- Michel d'Amboise
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Michel d'Amboise, écuyer, surnommé « l'esclave fortuné » (vers 1502-1547), homme de cour, poète, traducteur et essayiste prolixe, connut, dans la première moitié du XVIe siècle, une vie très mouvementée.
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Sommaire
Biographie
Né à Naples en Italie, vers 1502, ce fils naturel de Chaumont d'Amboise, neveu de Catherine d'Amboise se maria, contre le gré de sa famille, le 3 août 1520 par devant Guillaume lefournier et son adjoint, notaires-tabellions de la ville de Saint-Quentin, avec Adrienne de Herdecourt (ou Hardecourt, près de Douai) dont il eut un fils Jean d'Amboise, (Né à Douai en 1522). Catherine d'Amboise qui entretenait avec certains poètes des rapports de mécène, le sera pour son neveu Michel, poète et traducteur qui ayant publié plusieurs recueils, fut un temps à son service.
Mais lasse de ses frasques, elle le chasse. Michel, qui finit par se faire une raison, passe au service d’une nouvelle protectrice : la nièce même de Catherine, Antoinette d'Amboise. Après avoir été chassé à nouveau, de chez sa cousine Antoinette, Michel se rendit à Paris où il se fit arrêter pour un crime dont il fut complice. Enfermé au Châtelet une première fois pendant six mois, puis pendant un an, il écrivit ses premiers ouvrages entre 1529 et 1531.
- Les complaintes de l'esclave fortuné
- Les bucoliques de Baptiste Mantua
- La penthaire de l'esclave fortuné où sont contenues plusieurs lettres et fantaisies.
A la bataille de Pavie, en février 1525, Michel d'Amboise avait été, avec son demi-frère Georges, sous les ordres du Grand-Maître Anne de Montmorency. Plus tard, il fut attaché à son service . Lorsqu'il se retrouva en prison Michel s'adressa au Grand-Maître dans les termes suivants: (Voir son livre "Le Babilon", édité en 1535).
Depuis me fuis rangé foubs ta puiffance
Pour te donner fervice continu,
Ainsi, Monsieur, que fouvent as congnu.
En me portant par sa feule voullunté
…….
Un an y a que prifonnier je suis,
Lequel avoir je n'ay point d'efpérance
S'il ne te plaift m'en donner la puiffance.
Peu de jours après cette lettre Michel sortit de prison, mais, ayant dérogé, sa famille confia son fils, Jean d'Amboise, à un prêtre Jean Rozel qui pourvut à son éducation et qui l'orienta vers des études de chirurgie. Plus tard, ce fils Jean, après avoir été chirurgien d'Anne de Montmorency, fut aussi, chirurgien de cinq rois : François Ier, Henri II, François II, Charles IX et Henri III.
Menant grand train, toujours à court d’argent, Michel n’hésite pas, pourtant, à faire imprimer plusieurs poèmes dédiés à ses protectrices en forme de supplique. Les revers de fortune, les misères du monde et ses malheurs personnels sont autant de sujets qu’il aborde longuement. Le poète, malgré l'évidente sincérité de ses textes, n'a-t-il pas vu là des thèmes susceptibles de toucher le cœur de ses tantes et mécènes ? Ayant perdu, très tôt, sa première femme, il se remaria, en 1528, avec Isabeau du Bois qui mourut en couches avec l'enfant qu'elle portait.
Michel d'Amboise entretenait des amitiés avec des poètes tels Gilles Corrozet ou François Habert, dit le Banni de Liesse. On garde de ce dernier, natif d'Issoudun ; un poème demeuré manuscrit : l'Amant infortuné (Chantilly, Musée Condé, 508, XIV B 4).
Les recueils de poésies et les traductions de Michel d'Amboise, ont tous été publiés de son vivant entre 1529 et 1547.
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Œuvres
- Michel d'Amboise. Divers recueils de poésie parlées et chantées
- Michel d'Amboise, Le Guidon des gens de guerre, Paris, 1543. (ré-édition Galliot du Pré, Paris, 1843, 176 p.)
Extraits
Poèmes
- Le blason de la dent
- Dent, qui te montres en riant
- Comme un diamant d'Orient
- Dent précieuse et déliée,
- Que nature a si bien liée
- En celui ordre où tu reposes
- Qu'on ne peut voir plus belle chose
- Dent blanche comme cristal, voire
- Ainsi que neige, ou blanc ivoire ;
- Dent qui sens bon comme fait baume,
- Dont la beauté vaut un royaume ;
- Dent qui fais une bouche telle
- Comme fait une perle belle
- Un bien fin or bouté en aeuvre ;
- Dent que souvent cache et découvre
- Cette belièvre purpurine,
- Tu fais le reste être divine,
- Quand on te voit à découvert.
- Mais, dent, quand ton pris est couvert
- Le demeurant moins beau ressemble,
- Car son honneur est, ce me semble,
- Luisant ainsi que perle nette,
- Qui reluit comme une planète,
- Encore plus fort que la lune ;
- En tout le monde n'en est une
- Qui soit si parfaite que toi.
- Je te promets quand je te vois,
- Comme au premier que je te vis, je suis tout transi et ravi,
- Et cuide au vrai, te regardant,
- Que ce soit un soleil ardent
- Qui se découvre des nuées.
- De l'odeur qui belle dent rache,
- Garde-toi bien qu'on ne t'arrache,
- Car pour vrai qui t'arracherait,
- Plusieurs et moi il fâcherait
- Pourtant que l'arracheur méchant
- Arracherait en t'arrachant,
- La beauté de toute la face,
- Qui n'a sans toi aucune grâce."
- Le Printemps
- Au temps de Ver qu'un chacun prend plaisance
- A écouter la musique accordance
- Des oisillons qui par champs, à loisir,
- A gergonner prennent joie et plaisir
- Voyant les fleurs en verdures croissantes,
- Arbres vêtus de feuilles verdoyantes,
- Prendre Cérès sa robe jà couverte
- Totalement de branche ou herbe verte,
- Dame Nature aorner les branchettes
- De prunes, noix, cerises et pommettes
- Et d'autres biens qui servent de pâture
- A toute humaine et fragile facture.
- Excuse-moi, capitaine.
Deux petits poèmes de Clément Marot (1497 - 1544) sont dédiés à un certain « M. de la Roque ». S’agirait-il de Bernard de La Roque, homme de cour et écuyer de la Grande Écurie ou plutôt de François de La Roque futur vice-roi du Canada ? En tout cas, c’est à ce dernier Laroque que Michel d'Amboise, consacre, une poésie qui commence par:
- « Excuse-moi, capitaine… ».
Cette fois, l’hommage est sûr car il porte en dédicace: « A François de La Roque, seigneur de Roberval. »
C’est ce François ou plutôt ce Jean-François de la Roque, seigneur de Roberval, que le roi François Ier (1494 – 1547) nommait, du nom de sa gentilhommière picarde, le petit Roi de Vimeu.
C’est ce même Jean-François de la Roque, seigneur de Roberval, qui se vit délivrer en 1541 le titre de vice-roi du Canada ? Son successeur, moins d'une année après son sacre à Reims, Henri II le nomme, en 1548, par arrêté : « Maître des mines et forges à fer dans ce royaume ».
Essais
- Michel d'Amboise, Le Guidon des gens de guerre, Paris, 1543.
Dans ce guide des gens de guerre, Michel se déclare, le premier par écrit, partisan de la guerre biologique : Il est par droit admissible de gaster, infester, intoxiquer et empoisonner les eaues des ennemys. !
Voir aussi
Sources
- Ariane Bergeron-Foote, Les œuvres en prose de Catherine d'Amboise, dame de Lignières (1481-1550), Thèse de l'École nationale des chartes soutenue en 2002.
- Michel d'Amboise, Le Guidon des gens de guerre, Paris, 1543 (ré-édition Galliot du Pré, Paris, 1843, 176 p.)
- Gallica- Publication [Document électronique] : 1995. 237 p. Les epistres d'Ovide & Response à icelles epistres par Michel d'Amboise. Reproduction : numérisation BNF de l'éd. de Lyon par Jean Temporal et Philibert Rollet, 1552, in-16 °, 12 cm
- Bibliothèque numérique Gallica
- Nobiliaire et armorial de Bretagne, de Pol Louis de Courcy, publié en 1890 par J. Plihon et L. Hervé. P. 8
- Archives royales de Chenonceaux. Pièces historiques relatives à la chastellenie, publié par J. Techener en 1864. P. CIVII
- Archives privées de la famille d'Amboise (Livre rouge).
- Nouveau dictionnaire historique, ou, histoire abbrégée de tous les hommes qui se sont fait un nom par des talents, des vertus, des forfaits, des erreurs etc.,depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours...avec des tables chronologiques pour réduire en corps d'histoire les articles répandus...Vol. 1, 7eme edition. Par Louis Mayeul Chaudon.(1789).
Catégories :- Maison d'Amboise
- Personnalité de la Renaissance
- Date de naissance inconnue (XVIe siècle)
- Décès en 1547
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