- Mouchir Aoun
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Mouchir Aoun (1966 à Jdeideh au Liban - ) est un philosophe libanais.
Sommaire
Biographie
Philosophe libanais d’obédience culturelle plurielle, le professeur 'Mouchir Aoun est né à Jdeideh en 1966 (Békaa, Liban), a grandi à Zahlé (Békaa, Liban) avant de se rendre à Harissa (Kesrouane, Liban) pour achever ses études secondaires et étudier la philosophie et la théologie à l’Institut Saint-Paul de Philosophie et de Théologie (Harissa). Au terme de deux années d’Etudes Approfondies en Philosophie à l’Université Libanaise (Beyrouth, Liban), il s’installe au début de l’année 1990 en France pour préparer son doctorat en philosophie allemande (Université de Caen, Normandie). Ses recherches doctorales l’amènent à séjourner deux ans en Allemagne (Münster, Westphalie). En 1994, il soutient à Caen sa thèse de doctorat sur les fondements philosophiques de la cité humaine dans la pensée de Martin Heidegger (voir Présentation sommaire de l’œuvre du Professeur Mouchir Aoun). En guise de recherche post-doctorale, il traduit de l’allemand, annote et commente aux éditions Vrin à Paris, le court traité de Frédéric Gentz sur les conditions d’une paix perpétuelle en Europe après le bouleversement engendré par les conquêtes napoléoniennes (voir Présentation sommaire de l’œuvre du Professeur Mouchir Aoun). Après une dizaine d’années de séjour en France, en Allemagne et en Belgique, il retourne au Liban où il se consacre à l’enseignement de la philosophie à l’Université Libanaise (Département des Lettres et Sciences Humaines, Fanar, Beyrouth). Son intérêt pour l’expérience spirituelle et le fait religieux le porte, dans un souci d’intelligence comparative, à interroger le christianisme et l’islam sur le fond de leurs visions du monde et à analyser le comportement des communautés libanaises chrétiennes et musulmanes. En raison de la complexité de la société libanaise, il prône la déconfessionnalisation du champ politique et la dépolitisation du champ religieux. Seul ce double processus est à même de sauvegarder la pluralité libanaise et, partant, l’entité libanaise en tant que telle. En dehors du contexte libanais, le professeur M. Aoun s’applique à acclimater une vision plurielle de la vie, fondée sur le mystère insondable de l’incessant déploiement de l’être dans toutes les manifestations de l’existence historique, aussi bien individuelle que collective, de l’humanité. Loin de tout alignement idéologique, il opte pour une pensée humaine critique dans son questionnement, et responsable dans son ouverture. D’où le statut de l’appartenance, catégorie fondamentale perçue comme lieu de convergence de toutes les interrogations et remises en question des pratiques injustes de l’identité. Cette exigence de lucidité ne l’empêche point de se proclamer proche d’un humanisme interculturel ouvert à toutes les épreuves d’authenticité spirituelle où l’humain se crée au gré de ses gestes de compassion et de solidarité. Même s’il se méfie des systèmes religieux fermés et des immobilismes idéologiques, il ne cesse de promouvoir une éthique philosophique et spirituelle susceptible de permettre et à la rationalité et à l’affectivité d’orienter l’agir humain.
Présentation sommaire de la pensée du professeur Mouchir Aoun
A l'ère de l'interculturalité, le professeur M. Aoun s'applique à trouver un nouveau paradigme de pensée susceptible de fonder la diversité cosmique. Loin de toute récupération idéologique, il s'agit de montrer que l'être se dit de façon plurielle dès son émergence. Même s'il n'y a point de commencement premier ni de fin prévisible, il y a lieu de penser que la nature du déploiement propre à l'être est favorable à cette diversité originale. D'où la nécessité d'interroger les multiples modes d'avènement de cette diversité, soit au niveau du vécu humain, soit au niveau de l'expression culturelle. C'est justement en cela que consiste le projet philosophique qu'entend poursuivre une telle pensée de l'ouverture et de l'interculturalité. Une place de choix est dès lors réservée au questionnement de l'expérience religieuse planétaire dans toute l'étendue de sa richesse culturelle.
Ouvrages publiés
1996
-Mouchir Aoun, La polis heideggerienne, lieu de réconciliation de l’être et du politique, Altenberge (Allemagne), Oros Verlag, 1996, 591 p.
L’étude publiée dans ce livre reprend ma recherche doctorale qui porta sur le concept heideggerien de la cité humaine. Elle vise à montrer comment la polis grecque, telle qu’elle a été repensée par Heidegger, fait advenir une expérience du monde par laquelle l’ontologique et le politique se croisent dans l’unique quête de l’authenticité humaine. La cité humaine est, de ce fait, pensée comme le site de la manifestation historique de l’être, manifestation qui englobe et excède à la fois l’être-ensemble de la communauté du peuple. De cette méditation se dégagent de nouvelles orientations pratiques susceptibles d’ouvrir des chemins qui mènent quelque part dans l’avènement d’une meilleure cohabitation humaine.
1997
-Mouchir Aoun, Frédéric Gentz. De la paix perpétuelle (1800), traduction, présentation et annotation, Thesaurus de philosophie de droit, Paris, Vrin, 1997, 120 p.
Il s’agit dans cette recherche postdoctorale de livrer au public francophone spécialisé des philosophes, des politologues et des juristes la traduction française du texte allemand publié par le conseiller de Metternich, Frédéric de Gentz (1764-1832), sur les conditions réelles d’un règne de paix durable en Europe. Inspirateur de la défense du système fédératif européen au temps des guerres napoléoniennes, auteur d’une critique non romantique des droits de l’homme, Gentz dans son traité Vom ewigen Frieden dénonce les méfaits provoqués en Europe par l’idéalisme de la Révolution française et déplore le manque de réalisme de nombreux projets de paix élaborés jusqu’alors. La publication de ce travail vient combler une lacune importante dans l’histoire des idées politiques du XIXème siècle.
-Mouchir Aoun, Christianisme et islam. Étude comparée des concepts fondamentaux, Jounieh (Liban), Éditions Saint-Paul, 1997.
L’ouvrage se veut une présentation synoptique des principaux lieux de convergence et de divergence qui se déploient dans les rapports de confrontation théorique entre le christianisme et l’islam. Il s’agit plus précisément de vérifier les deux Weltanshauungen chrétienne et musulmane, et de les confronter dans un souci de bienveillante neutralité. Des notions fondamentales extraites des deux univers, telles les conceptions de Dieu, de l’homme, de l’histoire, de la société sont analysées en référence à leur contexte culturel propre et en fonction de la vision globale des deux systèmes religieux. Sans succomber à la tentation du comparatisme béat, l’analyse s’efforce de montrer la dynamique de l’identification qui s’inscrit dans une logique de recoupement différencié propre aux deux monothéismes abrahamiques.
-Mouchir Aoun, Dialogue islamo-chrétien. Contributions à la réciprocité interculturelle, Jounieh, Éditions Saint-Paul, 1997.
Cette étude vient compléter la recherche théorique précédente dans la mesure où elle apporte un éclairage critique sur un ensemble de questions concrètes ayant trait à l’interculturalité islamo-chrétienne, telles la question des rapports que christianisme et islam entretiennent entre la religion et la politique, la question de la pertinence d’une approche comparative des deux systèmes de pensée chrétien et musulman, et la question des perceptions mutuelles en référence aux contextes culturelles d’émergence, de développement et d’évolution. L’un des présupposés fondamentaux dont se réclame l’ensemble des contributions consignées dans cet ouvrage consiste dans la reconnaissance de l’impact déterminant du facteur socio-culturel dans la genèse de la pensée religieuse aussi bien chrétienne que musulmane. Et ce n’est nul hasard si la recherche décèle une grande ressemblance dans les mécanismes d’influcence et d’interpénétration qui ont régi les rapports des deux sphères religieuse et socio-politique dans les deux religions.
2003
-Mouchir Aoun, Fondements du dialogue islamo-chrétien, Publications de l’Institut des Études Islamo-Chrétiennes, Université Saint-Joseph, Beyrouth, Librairie Orientale, 2003. 171 p.
Les recherches qui sont conduites dans cet ouvrage offrent au monde arabe les dernières réalisations de la raison dialogique du christianisme contemporain en matière d’ouverture à l’islam, autrement dit d’identification, de représentation, et d’évaluation de la religion et de la culture musulmanes. Les textes du concile Vatican II sont revisités à la lumière des recherches théologiques les plus récentes dans la pensée chrétienne d’obédience orientale et occidentale. Dans cette même optique, diverses approches théologiques appartenant à la pensée des communautés chrétiennes orientales sont évoquées en vue de rendre compte des avancées réalisées dans le rapprochement islamo-chrétien actuel. Sous la plume de théologiens libanais, l’islam peut être perçu par exemple comme le prolongement de la promesse explicitement accordée à Ismaël et tragiquement tue dans les textes vétéro-testamentaires.
2007
-Mouchir Aoun, La pensée arabe chrétienne. Requêtes d’une réforme d’actualisation, Beyrouth, Dâr At-Talî’a, 2007, 177 p.
L’ouvrage rédigé en arabe s’attaque au problème de la revivification de la pensée arabe chrétienne au Liban et dans les sociétés du monde arabe. L’auteur entend reformuler dans le contexte de la pensée arabe actuelle ce que la foi chrétienne implique pour le témoignage de la pensée chrétienne, et ce, en termes d’exigence de renaissance, de renouvellement et de modernité. Les recherches qui y sont consignées se proposent donc de relever les trois défis culturels majeurs auxquels se trouve confrontée la conscience chrétienne arabe contemporaine, à savoir l’islamité, l’arabité et la modernité. Sur cette toile de fond sont brodées des analyses ayant trait aux conditions socio-politiques qui favorisent l’émergence d’une telle pensée. Parmi les thèmes qui y sont traités figurent les questions de la méthode, de la thèse et du programme propres à cette pensée, le tiraillement de la pensée arabe chrétienne prise entre la crise du réel et le point de vue de la foi, la recherche d’une représentation appropriée de la proposition de foi chrétienne susceptible de répondre aux besoins du monde arabe actuel.
2008
-Mouchir Aoun, La Lumière et les lanternes. Questionnement théologique du pluralisme religieux, Balamand-Tripoli, Publications de l’Université de Balamand (Liban), 2008.
Si les fondamentalismes ont contribué à accréditer un jugement défavorable à l’endroit de la cause religieuse, cette étude entend montrer que les systèmes religieux peuvent aussi fonctionner en tant que force d’émancipation de leurs adeptes dans la mesure où ils leur permettent de procéder à une nouvelle herméneutique de l’unicité et de l’absoluité de la vérité religieuse dont ils défendent pourtant la validité universelle. Centré principalement sur la proposition de foi chrétienne, l’ouvrage se veut une nouvelle herméneutique de l’universalité de cette proposition. Avant de qualifier d’exclusive ou d’inclusive la vérité chrétienne, il est de bonne prudence d’en déployer tout le potentiel d’ouverture qu’elle recèle dans ses multiples formes d’interpellation de l’homme contemporain, et notamment de l’homme arabe. Cette nouvelle approche herméneutique entend s’adresser tout particulièrement à cet homme arabe qui aspire à se libérer d’une compréhension étroite de son islam et de sa culture. Tout un faisceau de données culturelles propres au monde arabe obligent à parler d’un besoin culturel révélateur d’une sourde mutation qui se profile à l’horizon de l’avenir du monde arabe. Cette étude se veut un exemple de relecture critique du patrimoine religieux chrétien dans un contexte de confrontation culturelle permanente entre le christianisme arabe et l’islam arabe.
-Mouchir Aoun, Religion et politique. La pensée politique chrétienne dans sa structure théorique et sa réalité libanaise, Beyrouth, Éditions An-Nahar, 2008.
L’ouvrage est composé de deux parties égales. Alors que la première partie se veut une fondation théorique de la vision chrétienne du politique, la seconde se propose d’analyser la conduite politique des communautés libanaises chrétiennes et de suggérer une voie d’issue susceptible de libérer la société libanaise de ses blocages confessionnels. L’un des présupposés de cette recherche tient dans l’ouverture à une pensée laïque capable d’apporter à l’entité libanaise une contribution de taille à l’assainissement de la conscience nationale. Tout au long de cette investigation court une conviction de fond qui consiste à réclamer la neutralisation de l’espace public et des mécanismes de gestion de la vie libanaise, sans pourtant exiger une quelconque dichotomie au niveau des références spirituelles et éthiques, i. e. des valeurs fondamentales qui régissent l’existence libanaise dans son ensemble. En d’autres termes, cette étude de philosophie politique convie les Libanais à dissocier la sphère de leurs convictions religieuses et spirituelles de la sphère propre à la chose publique, sphère qui s’investit dans la gestion non-confessionnelle de l’espace commun. Ultimement il s’agira de laïciser, non la société libanaise, elle-même composée d’individus et de communautés qui se revendiquent légitimement de diverses visions du monde et de divers systèmes religieux, mais plutôt l’État libanais perçu comme un organisme foncièrement public et administratif devant se soumettre à la logique de la gestion technique de l’espace commun. Dans cette optique, une lourde responsabilité devrait être assumée par les Libanais chrétiens qui, en raison de la nautre de leurs valeurs évangéliques, se trouvent confrontés à l’urgence d’une telle réforme constitutionnelle. Dès lors, la vocation d’une future pensée politique chrétienne ne saurait plus signifier le maintien du système confessionnel désormais déclaré inapproprié et inactuel dans la nouvelle conjoncture du pays. Cette vocation devrait plutôt se concrétiser dans l’engagement massif et irréversible sur la voie d’une telle déconfessionnalisation de l’espace public libanais.
Articles publiés
1989
« Approches critiques de la Lettre sur l’Humanisme de Heidegger », Annales de Philosophie de l’Université Saint-Joseph, Beyrouth, 10, 1989.
1994
« Le synode libanais, chantier de l’espérance », Communio, XIX, 3 (113), 1994.
1995
« Le dialogue islamo-chrétien, spécificité de l’apport libanais », Communio, XX, 5 (121), 1995.
1996
« Esquisse d’une pensée chrétienne moyen-orientale contemporaine au Liban », Revue Théologique de Louvain, 27ème année, 4, 1996.
1998
« Islam et christianisme : la réconciliation dans le dépassement », dans Adel Theodor Khoury et Gottfried Vanoni (éditeurs), Geglaubt habe ich, deshalb habe ich geredet. Festschrift für Andreas Bsteh zum 65. Geburtstag, Religionswissenschaftliche Studien 47, Echter – Oros Verlag, 1998, pp. 13-39.
1999
« Problématique de la modernité théologique chrétienne dans le monde arabe », Revue Théologique de Louvain, 30ème année, 1, 1999.
2003
« Musulmans et chrétiens devant leur responsabilité commune dans la réalité du monde arabe », Courrier œcuménique, 45, 2003, pp. 43-57.
« Le dialogue islamo-chrétien dans la pensée de Youakim Moubarac », Courrier œcuménique, 46, 2003, pp. 36-48.
2004
« La perception théologique de l’islam dans l’œuvre de Youakim Moubarac », Courrier œcuménique, 48, 2004, pp. 30-46.
« Les chrétiens d’Orient dans la pensée de Youakim Moubarac : leur problème, leur vocation et leur avenir », Courrier œcuménique, 49, 2004, pp. 34-45 ; 50, pp. 49-61.
2005
« Droits de l’homme et démocratie : le combat politique de la foi chrétienne au Liban », Spiritus, Paris, 2005.
« Le dialogue islamo-chrétien comme lieu théologique », J. Stassinet (éd.), Youakim Moubarac, Les dossiers H, Lausanne, L’Âge d’Homme, 2005, pp. 186-214.
« Vers une compréhension théologique chrétienne de l’islam : l’islam dans la vocation d’Ismaël », Courrier œcuménique, 52, 2005.
2008
« L’enseignement de la théologie au Liban : problématique et perspectives d’avenir », Revue Théologique de Kaslik, janvier 2008, 1.
« Problématique de la réception arabe de Heidegger », Festschrift für G. R. Khoury, Heidelberg, 2008.
« Les paradoxes du politique libanais. Essai pour un assainissement théologique », Colloque sur Politique et Éthique, Beyrouth, Université Saint-Joseph, 2008.
« Sur la fragilité libanaise » (diffusion restreinte)
« Sur la terre promise. Approche critique » (à paraître dans les Actes du colloque international de Bern).
2009
« Pour une théologie arabe de la libération. Contribution à l’étude de la pensée de Grégoire Haddad » (Proche Orient Chrétien, Liban).
« Le dialogue islamo-chrétien dans le monde arabe au seuil du troisième millénaire : acquis, impasses et promesses » (Revue Théologique de Kaslik, Liban).
Études autour de la pensée de Mouchir Aoun
- Recension de "La pensée arabe chrétienne contemporaine. Requêtes de réforme et d'actualisation". Paru dans « Laval Théologique et Philosophique », Volume 65, n°3, octobre 2009 [1]
- Thèse de doctorat de Heidi Hirvonen à l'Université de Helsinky "Christian-Muslim Dialogue : Perspectives of Four Lebanese Thinkers " [2]
- Recension de "La pensée arabe chrétienne contemporaine. Requêtes de réforme et d'actualisation". Paru sur le site du Centre Oasis [3]
- Paper for the IAMS assembly in Malaysia 2004 : "CHRISTIAN-MUSLIM DIALOGUE IN THE LEBANESE CONTEX" [4]
- Recension de "Le fils et le vicaire. L'homme dans les conceptions chrétienne et musulmane". Paru dans « Laval Théologique et Philosophique », Volume 67, n°2, juin 2010 [5]
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