Mouloud Amrouche

Mouloud Amrouche

Mouloud Hamrouche

Mouloud Hamrouche (مولود حمروش), chef du Gouvernement des réformateurs de septembre 1989 à juin 1991, candidat à la présidentielle de 1999 sous le slogan du changement

Sommaire

Biographie

Premiers engagements

Mouloud Hamrouche est né à Constantine en 1943. Lors de la guerre d'indépendance, ses frères sont au maquis ou dans les structures FLN à Tunis, sa mère est militante, une de sœurs fera de la prison alors qu'elle est enceinte, son père, bachir, est tué par l'armée française sous ses yeux, alors qu'il a quatorze ans.

Malgré son jeune âge, Mouloud Hamrouche est rapidement intégré dans les réseaux FLN. Il accomplit de multiples petites missions de liaison et de contact, dévolues aux jeunes de son âge, et effectue le grand saut à quinze ans, lorsqu'il mène son premier attentat : il fait exploser une grenade rue de France, à Constantine.

Il rejoint rapidement un maquis de la Wilaya II, dirigé par Messaoud Boudjeriou mais en raison de son jeune âge, il est évacué vers la Tunisie. De plusieurs dizaines à entreprendre ce périlleux voyage, ils ne sont que treize à arriver en territoire tunisien, après trois mois d'errance.

En Tunisie, il est intégré pendant une courte période dans les services de l'éducation de l'ALN. Il donne des cours à des moudjahidine en formation, en transit ou blessés. Il est ensuite envoyé en Irak où il reçoit une formation militaire. Il obtient le grade de sous-lieutenant, qui sera le sien à l'indépendance en 1962.

De retour en Algérie, Mouloud Hamrouche est officier instructeur. Il est notamment muté à Boghar, au sud de Médéa, dans un centre d'instruction situé dans cette ville au climat rugueux: froid et neige en hiver, chaleur extrême en été.

De là, Houari Boumédiène, qu'il avait rencontré aux frontières pendant la guerre de libération, le fait muter à la présidence de la République, au service du protocole. Mouloud Hamrouche en profite pour reprendre ses études, décroche un magister en droit et sciences politiques, avec une thèse sur le « phénomène militaire en Afrique » : son expérience avec l'armée ne fait que commencer. Il obtient une bourse pour une formation de deux ans en Angleterre.

Les réformes

Devenu directeur du protocole sous Houari Boumédiène, il conserve le même poste avec Chadli Bendjedid, avant de devenir secrétaire général du gouvernement puis secrétaire général de la présidence. À partir de ce poste, il commence à élaborer ce qui sera connu plus tard sous le nom de réformes. L'équipe des réformateurs est née, autour de Mouloud Hamrouche, qui a entre-temps quitté l'armée avec le grade de lieutenant-colonel.

Auparavant, le Président Chadli Bendjedid avait tenté des ouvertures, mais s'était trouvé confronté aux appareils et aux lourdeurs du système[réf. nécessaire]. Les réformateurs lui donneront enfin les fondements théoriques et pratiques nécessaires pour tenter de faire bouger le pays.

Hamrouche prend contact avec les chefs d'entreprises, les économistes, les juristes, en rencontre des milliers, et finit par arriver à une conclusion centrale : seule une réforme radicale du système politique et économique peut ouvrir de nouvelles perspectives au pays.[réf. souhaitée]

La réforme économique donne l'autonomie aux entreprises publiques, ouvre la voie à l'investissement privé, la réforme de l'agriculture s'oriente vers la privatisation à terme. Mais la démarche bute sur le blocage politique : il est impossible d'avancer avec un système de parti unique.

Les tragiques évènements d'octobre 1988 débloquent la situation. Une nouvelle Constitution ouvre la voie au multipartisme, libère les associations et la parole.

C'est dans ce contexte que Mouloud Hamrouche est nommé à la tête du Gouvernement pour succéder à Kasdi Merbah en septembre 1989. Il a quarante cinq ans. Il se lance dans une politique d'ouverture tous azimuts, met en place les mécanismes pratiques de libération de la société et pour l'établissement de règles politiques et économiques solides. Il fait adopter la loi sur la monnaie et le crédit, pièce centrale de la gestion de l'économie, donne naissance à la presse privée, ouvre totalement les médias publics, encourage les partis. C'est une période d'euphorie démocratique[réf. souhaitée] sans précédent dans l'histoire de l'Algérie indépendante.

Le premier coup de semonce vient de la victoire du FIS aux élections locales de juin 1990. Mais Hamrouche ne s'alarme pas outre mesure. Pour lui, c'est une période de ras-le-bol, de bouillonnement transitoire, durant laquelle la société s'exprime de manière désordonnée, souvent pour les courants les plus radicaux.[réf. souhaitée]

Il tente, en parallèle, d'assurer la mutation du FLN, pour en faire un parti moderne, en mesure de faire face au FIS. L'occasion se présente pour l'année suivante, avec les législatives. Le FLN adopte une règle simple ; les candidats aux législatives doivent être élus par leur base, qui bénéficie de la totale liberté dans ce domaine. La plupart des barons du FLN, sans lien avec la société, n'arrivent même pas à être candidats.

Le système est ébranlé. Il réagit fermement. Il pousse à la création d'alliances contre-nature entre différents courants ayant pour seul objectif la fin des réformes.[réf. souhaitée] Sept partis dénoncent le découpage électoral mis en place pour les législatives de juin 1991. Leur action n'a pas beaucoup d'effet. C'est alors que le FIS entre en jeu. Il lance une grève générale pour éviter le déroulement des législatives, lui aussi contestant le découpage électoral.

Alors que la grève s'oriente vers l'échec, l'armée décide d'intervenir. Le Président Chadli Bendjedid et le ministre de la défense Khaled Nezzar déploient les troupes autour d'Alger, et veulent forcer Hamrouche à changer de démarche. Il démissionne. L'état d'urgence est proclamé et un nouveau gouvernement est formé, chargé d'organiser de nouvelles législatives en décembre 1991.

La guerre civile

Hamrouche fait campagne pour le FLN, mais les dés sont visiblement truqués[réf. nécessaire]. Tout est fait pour assurer la participation du FIS et rien n'est fait pour éviter sa victoire qui se dessine. Le 26 décembre 1991, c'est le raz-de-marée du FIS.

Le pouvoir décide de mettre fin aux élections, de pousser Chadli Bendjedid à la sortie, et d'instituer un Haut Comité d'État présidé par Mohamed Boudiaf, qui sera assassiné moins de six mois plus tard par un de ses gardes du corps. Le terrorisme s'installe.

Hamrouche, qui connaît bien le système et son fonctionnement, refuse l'arrêt des élections, prône le dialogue et un retour vers la société. En vain. Il prône également une refondation du FLN, dirigé par Abdelhamid Mehri. Le FLN est repris en mains par le système[réf. souhaitée], qui réussit finalement à faire éjecter Mehri.

Hamrouche refuse d'être candidat à la présidentielle de 1995, sachant que les jeux sont truqués.[réf. nécessaire] Il se présente à celles de 1999, après les garanties données par l'armée, et mène une grande campagne. Mais à l'approche du scrutin, il se retire avec cinq autres candidats, quand il devient évident que ni le président Liamine Zeroual, ni le commandement de l'armée, n'ont tenu leur parole en vue d'assurer des élections libres[réf. souhaitée].

Hamrouche envisageait l'idée de créer un parti dans la dynamique créée par la campagne électorale. Mais il abandonne cette idée lorsqu'il constate que le jeu politique est totalement verrouillé. Créer un parti serait une mystification, dit-il. Le temps lui donne raison: le pouvoir refuse de donner leur agrément à des partis créés dans une stricte légalité.

Mouloud Hamrouche est, comme il le dit lui-même, « un fils du système », qui peut à la fois assumer son passé, et se prévaloir d'avoir mené les seules vraies tentatives de le changer. Réservé, presque timide, il a un sens de l'écoute et de l'observation exceptionnel.[réf. souhaitée]

Personnalité politique

Son sens de l'observation et sa finesse d'analyse lui permettent de déceler tous les travers d'un régime basé sur l'armée et les services de sécurité. Autant dire sur l'autoritarisme, même si Mouloud Hamrouche reconnaît que ce régime a eu quelques réussites spectaculaires, sur le plan social notamment.[réf. nécessaire] Marqué par ce régime, il soutiendra une thèse en science politique, intitulée « le phénomène militaire en Afrique ». C'est depuis cette époque qu'il acquiert la conviction qu'un tel système ne peut vivre longtemps sauf par la force et la répression.

Mouloud Hamrouche soutient le "contrat de Rome", signé dans la capitale italienne en janvier 1995, en soulignant que le document reprend les mécanismes prévus dans la constitution de 1989. En 1996, il signe, avec d'autres personnalités, un « appel pour la paix ».

Mais de manière générale, Hamrouche est plutôt discret. Devant l'inflation des mots et la dérive des normes et des valeurs, il préfère la lucidité du constat sans complaisance. Mais peu à peu, y compris en restant très discret, il impose son analyse dans le pays. Même les mots et les concepts qu'il lance s'imposent.

Des années après le départ de Hamrouche, différents gouvernements qui se sont succédé parlent toujours de réformes économiques, sans pouvoir leur donner un vrai contenu. L'analyse de Hamrouche sur le système et ses « clans » est devenue la plus connue pour parler du pouvoir. Et au moment où partisans et adversaires de l'implication de l'armée dans la sphère politique s'affrontaient, Mouloud Hamrouche a, encore une fois, imposé la vision la plus lucide et la plus politique : l'armée ne peut désigner les dirigeants politiques, mais elle doit rester partie prenante des mécanismes de décision.

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Kasdi Merbah
Flag of Algeria.svg Premier ministre d'Algérie Transparent.gif
1989–1991
Sid Ahmed Ghozali
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