- Maurice Ettinghausen
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Maurice Sachs
Pour les articles homonymes, voir Sachs.Maurice Sachs, de son vrai nom Maurice Ettinghausen, né le 16 septembre 1906 à Paris et décédé le 14 avril 1945 en Allemagne, est un écrivain français.
Sommaire
Biographie
Jeunesse
Maurice Sachs naît à Paris le 16 septembre 1906 dans une famille d'origine juive mais irréligieuse, anti-cléricale et républicaine . Son père, Herbert Ettinghausen, abandonne le domicile conjugal et divorce en 1912. Sa mère, Andrée, est la fille de Georges Sachs, courtier en bijoux et familier de Jean Jaurès. Elle épouse, après son divorce, le chroniqueur mondain Michel Georges-Michel. Maurice connaît une enfance malheureuse, de pensionnat en pensionnat. En mai 1923, Andrée s'enfuit à Londres, poursuivie pour escroquerie. A 17 ans, sans ressources, Sachs doit se débrouiller seul. Il est recueilli par les delle Donne et rencontre Jean Cocteau, dont il devient le secrétaire. Il se laisse convertir par Jacques Maritain au catholicisme le 29 août 1925, et va même jusqu'à entrer au séminaire[1]. Un scandale dû à son homosexualité affichée l'en fait chasser. Recueilli par Max Jacob, qui l'encourage à écrire, Sachs tente de faire fortune par diverses escroqueries et indélicatesses jusqu'à se brouiller avec tous ses proches. En septembre 1930, il s'enfuit aux États-Unis d'Amérique, où il signe avec N.B.C. un contrat pour une émission de radio qui connaît un grand succès. Ambitionnant une carrière politique, il se convertit au protestantisme pour épouser Gwladys Matthews, la fille du Modérateur de l'Eglise Presbytérienne. Trois ans plus tard, ses rêves enfuis, il rentre en France, accompagné d'un jeune Américain rencontré à Hollywood. André Gide le recommande à Jean Paulhan qui lui confie la direction d'une collection de romans d'aventure, publiée par Gallimard. En 1935 Sachs publie son premier roman, Alias. Au théâtre, il collabore avec Pierre Fresnay. On lui doit aussi, en 1936, une plaquette à la gloire du Parti communiste, Maurice Thorez et la victoire communiste. En 1937, ruiné et épuisé, il se fait interner pour échapper à ses créanciers. En 1939, il achève un livre-confession Le Sabbat, dont la déclaration de guerre empêche la publication.
Collaboration
En 1940, Maurice Sachs anime sur Radio Mondial une émission de propagande, destinée à convaincre les Etats-Unis d’entrer en guerre contre l'Allemagne et les nazis l'inscrivent sur la liste des propagandistes antifascistes à arrêter. Lors de la débacle, il se réfugie à Bordeaux avant de rentrer à Paris le 29 juin 1940. Là il se livre au marché noir jusqu'en septembre 1942, où, compromis et ruiné dans divers trafics, il se cache à Anceins dans l'Orne, en compagnie de Violette Leduc, qu'il fait passer pour sa femme. En novembre, à bout de ressources, il s'engage au STO (Service du travail obligatoire) et part pour Hambourg. En avril 1943, il y offre, sous un nom d'emprunt, ses services à la Gestapo comme espion et agent provocateur. Il mène alors une vie d’aventurier, fréquentant les milieux homosexuels de Hambourg, les Français de la LVF (Légion des volontaires français contre le bolchevisme), vivant de combines et d’escroqueries, et dénonçant les trafiquants du marché noir à ses nouveaux maîtres. Il vit avec deux jeunes collaborateurs français, Philippe Monceau et Paul Martel. Le 16 novembre 1943, après avoir refusé de dénoncer un père jésuite engagé dans la Résistance, il est arrêté par la Gestapo, fatiguée de ses vols, de ses imprudences et de ses faux rapports. Il est incarcéré avec les membres de son groupe au Konzentration Lager Fuhlsbüttel.
La fin
Mis au secret, dans une cellule de trois mètres sur trois, Maurice Sachs se consacre à l'écriture et rêve d'une gloire tardive. En avril 1945, devant l'avance des troupes alliées, les prisonniers du camp sont évacués vers Kiel pour y être libérés. Mais en route, au matin du 14 avril, comme Maurice Sachs, à bout de forces après trois jours de marche, est incapable de se relever, un S.S. le tue d’une balle dans la nuque. Il est enterré dans le cimetière de Neumünster, sous un tertre de terre qui porte le numéro GC 54. [2]. La gloire arrive de façon posthume avec la publication en 1946 de Le Sabbat, puis de Chronique joyeuse et scandaleuse, en 1948, et de La Chasse à courre, en 1949.
L'œuvre littéraire
Aventurier amoral, Maurice Sachs a été l'observateur privilégié aussi bien de la vie intellectuelle des années 20 que du Paris de l'Occupation et du marché noir. Il laisse une oeuvre originale, joyeuse et scandaleuse, dont les points d'orgue sont Le Sabbat, Chronique Joyeuse et scandaleuse, et La Chasse à courre.
Liste des œuvres
- The Decade of Illusion, Alfred A. Knopf, New York, 1933.
- Alias, 1935 (ISBN B0000DQN60).
- Maurice Thorez et la victoire communiste, Denoël & Steele, 1936.
- André Gide, Denoël & Steele, 1936.
- Honoré Daumier, Pierre Tisné, 1939.
- Au Temps du Bœuf sur le Toit, 1939 et 2005 (ISBN 2246388228).
- Chronique joyeuse et scandaleuse, Corrêa, 1950 (ISBN B0000DS4FF).
- Correspondance, 1925-1939, Gallimard, Paris 2003 (ISBN 2070733548).
- Histoire de John Cooper d'Albany, Gallimard, Paris 1955 (ISBN B0000DNJVG).
- La décade de l'illusion, Gallimard, Paris 1950 (ISBN B0000DL12G).
- Derrière cinq barreaux, Gallimard, Paris 1952.
- Abracadabra, Gallimard, Paris 1952.
- Le Sabbat. Souvenirs d'une jeunesse orageuse, Editions Corrêa, Paris 1946 (ISBN 2070287246).
- La chasse à courre, Gallimard, paris 1997 (ISBN 2070402789).
- Tableaux des mœurs de ce temps, Gallimard, Paris 1954 (ISBN B0000DL12I).
- Le Voile de Véronique, roman de la tentation, Denoël, 1959.
Citations
- « On estime davantage ses juges que ses avocats, car on juge ses avocats par cela même qu'ils nous défendent. » — Derrière cinq barreaux
- « Il n'est de bons moralistes que ceux qui ne s'occupent que de la morale d'autrui. » — Derrière cinq barreaux
- « En ce qui concerne son espèce, l'homme n'est fait que pour l'amour et la haine. L'indifférence est un acquis des sociétés. » — Derrière cinq barreaux
- « Les tricheurs ne connaissent pas la vraie joie de gagner. » — Derrière cinq barreaux
- « On ne trahit bien que ceux qu'on aime. » — Derrière cinq barreaux
Notes et références
- ↑ il avait fait doubler sa soutane de : « crêpe de Chine rose pour réaliser son rêve d’enfance : être une fille gaie, légère sexy, coupant le souffle à tous les garçons »
- ↑ Maurice Sachs, ou les travaux forcés de la frivolité, de Henri Raczymov, Gallimard, 1988. Maurice Sachs, d'Emmanuel Pollaud-Dulian, Editions Acharnistes, 2007)
Bibliographie
- J.M. Belle, Les folles années de Maurice Sachs, Grasset, Paris 1979 (ISBN 2246007488).
- Thomas Clerc, Maurice Sachs, le désœuvré, Allia, Paris 2005, 152 p., 17 cm (ISBN 284485169X).
- Jean Cocteau, Journal d'un inconnu [1952].
- A. Du Dognon, Philippe Monceau. Le dernier sabbat de Maurice Sachs, Hambourg 1943-1945, Sagittaire, 1988 (ISBN 2727500696).
- Henri Raczymow, Maurice Sachs, ou, Les travaux forcés de la frivolité, Gallimard, Paris 1988 (ISBN 2070713768).
- Emmanuel Pollaud-Dulian, Maurice Sachs, Editions Acharnistes, Paris 2007.
Liens externes
- (fr) Maurice Sachs - Biographie détaillée et extraits de ses œuvres.
- (en) Maurice Sachs - Biographie.
- (it) Bruno Romano, Il moralista, 1949
- Biographie de Maurice Sachs
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