Mathieu François du Bertrand

Mathieu François du Bertrand
Mathieu François du Bertrand
Mathieu François du Bertrand en 2007
Mathieu François du Bertrand en 2007

Nom de naissance Jimmy Rodriguez
Activités écrivain
Naissance 10 janvier 1985
San Salvador
Genres Roman, journal intime, essai, scénario
Œuvres principales

Mathieu François du Bertrand, de son vrai nom Jimmy Rodriguez[1], est un écrivain français né à San Salvador le 10 janvier 1985.

Sommaire

Biographie

Né au Salvador sous le nom de Jimmy Angulo, pendant la guerre civile (1980-1992), l'enfant ne passe que quelques semaines dans son pays natal, car il est tout de suite adopté par une famille française de professeurs. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il est inscrit dans les registres d'état civil sous le nom improvisé de Jimmy Rodriguez (ses parents adoptifs comptent en réalité le nommer Mathieu Rodriguez). L'auteur passe sa jeunesse à l’école de Marsac (Tarn-et-Garonne), à l’école et au collège de Beaumont-de-Lomagne, au lycée Michelet (Montauban), puis à l’université Toulouse II-Le Mirail, où il suit des études d’histoire de l’art entre octobre 2003 et juin 2007. Il est ami avec l'écrivain Loïc Lorent.

Il publie son premier roman, Chloé Wegmann (éditions Bénévent), en 2004, pour la première fois sous le nom de Mathieu François du Bertrand[2], ouvrage tiré d'une histoire vraie, à la forme très influencée par les recherches du Nouveau roman et qui mêle cinq récits, chacun correspondant à une typographie différente basée sur les cinq sens respectifs : une lecture linéaire impossible, a priori, mais hantée par cette idée que la parole nous échappe, ne nous appartient pas, que le sens s'anéantit et se reproduit à chaque fois entre les variations des mots. Mais c’est surtout pour son journal intime qu’il est reconnu par la critique spécialisée, journal dont la publication n'est pas encore achevée (trois mille pages à ce jour) ; elle débute en 2005 avec la parution du premier volume, Vide alentour, Journal 2002 (éditions Bénévent), préfacé par le poète péruvien Luis Fernando Jara, puis du second, Le Beau Danube bleu, Journal 2003. Ces éditions font de lui le plus jeune écrivain de langue française à publier un journal intime de son vivant. Le journal de Mathieu François du Bertrand est caractérisé par une écriture poétique, jalonnée d’images, généralement de photographies de l’auteur, dont le but serait l’imbrication la plus fidèle possible entre la littérature et l’existence, entre la matière que l'on sculpte et la personne que l'on est, d’où la nécessité de rendre compte de « tout ce que le regard voit, de tout ce que le regard peut voir » (lectures, critiques de films, d’opéras, de concerts, de récits de voyage, d’amours, de ciels, de musées…). A travers son attachement à ce genre littéraire, l'auteur revendique sa conception d'un art total, entier, qui ne soutient aucun relâchement, aucune faille, dans l'exposition de son discours. A partir de là, son travail peut se parcourir comme une tentative d'exploration de la finitude, traversé par une certaine hantise de l'éphémère.

Par son style l’œuvre globale devient un sanctuaire, elle s'inscrit comme une orchestration des signes que laissent le temps et la mémoire, d’où cette position intermédiaire de l’auteur entre poésie et philosophie ; en lui l’amour de la présence nourrit une contemplation pathétique de tout ce qui fuit et se dégrade, étant promis à la perte : visages, silences, désirs, paysages... Les personnages de ses œuvres montrent des êtres raffinés et passionnés à la recherche de la beauté, confrontés à des tragédies où se joue souvent l'idée d'un monde aimé mais qui doit se finir. En mélangeant les références modernes (de Nietzsche à Marcel Proust, de la musique baroque à Ignace de Loyola, de Richard Wagner à la peinture espagnole du Siècle d'Or) et les références contemporaines (du cinéma de Tarkovski ou de Luchino Visconti à la musique de Tristan Murail), Mathieu François du Bertrand s'attache à construire une œuvre sensible et abondante dont la tension dramatique, la sensualité obsédante, l'érudition amoureuse et détachée, témoignent de ses propres rapports à la société actuelle.

Ses recherches[3] sur Pierre Frayssinet débouchent à la publication d’un autre roman, L'Or des saisons (éditions Jean-Paul Bayol, 2008), qui retrace les dernières années de la vie du poète. Son œuvre est souvent saluée par la presse, et il reçoit en 2005 un prix attribué par la Société des poètes et artistes de France. L'auteur participe également à la rédaction d’articles pour des revues et des dictionnaires. Il a voyagé en Belgique, en Grèce, en Angleterre, en Italie et surtout en Espagne, où il a habité un an, dans la région de Valence. Mathieu François du Bertrand apparaît également sous le faux nom de Mathieu de Zélicourt dans le roman[4] de Mathieu Fortunio, Peur de vivre, qui dresse un portrait de lui et de son œuvre. En parallèle de ses activités littéraires, il est aussi scénariste.

Il vit à Paris.

Œuvres

Prix

Notes et références

  1. Le Vrai Nom des stars
  2. François du Bertrand est le nom de famille de sa mère.
  3. Présentation de l'éditeur
  4. Editions Jean-Paul Bayol, pages 54 à 56.

Citations

  • « Il y a dans la beauté ce sentiment qui dit qu'on voit pour la première fois, et que tout ce que nous avons traversé, tout ce que nous avons appris, c'est à ce moment qu'il faut le saisir, c'est-à-dire le retrouver, et l'éprouver comme une limite au fond de nous. La beauté, c'est la forme de notre propre insignifiance, de notre écoulement même, la compréhension d'un corps qui se détache de nous, et qui est nous pourtant, mais dont l'esprit ne connaît aucune durée » (L'or des saisons, éditions Jean-Paul Bayol, 2008).
  • « Tout langage est la traduction d’une durée, tout penchant celle d’une perte. Or, sans doute, je ne suis pas si innocent que cela dans le désir de tenir un Journal, et comme tout désir de repousser la mort c’est un désir irréalisable, un deuil voué à lui-même, une chose qui s’inscrit directement dans ce qu’elle est, dans le creux déjà désigné de son tombeau » (Ouverture tragique, journal, 2005).
  • « La littérature donne le sentiment qu’on est un autre à mourir, que peut-être quelque chose en nous s’est déjà terminé, que quelque chose n’a plus lieu, et qu’un lien vient de se rompre. Elle est ce tunnel noir qu’on traverse, parfois, dans le rêve peut-être, mais dans le silence aussi bien. C’est là d’ailleurs que la littérature pourrait commencer, dans l’écart. La poésie traduit ce qui va plus loin encore que la mort, car elle est cet entremêlement de signes qui justifient le langage. La poésie redonne à voir, c’est en quoi elle est la renaissance de l’œil et de sa profondeur. Elle est à elle seule cette façon de créer l’image, de la rétablir dans la mémoire et dans le geste, dans cette tentation du là-bas » (Pierre Frayssinet, un poète mort à 25 ans, Les Cahiers de la Lomagne, 2005).
  • « Il y a dans le langage une ligne qui connaît pas la mort, qui ne peut pas la connaître. Une trace qui n'est pas réduite au seul passage du Temps. On a beau être loin, on ne cesse jamais d'aimer. On a beau être seul, on n'arrête pas de sourire. On a beau être silencieux, le langage est toujours là ; il tient à l'origine et vaut à lui seul la naissance. Il est la mesure incompréhensible qui redonne au Temps sa signification, sa beauté même, souvent sa mémoire. Il est ce qui reste d'unique devant notre impossibilité à dire et à voir entièrement le monde. Il est ce qu'il y a de seul, d'éternellement seul, devant l'éternelle étendue des jours. Ce langage étrange, il est possible de le comparer à la nuit. » (Le Beau Danube bleu , journal, 2003).
  • « La volonté est un acte d'invention, c'est la parole qui désire : être ailleurs, toujours, et être au monde, là, ici, maintenant, dans l'inauguration constante du Temps. » (L'or des saisons, éditions Jean-Paul Bayol, 2008).

Bibliographie

  • Luis Fernando Jara, Un Miroir, un prisme, un itinéraire, préface à Vide alentour, Bénévent, 2005
  • Philippe Lejeune et Catherine Bogaert, Le journal intime : histoire et anthologie, éditions Textuel, 2006
  • André Dupuy, Dictionnaire biographique de la Lomagne, Les Cahiers de la Lomagne, 2007
  • Mathieu Fortunio, Peur de vivre, éditions Jean-Paul Bayol, 2009

Liens externes


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