Maxime Benoît-Jeannin

Maxime Benoît-Jeannin

Maxime Robert Benoît-Jeannin est un poète, romancier, biographe, essayiste et polémiste français, né à Saint-Dié-des-Vosges le 8 décembre 1946. Rebelle solitaire, volontairement en marge, ce franc-tireur a choisi Bruxelles pour poste d’observation.

Sommaire

Débuts littéraires

Ses premières tentatives poétiques sont réunies dans un recueil assez dense en 1971 (Notices en plaques). Ses compositions ultérieures — poèmes et textes expérimentaux — s’égrèneront dans des revues et des anthologies (La Nouvelle Poésie française, de Bernard Delvaille, L’Année poétique, 1977) jusqu’à la fin des années soixante-dix.

En 1978, il aborde le roman et la nouvelle par le biais de la science-fiction. De 1976 à 1982, il donne, en effet, trois romans et une trentaine de nouvelles qui ne passent pas inaperçus dans ce milieu très particulier qu’est celui de la science-fiction française. La Terre était ici, L’Adieu des Industriels et L'Ami des Ambrosiens provoquent des polémiques, car ils privilégient l’écriture et l’imaginaire tout en proposant une vision politique, ce qui passe pour indécent dans le mainstream à cette époque. Benoît-Jeannin clôt son incursion dans le science-fiction par une étude sur le romancier américain William S. Burroughs publiée par la revue Fiction (n°326).

Romans

L’année 1985, Le Monde des livres distingue Le Florentin, le roman de Dante. Poète, certes, mais aussi homme d’action et diplomate, prenant parti pour l’empire contre la papauté, Dante meurt en exil à cause de ses choix politiques. En 1991, c’est Mademoiselle Bovary, suite au fameux roman de Flaubert, saluée par François Nourissier et Yvan Leclerc. Projet et réalisation post-modernes, présentés comme l’ultime recommandation de Flaubert à un jeune disciple (qui se trouve être le grand-père de Benoît-Jeannin) : faire de Berthe, fille d’Emma et ouvrière dans une filature, une anti-Bovary qui dépassera les rêves de sa mère et qui la vengera. En 1992 paraît Colonel Lawrence, dont le personnage-narrateur, à la rencontre de T. E. Lawrence, alias Shaw, rate son rendez-vous avec l’ancien agent qui se blesse mortellement devant lui, à moto. Le roman, entrecoupé de rapports sur le passé de Lawrence, dure ce que dure le coma dans lequel est tombé le héros britannique : huit jours, en dix chapitres courts. Derrière le mystère, il y en a toujours un autre, et ce sont ces apparences que l’auteur s’efforce de percer.

Le Choix de Satan (1996), lointainement inspiré de l'Affaire du Curé d'Uruffe, est aussi un hommage appuyé à J.-K. Huysmans et à son roman sataniste, Là-bas, dont Benoît-Jeannin reprend le nom du personnage, Durtal. L’action de son roman est située en Lorraine à la fin des années cinquante. L'Église et le satanisme se confondent, le prêtre est à la fois victime et bourreau.

En 2003, Benoît-Jeannin renoue avec le roman historiqueMiroir de Marie — par un portrait délicat de Marie, la dernière duchesse de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire et filleule de Louis XI, qui épousera l’archiduc Maximilien d’Autriche, avant de mourir d’un accident de chasse, à l’âge de vingt-cinq ans.

Chez les Goncourt (2004), dans la lignée post-moderne de Mademoiselle Bovary, se dote presque d’une intrigue policière. Tout est dans le presque. Située sous le Second Empire, l’action a lieu quasi exclusivement au domicile d'Edmond de Goncourt et Jules de Goncourt, qui reçoivent à dîner Flaubert, Théophile Gautier, sa femme et leurs filles, le couple Charles-Edmond, l'actrice Lagier et un inconnu. Un meurtre est commis juste avant le dîner sur le palier de l’appartement des deux frères. Malgré l’enquête policière, on ne saura jamais qui est l’assassin de la voisine des Goncourt… Mais on assiste à la vie secrète de l’immeuble pendant toute une nuit. Hommage aux frères Goncourt et à la littérature de leur temps, Chez les Goncourt reste un roman pour happy few

Les deux romans suivants, Mémoires d’un ténor égyptien (2006), et Au bord du monde, un film d’avant-guerre au cinéma Éden (2009), sont de pures fictions littéraires, qui cherchent volontairement à égarer le lecteur. Jeux savants, constructions labyrinthiques, changements de style et d'époque, érotisme, ces deux livres demandent un effort et une participation qui en valent la peine, à condition d’aimer se perdre. En 2010, paraît Les Confessions de Perkin Warbeck, récit inspiré par la vie aventureuse haute en couleurs d'un imposteur qui, sous le nom de Richard IV, s'est fait passer un temps pour l'un des « enfants d'Édouard ».

Biographies

La première biographie que donne Benoît-Jeannin paraît à Bruxelles et à Paris en 1989. Elle est consacrée au violoniste et compositeur belge Eugène Ysaye. Grâce à une commande de la télévision belge francophone (RTBF), Benoît-Jeannin s’intéresse de plus en plus à ce personnage, dont le rôle, dans la création et la diffusion de la musique européenne de la deuxième moitié du XIXe siècle, reste inégalé.

C’est en entreprenant ses recherches sur Ysaye que l’auteur rencontre le souvenir oublié de la cantatrice Georgette Leblanc, sœur de Maurice Leblanc et compagne pendant vingt-trois ans du poète belge Maurice Maeterlinck (prix Nobel de littérature 1911). Avec Ysaye, qui s’était cantonné dans le domaine musical, où il excellait, tout en fréquentant à Berlin le poète symboliste français Jules Laforgue, Benoît-Jeannin remettait en lumière un des grands créateurs de la musique, de César Franck à Claude Debussy, et un des virtuoses les plus demandés dans le monde entier, dont la carrière culmina à la tête de l’orchestre symphonique de Cincinnati. En restituant à Georgette Leblanc sa vie de chanteuse, d’actrice, d’égérie et d’écrivain, son tempérament de génie, il fit la découverte d’une femme qui ne cessa de susciter l’admiration partout où elle passait. Elle créa la même ferveur en Europe et en Amérique auprès des personnalités d’exception qu’elle connut. Georgette Leblanc, après ses débuts à l'Opéra-Comique, avait été engagée au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, d’où elle fera la conquête de Maurice Maeterlinck. Pour résumer ce qui est réalité impossible, Georgette Leblanc s’était offerte à l’amour de Maeterlinck, à l'admiration de Mallarmé, aux sarcasmes d'Octave Mirbeau (dans l’affaire Pelléas et Mélisande), avait touché à la radio et au cinéma et, à partir de cinquante ans, avait vécu une relation intime avec l'avant-gardiste américaine Margaret Anderson (aux États-Unis et en France, tout en renouant en Italie avec Gabriele D'Annunzio.

Essais

En Benoît-Jeannin, le polémiste et l’essayiste se sont révélés tardivement, mais c’est avec une certaine énergie qu’il a fustigé et analysé le personnage et l’œuvre d’Hergé, dénonçant, à travers l'idolâtrie dont il est l’objet, l’infantilisation des esprits : Le Mythe Hergé (2001), Les Guerres d’Hergé (2007). C’est avec une égale jubilation qu’il a déconstruit le monde littéraire parisien du début du XXIe siècle, les synergies qui lient étroitement éditeurs, jurys, presse et médias, dans un ouvrage redoutablement documenté et sans équivalent contemporain par son irrévérence, La Corruption sentimentale - Les rentrées littéraires (2002).

Bibliographie

Poésie et science-fiction

  • Notices en plaques, poésie, Ghislain Geitner éditeur, Strasbourg, 1971.
  • La Terre était ici, roman, Kesselring, Paris, 1978.
  • L'Adieu des industriels, roman, Kesselring, Paris, 1980.
  • L’Ami des Ambrosiens, Éditions Opta, Paris, 1981.

Romans

  • La Croisière Einstein (en collaboration avec Philippe Cousin), Stock, Paris, 1983.
  • Le Florentin, le roman de Dante, Stock, Paris, 1985.
  • Mademoiselle Bovary, Éditions Belfond, Paris, et Le Cri, Bruxelles, 1991.
  • Colonel Lawrence, Le Cri/Jean-Michel Place, Bruxelles-Paris, 1992.
  • Le Choix de Satan, Le Cri, Bruxelles, 1995.
  • Miroir de Marie, Le Cri, Bruxelles, 2003.
  • Chez les Goncourt, Le Cri, Bruxelles, 2004.
  • Mémoires d’un ténor égyptien, Le Cri, Bruxelles, 2006.
  • Au bord du monde, un film d’avant-guerre au cinéma Éden, Le Cri, Bruxelles, 2009.
  • Les Confessions de Perkin Warbeck, Le Cri, Bruxelles, 2010.

Récits et chronique

  • Ivresse dans l’après-midi, Le Cri, Bruxelles, 1991.
  • Ton fils se drogue, Le Cri, Bruxelles, 1993.
  • Histoire de la Toison d’or (chronique, en collaboration avec Pierre Houart), Le Cri, Bruxelles, 2006.

Biographies

  • Eugène Ysaye, Éditions Pierre Belfond, Paris, 1989 (édition revue et augmentée, Le Cri, Bruxelles, 2001).
  • Ysaye, le sacre du violon, Bruxelles, 1989 ;
  • Georgette Leblanc (1869-1941), Le Cri, Bruxelles, 1998.

Essais

  • Le Mythe Hergé, Éditions Golias, Villeurbanne, 2001.
  • La Corruption sentimentale - Les rentrées littéraires, Le Cri, Bruxelles, 2002.
  • Les Guerres d’Hergé, Aden, Bruxelles, 2007.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Maxime Benoît-Jeannin de Wikipédia en français (auteurs)

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