- Matière molle
-
La matière molle rassemble des états de la matière ou des matériaux connaissant une réponse forte pour un très faible signal de commande. Par exemple, les cristaux liquides : des molécules présentes dans une fine pellicule de l'écran sont réorientées par application d'une très faible tension électrique.
Le terme matière molle a été inventé par Madeleine Veyssié[1] : C'était à titre de "private joke" en petit comité, on n'était alors qu'une poignée à travailler dans ce domaine[2].
Madeleine Veyssié était une proche collaboratrice au Collège de France de Pierre-Gilles de Gennes. Celui-ci obtient prix Nobel de physique en 1991 pour l'ensemble de ses contributions à la physique, et en particulier ses travaux pionniers sur l'étude de la matière molle. Je crois bien que Pierre-Gilles, qui était tout sauf trivial, n'a jamais beaucoup apprécié cette expression à connotation quelque peu rabelaisienne[3]. Néanmoins, le physicien a popularisé ce terme en décembre 1991 en intitulant le discours de réception de son prix Nobel soft matter (matière molle).
La physique de la matière molle décrit les propriétés de fluides complexes et des systèmes moléculaires organisés qui sont souvent intermédiaires entre celles des liquides et celles des solides. Tous ces systèmes ont une susceptibilité importante par rapport aux sollicitations extérieures et les interactions mises en jeu entre objets sont de l'ordre de l'excitation thermique, de sorte que les fluctuations thermiques jouent un rôle important. Les échelles de taille pertinentes sont dans le domaine mésoscopique entre 1 nm et 100 nm. Les interfaces jouent souvent un rôle fondamental. Les systèmes étudiés incluent les polymères, les cristaux liquides, les colloïdes, les tensioactifs, l’adhésion et le mouillage.
Les applications de la matière molle sont nombreuses. Elles vont de l'agroalimentaire (mousses, épaississants, émulsions...), aux cosmétiques, à la récupération assistée du pétrole. C'est donc un domaine de la physique extrêmement actif qui permet à la fois de répondre à des questions fondamentales, mais aussi de trouver des débouchés intéressants.
Plusieurs laboratoire en France s'intéressent à des problèmes de matière molle. Parmi eux, on peut citer :
- le Laboratoire Matière et Systèmes Complexes (Paris)
- le Laboratoire PPMD (à l'ESPCI ParisTech)
- le Laboratoire de physique des solides (Orsay)
- le Centre de recherche Paul Pascal (Bordeaux)
- le Laboratoire Physique de la matière condensée et des nanostructures (Lyon)
Notes et références
- ISBN 2-7381-1458-X, avril 2004, 245 x 155, 384 pages, http://www.lps.ens.fr/~balibar/demain.html). Le rôle de Madeleine Veyssié dans la genèse du terme matière molle est relaté dans le chapitre consacré à la matière molle du livre Demain la physique (Odile Jacob
- M. Mitov, Matière sensible - Mousses, gels, cristaux liquides et autres miracles (Seuil, 2010), pages 166-167.
- P.-G. de Gennes, Les génies de la science (hors-série Pour La Science, n°40, 2009), page 67.
Liens externes
Wikimedia Foundation. 2010.