Memorial society

Memorial society

Memorial

Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne une ONG russe. Pour le monument commémoratif, voir mémorial.

Memorial, (en russe : Мемориал), ou Memorial society, est une ONG russe de défense des droits de l'homme. Son origine remonte à la période de la perestroïka, où elle organisa une assistance aux prisonniers politiques victimes du régime soviétique.

Créée par le dissident Andrei Sakharov en 1988[1], Memorial a pour objectifs de promouvoir une société de droit fondée sur le respect des droits de l'homme, de prévenir le retour du totalitarisme, et enfin de faire la vérité sur les exactions passées et leurs victimes.

Mise en lumière par l'assassinat en Tchétchénie de son enquêtrice Natalia Estemirova, le 15 juillet 2009, menacée de mort par le président tchètchène Ramzan Kadyrov, Memorial est maintenant poursuivie par celui-ci devant les tribunaux de Moscou pour « obtenir réparation du préjudice subi par sa réputation » suite aux accusations portées par Oleg Orlov, président de Memorial.

Sommaire

Objectifs de Memorial

Le nom complet de Memorial est « Organisation internationale volontaire et publique « MEMORIAL, société historique, éducationnelle, charitable, pour la défense des droits de l'homme ».

Les objectifs de Memorial, tels que définis par sa charte, sont :

  • « Promouvoir une société civile mature, et une démocratie fondée sur une société de droit, de façon à prévenir le retour du totalitarisme ».
  • « Aider à une prise de conscience publique, sur la base des valeurs de la démocratie et du droit, de manière à se débarasser des schémas totalitaires, et d'implanter solidement les droits de l'homme dans la vie politique et publique ».
  • « Promouvoir la mise au jour de la vérité sur le passé, et perpétuer la mémoire des victimes de la répression politique exercée par les régimes totalitaires ». Ce dernier point est obtenu en particulier en conservant les « Livres à la mémoire des victimes des répressions politiques »[2].

Memorial organise l'assistance, juridique et financière, aux victimes du Goulag. Elle mène également des recherches sur l'histoire de la répression politique, et en publie les résultats dans des livres, des articles, des expositions, des musées, ou encore sur les sites web des organisations membres de Memorial.

Confiscation en novembre 2008 des archives numériques de Memorial

Le 4 novembre 2008,Le bureau de Memorial à Saint-Pétersbourg a subi une descente de police de la part des autorités, qui ont confisqué les archives sur le Goulag, stockées sur 12 disques numériques qui comprenaient l'ensemble des données numérisées sur toutes les atrocités commises par Staline et représentaient 20 ans de travail. L'information était utilisée pour constituer « une base de données numérisées accessible à tous et contenant des centaines de milliers de noms ». La directrice du bureau, Irina Flinge, pense que cette descente de police a eu lieu parce que l'organisation Memorial était « du mauvais côté du Poutinisme », en particulier sur le point de savoir « si Staline et le régime soviétique avaient réussi à créer un grand pays »[3],[4].

Selon la thèse officielle, le raid était causé par un article publié dans le Novy Peterburg, un journal de Saint-Pétersbourg, en juin 2007[5]. Mais Memorial nie tout lien avec cet article. Quelques avocats des droits de l'homme en Russia ont émis l'hypothèse que le raid avait été monté en représailles de la défense par Memorial d'un film interdit, Rebellion: the Litvinenko Case, portant sur l'assassinat de l'ex-espion russe Alexandre Litvinenko[6],[7]. Selon l'écrivain Orlando Figes, le raid « avait clairement pour but d'intimider Memorial »[8]. Allison Gill, directrice de Human Rights Watch à Moscou, a déclaré

« Cette scandaleuse descente de police démontre le climat empoisonné que subissent les ONG en Russie [...] C'est une tentative sans équivoque menée par le gouvernement russe [...] pour réduire au silence les voix critiques[8]. »

La descente de police a également amené la rédaction par des universitaires du monde entier d'une lettre ouverte à Dmitri Medvedev, par laquelle ils condamnent cette confiscation[7]. Les États-Unis se sont déclarés « profondément préoccuppés » par ce raid de la police : le Département d'État, par l'intermédiaire de son porte-parole Sean McCormack, a déclaré « Malheureusement, cette action menée contre Memorial n'est pas un exemple isolé de la pression exercée en Russie contre la liberté d'association et d'expression[7]. »

Le 20 mars 2009, le tribunal du district de Dzerjinsky a jugé que la fouille menée le 4 décembre 2008 dans les locaux de Memorial, et conduisant à la saisie de 12 disques durs stockant de l'information sur les victimes de répression policières, avait été menée en violant un certain nombre de procédures, et que l'action des forces de l'ordre était illégal[9],[10],[11].

Le 6 mai 2009, Lenizdat.Ru a rapporté que douze disques durs, ainsi que des disques optiques et quelques papiers, avaient été rendus à Memorial[12],[13].

Activités en Tchéchénie et assassinat de Natalia Estemirova

Les activités actuelles de Memorial comportent notamment un travail d'enquête sur les cas les plus graves de violation des droits de l'homme. Dans ce cadre, Memorial mène notamment une action importante dans la République de Tchétchénie : c'est une des très rares ONG à avoir conservé un bureau à Grozny, dirigé par Lidia Ioussoupova.

Le 15 juillet 2009, Natalia Estemirova, représentante de Memorial en Tchétchénie et qui enquêtait sur des cas très graves de violation des droits de l'homme, a été enlevée le 15 juillet 2009 de son domicile à Grozny, en Tchétchénie. Selon Tanya Lokshina du bureau de Moscou de Human Rights Watch, des personnes inconnues ont enlevé Natalia Estemirova près de chez elle, à Grozny, aux alentours de 8h30 du matin. Ses collègues ont donné l'alerte lorsqu'elle ne s'est pas présentée à une réunion prévue ce matin-là ; ils se rendirent alors chez elle, ont trouvé des témoins et les ont interrogés[14]. Deux témoins auraient déclaré avoir vu Natalia Estemirova être poussée dans une voiture en criant qu'on l'enlevait. On a retrouvé son corps dans un bois, percé de balles, à 16h30.

Le président de Memorial, Oleg Orlov, a formellement accusé du meurtre Ramzan Kadyrov, le président pro-russe de Tchétchénie, disant :

« Je sais, je suis sûr de l'identité du coupable, nous le connaissons tous, son nom est Ramzan Kadyrov[15]. »

Ramzan Kadyrov a riposté en portant plainte contre Oleg Orlov, lui rappelant ce qu'était la présomption d'innocence, tandis que le président Dmitri Medvedev jugeait « primitives et inacceptables » les accusations d'Oleg Orlov[16].

Selon Anne Le Huérou, de la Fédération internationale des droits de l'homme, « tout le monde savait que Natalia Estemirova était menacée, elle la première ». Exerçant son activité pour la défense des droits de l'homme en Tchétchénie depuis dix ans, elle était de plus en plus menacée, en particulier depuis le départ des troupes russes de Tchétchénie[17].

Ce départ a en effet laissé tout le pouvoir à Ramzan Kadyrov, le président tchétchène, dont elle avait reçu des menaces directes. Car « Ramzan Kadyrov a alors mis en place une véritable terreur d'État, un règne de la peur », précise la Fédération internationale des droits de l'homme[17].

Anne Le Huérou a également ajouté :

« Beaucoup de défenseurs des droits de l'Homme comparent le régime de Kadyrov aux années 1936-1938, lors de la pire période de la terreur stalinienne. Il semble que désormais, le seul choix restant soit de se rallier à Ramzan Kadyrov[17]. »

Développements récents

  • Le 15 septembre 2009, Oleg Orlov, président de Memorial, sera confronté à Ramzan Kadyrov, le président tchèchène, lors du procès tenu à Moscou. Ce dernier réclame en effet 10 millions de roubles (227 000 Euros) à Oleg Orlov, suite à l'affirmation par celui-ci que Kadyrov est « responsable » du meurtre de Natalia Estemirova[1], commis le 15 juillet 2009.
  • Le 8 octobre 2009, Memorial, ainsi que le quotidien Novaïa Gazeta seront également assignés devant un tribunal civil, par le petit-fils de Staline, Evgueni Djougachvili, qui veut ainsi défendre l'honneur de son grand-père en réclamant à Memorial 227 000 Euros[1].

Annexes

Notes

Références

  1. a , b  et c Le Monde du samedi 26 septembre 2009, page 9
  2. The Book of Memory of Victims of Political Repressions of Astrakan Oblast (in Russian), liste de 10 955 noms de victimes des répressions dans l'oblast d'Astrakan de 1918 à 1986
  3. Galpin, Richard. Stalin's new status in Russia. BBC. December 27, 2008.
  4. Report on the December 2008 raid on Memorial's St Petersburg office
  5. Memorial will have the property back but not the reputation, Fontanka.Ru, January 20, 2009 (in Russian)
  6. www.opendemocracy.net
  7. a , b  et c Timesonline - Gulag files seized during police raid on rights group
  8. a  et b Guardian
  9. 'Memorial' reverted the searches, Kommersant, 21 mars 2009 (en russe)
  10. HDDs will be returned to "Memorial" in presence of the Ombudsman, Fontanka.Ru, 27 mars 2009 (en russe)
  11. Memorial Vindicated Again, par Sean Guillory, 31 mars 2009
  12. Memorial got back its confiscated HDDs, Lenizdat.Ru, May 6, 2009 (in Russian)
  13. Memorial’s "Winchesters" Returned, by Sean Guillory, May 7, 2009
  14. Une activiste russe trouvée assassinée, BBC News, 15 juillet 2009
  15. Le Nouvel Observateur, le 16 juillet 2009 sur nouvelobs.com (consulté le 17 juillet 2009)
  16. Le Courier de Russie 151, 31 juillet 2009.
  17. a , b  et c Le Monde, 16 juillet 2009, « Natalia Estemirova ou la mort à petit feu des droits de l'homme en Tchétchénie » sur lemonde.fr (consulté le 17 juillet 2009)

Bibliographie

(en)  

Articles connexes

Lien externe

(en) Site de Memorial

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