudjahidines.

Le terme a entre autres été utilisé par les combattants du Front de libération nationale lors de la Guerre d'indépendance algérienne. Le terme s'est cependant répandu en Occident pendant la première guerre d'Afghanistan, opposant les Soviétiques aux Afghans. Ce terme est aussi repris par l'Organisation des moudjahiddines du peuple iranien, un mouvement armé d'opposition au régime d'Iran.

Au nombre des différents groupes de moudjahidines présents en Afghanistan lors de la présence soviétique, on compte, entre autres, celui du commandant Amin Wardak, celui de Djalaloudin Haqani, celui du commandant Massoud, celui de Hekmatyar, et bien d'autres.

Après le retrait des troupes soviétiques en 1989, ces "combattants de la liberté" se sont déchainés dans certaines régions, commettant viols, vols, perpétrant une corruption qui a jeté le discrédit sur le gouvernement Rabbani-Massoud. En ces occasions, il est à noté l'impuissance du haut-commandement afghan à s'opposer à un pouvoir local basé sur la force des armes, ainsi qu'à une corruption largement promue par les hommes politiques du moment et par certains chefs de tribu. Lors de l'arrivée au pouvoir de la première Alliance du Nord en 1993, les premières dissenssions apparaissent quant à la distribution des postes ministériels. Chaque commandant de guérilla cherchant à imposer ses vues et privilégier ses intérêts, les luttes intestines aboutirent à de sanglants conflits, et à la formation de partis politiques regroupant les différents chefs de l'ancienne résistance. Le commandant Hekmatyar , désireux de contrôler l'ensemble des forces armées afghanes, déclara officieusement la guerre au général Massoud , devenu commandant en chef de l'armée afghane. Au mépris de la population civile et de la stabilité politique de la jeune république, exsangue de la guerre contre les soviétiques et déjà en conflit avec les talibans, Hekmatyar fit pilonner à la roquette la capitale, Kaboul, tuant des milliers de personnes, réduisant la plus belle ville du pays en poussière. Le commandant Massoud est alors forcé d'abandonner la ville pour faire stopper le pillonage, avant que celle-ci ne soit anéantie. Hekmatyar eût alors à faire face, seul, à l'offensive talibane lancée depuis le sud, et abandonna Kaboul (cette version étant totalement démentie par le Commandant Amin Wardak dans ses Mémoires de Guerre publiées récemment, ce dernier accuse le fondamentaliste Massoud tout autant que l'extrémiste Hekmatyar d'avoir démarré cette Guerre de pouvoir en été 1992). La bataille de Kaboul se termina avec l'arrivée des Taliban, causant plus de dégâts que les soviétiques en cinq ans d'occupation. Lors de l'arrivée au pouvoir des talibans, Hekmatyar se rallia à son pire ennemi, Massoud , avant de se trahir de nouveau. Hekmatyar, Massoud, et certains autres étaient tous des fondamentalistes dans la mouvance internationaliste des frères musulmans, quant aux Taliban, ils sont très nationaliste et prônent un islam ultra-traditionnel et dur. A noter que de nombreux moudjahidines combattirent par simple soucis de défendre leurs populations, ainsi que leur identité culturelle et religieuse, sans réelle vision politique. Le revirement politique de certains moudjahidines met en valeur le pragmatisme qui s'est développé parmi eux, face à la crainte omniprésente de mourir. Si l'enrichissement par la corruption de certains est donc justifié (mais pas légitime pour autant, au su des horreurs perpétrées), l'attrait du pouvoir de Massoud ou bien d'Hekmatyar et leur manque de talent politique ont conduit l'Afghanistan à une ruine qui aurait alors pu être évitée. Il ne faut pas pour autant oublier que ce sont ces moudjahidines, avant une quelconque revendication religieuse ou sociale, ou même intérêt personnel, qui s'étaient engagés en 1979, par idéalisme, pour la liberté et/ou pour la foi.

Voir aussi

• Opération Cyclone